Scrap ouvrit les yeux, une nouvelle journée commençait. Ou une nuit ? Aaaah elle avait mal au crâne. Elle se leva et remarqua alors qu'elle s'était endormie sur son fauteuil dans son atelier. Elle grommela un juron et se massa le crâne en regardant autour de son lit improvisé. Plusieurs bouteilles de bière et pas mal de mégot de clope. Seul deux options étaient possible, elle avait bu avec quelqu'un qui en ce moment était déjà parti ou squattait quelque part chez elle, ou alors elle avait bu seule, ce qui lui paraissait tout aussi probable, voir même plus probable vu l'emplacement des bouteilles. Non cette femme n'est vraiment pas alcoolique de base, elle aime la bière certes mais  ça ne se limite qu'au plaisir de boire une boisson fraîche, tout comme un verre de vin au resto. Sa seule et unique raison de boire était sans doute son frère décédé. Le deuil était fais depuis un moment, mais il lui arrivait parfois, un soir de solitude par exemple, de faire un mini rechute dépressive et de se morfondre sur son fauteuil. Ça lui était déjà arrivé deux fois sur Terre et ce n'était pas vraiment ce qu'elle préférait au monde.
Enfin, elle se débrouille toujours ! Après s'être étirée, elle remarqua qu'elle était en sous vêtements. Sérieusement l'cerveau ? Tu me dessapes quand je suis bourrée ? Ben je ferai gaffe de rester sobre moi putain … Histoire de se remettre d'aplomb elle monta prendre une bonne douche longue et revigorante, prit un petit déjeuné gargantuesque digne de la reine d’Angleterre en y ajoutant un médoc pour la tête, et enfila sa tenue de travail. Elle n'avait pas de rendez-vous aujourd'hui, et pourrait en profiter pour ranger un peu son antre démoniaque. Avant d'ouvrir elle bazarda toutes les bouteilles et déchets, pour qu'au moins si elle avait une sale tête de bourrée on puisse pas la prendre en flag. Néanmoins elle ne rangea pas le reste, donc les boulons, les vis, les outils sur le sol, une flaque d'huile éternelle à l'endroit où elle réparait les gros mécanisme, et toujours quelques boites de nourriture pas terminée qui seraient vide en fin de journée, comme d'hab quoi. Un atelier dans de parfaites conditions pour elle.

Il ne manquait plus que la mécano dedans, et elle était bien prête à faire son boulot. Mais avant tout traçage d'un trait ou un resserrage quelconque de boulon, elle monta les escaliers quatre à quatre pour prendre Rusted avec elle. Elle le prenait de plus en plus souvent, et ses couleurs étaient de moins en moins terne, ce qui signifiait qu'il s'habituait à son environnement et perdait son appréhension ! Comme c'était cool. Elle redescendit à son lieu de travail et ouvrit la grande porte  de garage pour laisse entrer la lumière après avoir déverrouillé les deux portes d'entrée. Puis, elle posa son royal fessier sur son tabouret, dont le cuir était un peu déchiré, mais il était toujours aussi confortable, et laissa Rusted se poser sur son bureau, il ne bougeait pas trop mais un de ses yeux étaient rivés sur une mouche. La jeune femme sourit et entreprit de faire un plan d'avion. Car peut-être qu'elle n'aurait plus jamais la chance d'en fixer un, et sa seule consolation était d'en faire un plan. Elle s'y appliqua un bon bout de temps et finit une première partie. Elle posa son crayon et s'étira.
Se sentant beaucoup mieux qu'une heure auparavant, car le médicament faisait effet et qu'elle avait un peu bougé, elle entama de se glisser sous le gros moteur de elle-ne-savait quel véhicule pour lui refaire une santé. Il n'avait pas de gros problèmes, mais besoin d'une révision complète car selon son client il « faisait un drôle de bruit », alors qu'en le testant, Scrap n'avait rien entendu qui lui paraissait anormal. Mais bon, elle faisait tout de même quelques soudures là où ça semblait nécessaire, car après tout, c'est la reine de la démerde. Donc elle était là, ses lunettes de soudures sur la tronche, affichant un visage très sérieux. Entre deux soudures elle entendit la cloche de la porte sonner et sortit alors de sous le moteur, allongée sur sa planche à roulettes. Elle releva ses lunettes et se releva, s'essuyant les mains sur son bleu de travail. Son premier client de la journée était un homme, disons intéressant. La chemise ouverte, un pantalon moulant et des super bottes, tranquille comme ça, boarf, pourquoi pas, sûrement un rockeur super cool et dans l'vent. Il a les cheveux blancs, ouais une sorte de rebelle quoi. Bon, alors qu'est-ce qu'il voulait à notre poulette ? Tout en s'allumant une cigarette, elle lui demanda d'une voix un peu enrouée,  faut dire qu'elle n'avait pas parlé de la matinée.

