Pourquoi est-ce que j'étais sortie ? N'aurai-je pas pu rester tranquillement au laboratoire ? Truc-poilu m'avait suivie, sans rien dire. Peut-être par instinct, mais je sentais bien qu'il aurait préféré ne pas être là. Les gouttes ne nous atteignaient pas, nos pas étaient sourds, faute au sable déjà empreint de la pluie. Un parapluie inutile dans ma main, replié. Pourquoi l'ai-je emporté ? Je l'ai vu sur un rocher, il était joli je l'ai emmené. Je n'en ai pas besoin mais ses motifs m'ont fait craqué. Nos pas s'arrêtèrent, mes yeux fixèrent la demoiselle. Criait-elle au secours ? Peu importe, il n'y avait que moi. Avale-choses monta sur moi pour se poser jusque dans ma capuche. Avait-il peur ? J'avançai de quelques pas, me retrouvant près d'elle pour qu'elle ne puisse qu'observer mes pieds. Je déplia le parapluie et le lui tendit, la protégeant... De la pluie -après tout, il n'y avait pas vraiment de neige ni de soleil.

« Tu vas prendre froid, comme ça. » La compassion n'était pas mon fort, je préférais enfoncer les autres que les relever. Mais celle-là elle faisait vraiment pitié. Truc-poilu s'agitait dans mon capuchon, sans que je ne lui dise rien. Je me demandais quelle genre de créature elle pouvait être. Peut-être valait-il mieux ne pas savoir, mais ça m'intriguait.

Elle l'agrippe et le met au-dessus d'elle. Je fixai le sang qui coulait de partout, qu'est-ce que cela voulait dire ? Qu'avait-elle fait, où était-elle allée se fourrer ? « Merci. » Le parapluie retombe, elle se cache avec ses mains. Que se passe-t-il avec son visage ? Je poussa un soupir ; un parapluie ça sert avant tout à se protéger de la pluie, pas à faire joli par terre. Peut-être était-ce pour ça que je l'avais ramassé, finalement. « Pourquoi n'es-tu pas partie ? Pourquoi restes-tu ici? »

Parce que je n'avais aucune raison de partie. C'était la seule explication. Enfin non, elle m'intriguait. Mais ça, je n'allais surtout pas lui dire. J'avais trop d'orgueil pour laisser ne serait que transparaître le peu de compassion que j'avais. « Et pourquoi je devrais partir ? » Mon regard part sur le côté, fixant Avale-choses qui se repointe sur mon épaule. Il n'avait plus peur, finalement ? Il descendit en s'agrippant à ma manche et arriva près de la jeune femme. Il leva la tête vers la sienne, fixant son visage de ses grands yeux. Il revint vers moi et remontai sur mon épaule, me grattant doucement la joue avec ses griffes. « Ce genre de choses... Ne m'effraient plus depuis bien longtemps. »

Il y avait un problème que je n'arrivais pas à discerner. Elle avait un sérieux handicap qui se trouvait être... son physique ? Je soupirai, j'avais jamais fait tout un plat pour un visage défiguré et mon complexe de planche à pain.. Elle avait sûrement été habituée à autre chose. Il était clair que sa laideur n'était pas naturelle. Je comprenais pourquoi Avale-choses se sentit mieux en comprenant la situation. Après tout, n'était-il pas pareil ? « Comment peut-on être si insensible à... ça ? » "ça" ? Parlait-elle de ses blessures ou d'elle-même ? Dans un cas ou dans un autre, elle puait la dévalorisation à plein nez. J'aimais ça. Au moins elle n'aurait pas droit à mes crises de pseudo-jalousie.. Le sang coulait à nouveau, cela ne lui faisait pas mal ? Elle semblait juste d'un détachement absolu, comme si le sang ne pouvait que me gêner moi, qu'elle n'en aurait rien à faire qu'elle se fasse une hémorragie totale.

« Oups. » Oups, tout ce qu'elle avait trouvé à dire en se voyant dans cet état. Avait-elle l'habitude ? Je soupirai et fixa son don en oeuvre. Il ressemblait presque au mien... Mais qu'elle ne se protège pas de la pluie m'étonnait. Elle pouvait... contrôler le sang ? Ou était-ce de la télékinésie ? Je penchai la tête et fixa les mouvements de son sang. « Hm... Et c'est comme ça tout le temps ? » J'haussai les sourcils, un bref sentiment de compassion me venant, repartant aussitôt. « C'est pas comme si c'était normal de transporter son sang en dehors de nous et ce, sans le toucher, si ? »

Avale-chose gigotait dans tous les sens, commençait à jouer dans la pluie, se trempant de boue et d'eau sans même se soucier de son état futur. Après tout, il avait bien raison. J'aimais bien le voir ainsi, courir et s'amuser sans un besoin quelconque, ça me rappelait qu'on pouvait tous être enfants, après tout. « Parce qu'une personne qui peut soumettre les autres à sa volonté ou entendre leurs pensées les plus intimes et secrètes c'est normal? Y a-t-il seulement une chose de normale en notre monde? » Elle marquait un point. Je restai cependant perplexe; si la normalité, ce sont des choses dans les normes donc dans ce qui est habituel, tout ce monde est normal. Mais elle, elle ne l'était pas. Elle avait quelque chose, défigurée, semblait même triste ou était-ce de la honte ? Elle n'allait pas bien, de toutes manières. Et qu'elle soit aussi amochée, ça, ce n'était pas normal.