« Salut, tu m’apportes quelque chose à huiler dans ton sac ? »

Elle posa ses deux mains sur ses hanches et lui lança un sourire comme elle les faisait si bien, sa clope posée sur ses lèvres.

© Code by Prudence

En tout cas, ce premier client, Scrap l'aimait bien, il avait l'air drôle. Ren que sa façon de s'exprimer la faisait sourire. Et peut-être que pour être de meilleure humeur il lui fallait un peu de rigolade, un sourire plus large s'afficha sur son visage et elle croisa les bras en suivant du regard le garçon qui se balada et posa son sac sans gène sur le bureau. Ouais, c'était pas un coincé lui au moins, elle allait l'aider de son mieux. Elle se dirigeait vers lui pour inspecter le contenu du sac donc, mais s'arrêta à mis chemin lorsque son super client rockeur disparu sous ses yeux. Lentement, mais il n'était plus là. Seulement pendant quelques secondes, Scrap vit son caméléon gober une mouche, et l'homme reparut. Tentant de cacher son étonnement, la mécanicienne arriva enfin devant le sac et l'ouvrit. Son visage se décomposa, sa cigarette même en tomba sur le sol. Sans rien dire ou faire quoi que ce soit, elle écouta son client.

« C'est une horloge. Enfin c'était. Mais on m'a dit que vous étiez bonne... J'aimerais pouvoir vérifier la véracité de cette information... »
« Mais elle est complètement foutue ton horloge, regarde ! »
Scrap réagit enfin et bazarda d'un coup de main tout le bordel sur son bureau, ne laissant que ses plans, une lampe, une tasse de thé et des outils de dessin, le reste atterri par terre, puis elle vida le sac et l'ordonna en quelques secondes.
« Les rouages principaux sont juste rouillés, mais presque toute la partie de droite est détruite ou très vieille. Comment elle s'est retrouvée comme ça cette pauvre horloge. Là, va carrément falloir que je t'en bricole une nouvelle. Elle se gratta la joue et s'assit sur son tabouret. Mouais, la réparer est impossible, mais je peux en faire une identique je pense, ça te tente ? »
Sans même attendre sa réponse, elle lui tendit sa main gauche, tandis qu'elle se saisissait d'un crayon de sa main droite.
« Moi c'est Scrap, ravie de te connaître, premier client d'la journée. »

Les plans de l'avion étaient toujours là, elle les rangea dans un grand tiroir, rempli d'autre plans, et entama de rapides croquis de l’horloge à son état originel. De temps à autre, elle prenait un rouage en main, l'inspectait, et refaisait un croquis rapide. Pour l'instant, elle ne faisait qu'analyser les pièces pour tenter de reproduire le mécanisme, mais la prochaine étape, c'était de jolis plans tous beaux, parfaitement sur mesure. Même sur Terre, elle n'avait pas souvent fais de plans pour une commande et elle était plutôt enthousiaste.
Un dernier trait, et son dernier dessin était terminé. Elle prit un peu de recul pour regarder ses dessins et l'horloge en morceaux l'un à côté de l'autre, ça avait l'air pas mal, même s'il faudrait retoucher. La jeune femme reposa alors son crayon et enleva ses lunettes de soudures du haut de sa tête, ce qui lui détacha les cheveux au passage. Ils dégringolèrent sur ses épaules et elle s'étira longuement. Rusted tourna un œil vers elle, puis deux, et entreprit de lui monter dessus. Elle le posa sur son épaule et leva la tête vers le propriétaire de l'horloge déglinguée, lui lançant un sourire naturel.

« Alors, marché conclu avec ces plans ? »

© Code by Prudence

Il se présenta, Requiem. Mmmh, peut-être un rockeur classique alors, bon, je ne vous cache pas que Scrap est nulle en termes musicaux, c'est tout juste si elle sait différencier une flûte d'une trompette. « Oui mais tu souffles dedans... ROH c'est pareil, m'énerve pas, tu connais tous les outils sur le bout des doigts toi peut-être ? Aller, bon vent avec ta flûte. » Voilà exactement ce qu'elle vous dirait si vous la repreniez et l'emmerdiez avec votre instrument (sounds perv to me) Elle sourit à la suite de la phrase de son interlocuteur. Décidément, super sens de l'humour celui-là.
La jeune femme sentit qu'il observait son travail par-dessus son épaule et se dit à elle-même qu'elle aurait du faire des trucs plus jolis et impressionnants pour gagner plus de confiance, avec les croquis rapides et sans gommer les erreurs, ça n'allait peut-être pas l'emballer. Roh ce qu'elle s'en voudrait de perdre un boulot comme ça, l'horloge était magnifique à l'intérieur et la fascinait. Mais heureusement pour elle, au bout d'un moment son client se redressa et lui répondit.

« Vous êtes bien plus douée qu'on ne me l'avait dit... Tout ce que vous ferez m'ira. »

Ah, ça c'était agréable à entendre. Elle reposa ses feuilles et se leva, maintenant il fallait juste régler quelques trucs rapides. Aaaaah trop cool ! Elle s'étira courtement, Rusted qui failli tomber émit un grognement de panique mais se rattrapa dans les cheveux de sa propriétaire qui fronça les sourcils et le laissa remonter sur son perchoir. Bon euh, elle devait faire quoi maintenant la mécano, euh, toute cette excitation autour de cette horloge l'avait désorientée, elle chercha dans son cerveau un instant puis se mit enfin à penser.
Elle lui demande ou pas ? Oui... non... peut-être pas quand même. C'est la tempête dans sa cervelle, le truc c'est que même si elle avait prévu de le faire un jour sur Terre, l'occasion ne s'était jamais présentée, et elle ne savait pas vraiment si c'était une bonne idée au final. Bon, elle peut toujours essayer quand même, ouais, on va voir ce que ça donne.

« Cool ! Alors bon, ça va être plus cher qu'une simple réparation du coup -dit-elle en feuilletant un carnet rempli de prix- compte entre 200 et 400 balles je pense, faudra que je te fasse un devis complet plus tard. Elle se retourna vers lui pour lui faire fasse, sa voix se fit hésitante et elle n'en avait pas l'habitude. Comme je vais mettre du temps t'as deux choix, tu rentres chez toi et je te contacte quand c'est fini ou sinon ben ya une deuxième chambre là-haut -elle pointa le plafond- faite pour les clients, le temps d'attendre. En fait ça dépend où t'es dans les landes aussi, c'est surtout si t'es très loin et que t'as la flemme de rentrer pour revenir par exemple. »

Oui voilà, bien exposé, en gros, c'est bien poulette. Elle finit sa cigarette et l'écrasa dans le cendrier qu'elle s'était improvisé dans le fond d'une bouteille de bière cassée, fixée sur son bureau. Ah, merde, elle venait d'y penser, la chambre en question était un peu remplie de cartons vides. Et plusieurs araignées avaient sûrement élu domicile dans les coins. Boarf, elle rangerai ça rapidement en pliant les cartons et les foutant quelque part ailleurs, dans son atelier peut-être tiens, pour ranger des morceaux de ferraille.
Donc elle ferrait ça en haut. Pour attendre la réponse de Requiem, elle croisa les bras derrière sa tête et plongea son regard dans le sien, affichant un air détendu.

© Code by Prudence

Et il avait bien répondu même, parfaitement ce qu'avait espéré la brunette. Avec un supplément en plus pour le déjeuner qui la ravie, elle avait toujours faim. Visiblement, le prix ne posait pas de problèmes, et de toute façon, elle ne l'avait pas encore vraiment fixé, elle ferait le devis cette nuit, avec les plans finis. Bref, elle hocha la tête.

« Ça me semble parfait, je te montre la suite de luxe du coup, aller go ! »

Elle se retourna et... trébucha dans le tabouret. Mais elle ne tomba pas, ouf. Elle lança un juron et insulta l'objet fautif, le poussant sous son bureau avec son pied gauche. Raaaah saleté de foutu truc, pensa-t-elle. Enfin bon, comme si de rien était elle emmena son client vers le haut, là où c'était encore plus cool qu'en bas. Un peu plus rangé aussi, enfin, un peu j'ai dis. Quand on arrivait des escaliers, c'était un grand salon, avec une cuisine ouverte sur la droite. Au fond à gauche se trouvait la chambre de Scrap, à droite la sale de bain, et tout de suite à gauche, en face de celle de la mécanicienne, la chambre des clients. Elle ouvrit la porte et soupira en baissant la tête. C'était l'endroit où reposait donc ses cartons et quelques objets qu'elle trouvait intéressants, ramassés, et posés ici plutôt qu'en bas. Pour l'instant, aucune lumière, les volets étaient fermés et la lampe éteinte. Scrap entra dans la pièce et ouvrit la fenêtre, puis les volets, la lumière l'éblouit un instant et elle se retourna vers Requiem.

« Tadaaa ! Je vais ranger un peu pour pas que tu dormes dans un mètre carré, mais c'est cool sinon ! 'Ttend un peu. »

Elle porta les cartons à l'extérieur et les posa près de la porte, dans le coin, ils serraient bien ici en attendant qu'elle les descende un jour à l'atelier. Puis elle dégagea les quelques trucs qu'elle avait récupéré qui traînaient sur le lit et à côté, pareil, avec les cartons. Et pour terminer le tout elle enleva  les deux ou trois toiles d'araignées abandonnées avec sa main. Toute cette agitation n'avait guère prit plus de cinq minutes. En regardant la pièce vidée de son bordel, elle dit au rockeur.