« Et une personne qui ne se fait pas toucher par la pluie, c'est normal? Qu'est-ce qui est normal, exactement? » Si la normalité est synonyme de banalité alors tout est banal puisque plus personne ne s'étonne de rien. Mais là j'étais étonnée de voir une personne aussi laide. « Les choses normales sont les choses du quotidien. Que tu vois tous les jours, qui ne t'étonnent plus. » Elle m'avait arraché un sourire, qui ne resta pas bien longtemps. « Et voir des personnes comme toi, aussi torturée physiquement comme mentalement, je me dis que ce n'est pas très normal. »

{ Un cauchemar comme les autres } @Parc Enfantin Prudence&Oxymore

❝ J'hausse les sourcils, penche la tête. Elle devenait presque chiante à se plaindre et à se lamenter toutes les deux phrases. Sa soi-disant monstruosité me fatiguait et ses phrases presque belles étaient pires. Mais soit. Je soupirai et écoutai d'une seule oreille en fixant plus loin des ombres jouer un jeu de va et viens... Oh merde. Je pris le bras de la fille et l'emmena plus loin avec mon parapluie. ❝ Désolée je... ❞ Pourquoi s'excusait-elle encore ? Elle en avait pas marre de s'excuser et de déprimer ? Même moche, on peut être heureux. Y'a qu'à prendre exemple sur Avales-choses. Cette réflexion m'arracha un rire moqueur que la bestiole remarqua directement, me fusillant du regard. Ok. J'arrête. ❝ Je... je m'appelle Oxymore. ❞ Oxymore. Quel nom bien étrange. Je plissai les yeux et leva le visage au ciel, la pluie ruisselant sur mes joues et mon front, chacune faisant un bruit sourd dans toute l'averse qui s'abattait sur nous. J'avais oublié cette sensation de la pluie sur ma peau. Mon pouvoir m'avait fait échapper à des soirs bien mouillés. Je souris et laissa les gouttes passer jusque dans mes cheveux. Ça me faisait du bien. ❝ Moi c'est Prudence. ❞ Je remis mon don en route et la fixa, de mes yeux violets, détaillant chacun de ses traits. Qui es-tu au fond ? Qu'est-ce qui est arrivé au visage qui est le tien ? Tu es laide mais comme beaucoup d'autres. Tu bases ta vie sur ta beauté, tu es bien triste, misérable mortelle. ❝ Et qu'est-ce que tu venais faire sous la pluie dans un Parc, dis-moi ? ❞ #pv Oxymore

{ Un cauchemar comme les autres } @Parc Enfantin Prudence&Oxymore

❝ Ses gestes sont hésitants, son regard passe ici et là sans trouver aucun repère. Qui est-elle ? Que voulait-elle ? Cette fille était un mystère, une énigme à elle toute seule. Depuis mon arrivée dans ce parc, je n'avais fait que la détailler, de haut en bas, d'avant en arrière et pourtant je n'avais encore rien compris. Peut-être qu'elle ne comprenait pas elle-même, après tout ? Je cherche à trouver ses pupilles qui se perdent, je ne les trouve pas. Que faisait-elle ici ? ❝ Je dansais. ❞ Danser. Sous la pluie. Un instant je croyais qu'elle riait de moi, de ma naïveté. Je ne la comprenais pas, ça m'énervait. Pourtant, elle avait l'air sérieuse, était-elle sincèrement là pour danser ? Son énigme me prenait la tête, m'encombrait l'esprit, en point d'en avoir mal au crâne. Je poussai un soupire de mécontentement, décidément, les mystères, c'était pas mon truc. ❝ .. Tu.. Dansais... ? ❞ Un sourcil levé, la tête penchée, je fixai alors Avale-choses qui remontait jusque dans mon capuchon, pour se protéger de la pluie qui avait à nouveau cessé de m'atteindre. J'en avais plus qu'assez de me prendre la tête. Je n'étais pas restée longtemps et déjà je m'embrouillais. Je lui fis ainsi un petit signe de la tête, un signe d'au revoir.. ❝ Soit. Tu peux garder le parapluie.. Avale-choses et moi te souhaitons une bonne soirée. ❞ Je partis vers le laboratoire d'Isaac, sans plus me soucier de quoi que ce soit. Je pris une bouffée d'air, calmant mes pauvres neurones déjà fatigués... Oxymore. Un jour peut-être tu brilleras. #pv Oxymore