« Voilà, ça devrait être bon. Tu sais, tu peux me tutoyer hein, maintenant que tu vas dormir ici un mom... »

Elle s'arrêta en pleine phrase, ayant repéré un autre truc qui dépassait de sous la couverture du lit, faite en patchwork. C'était... un manche de guitare. D'où il venait déjà ? Scrap tira dessus et en sortit une vieille guitare acoustique, poussiéreuse et abîmée. Malgré tout, elle n'était pas trouée. Ah oui, la jeune femme l'avait trouvé dans ses premiers jours ici, et s'était dit qu'elle était vraiment cool, et que peut-être bien qu'elle pourrait apprendre à en jouer. La mécano s'assit et prit la guitare dans ses mains, maladroitement. Elle avait eu l'occasion d'en jouer un peu vers l'âge de quatorze ans, mais rapidement elle s'en était lassée, ayant d'autres choses à faire et à découvrir. Passant lentement sa main sur le côté de l'instrument, son cerveau poussa un soupire silencieux. Cette nana a beau avoir une apparence de dure et un caractère puissant, elle est très nostalgique et ses sentiments se reflètent très facilement sur son visage ou dans son attitude. Là, tout de suite, sur ce lit deux places, la jeune femme est plongée dans une petite vague de tristesse légère. Tout simplement car son petit frère faisait de la guitare, et elle vient juste de s'en souvenir. Sans la contrôler, une larme roula sur sa joue et tomba sur le vieux bois de la guitare.
Mais elle reprit rapidement conscience que quelqu'un d'autre était dans la pièce, releva la tête vers Requiem et sécha ses yeux humides. Puis elle esquissa un sourire.

« Je ne sais même pas jouer de guitare, mais j'en ai ramassé une complètement raide, c'est un peu con non ? »

Enfin, complètement raide n'était pas vraiment le mot, elle devait sûrement être encore en assez bon état, même avec une corde en moins et les autres rouillées. Il suffirait de les remplacer et de nettoyer le manche, sûrement.
Scrap ne sait plus vraiment quoi dire, en plus un mal de tête vient de s'installer dans son crâne, et merde c'est repartit. Elle espère juste qu'elle fera pas flipper son client. Ces derniers temps elle n'était pas en forme, peut-être que ne plus avoir le soutien de son meilleur ami pour encaisser la disparition de Jack lui aspirait sa bonne humeur. Mais franchement, elle espérait ne pas devenir dépressive, parce qu'elle aimait beaucoup sa petite routine et ne voudrait pas la perdre. Une seconde larme incontrôlée glissa de son œil gauche, elle la laissa descendre lentement.

© Code by Prudence

Elle pleurait pas ! Nope, si elle avait pu l'éviter elle l'aurait fais même, mais voilà, cœur trop sensible, trop blessé, alors il pisse des larmes, si ça c'est pas poétique. Et Scrap elle a pas envie de les enlever, ses larmes, parce qu'elle a compris qu'elles reviendraient vite, elle les laisse sécher. Mais cette-fois, bah elle sécheront pas. C'est le grand blond qui va dégager cette connerie de sa joue. Scrap ne s'y attendait pas, pourtant elle l'avait bien vu s'accroupir devant elle. Puis il lui sourit, d'une toute autre manière. Ce sourire agit comme un pansement pour son cœur, à la poulette, ça irait mieux maintenant. Un sourire qui voulait dire « arrête de pleurer et laisse-moi faire » enfin, elle l'avait compris comme ça en tout cas. D'ailleurs elle ne fit plus rien et le regarda prendre la guitare de ses mains, s'asseoir, poser l’instrument sur sa jambe, le caresser, l'accorder. Il devait être dans son petit monde, exactement lorsque Scrap crée un mécanisme de toutes pièces avec ses petites mains. Ne portant ses pensées que sur ce que l'on est entrain de faire, et pas sur ce qui nous entoure. Mais comme elle, il se rendit rapidement compte à nouveau qu'une autre personne était là, tout près. Il lui dit alors que d'avoir ramassé cette guitare, c'était pas con, au contraire. Qu'elle devait avoir une âme ou un truc dans le genre, mais ptet bien que Scrap pouvait pas la percevoir. Et aussi, qu'elle n'était pas foutue et qu'on pouvait toujours la remettre à neuf. Pour le dernière point, elle hocha la tête, montrant qu'elle avait compris et qu'elle goûterait bien aux services de cette colocataire. Mais au reste, elle ne trouvait rien à répondre. Elle se contentait de l'écouter, la tête posée sur ses paumes, un léger sourire d'intérêt se dessinant sur ses lèvres. Et aussi un peu un sourire de « je l'savais ! », parce qu'il était bien un rockeur, et que ça faisait rire la poulette, sans raison finalement, juste comme ça.
Il y eut un silence, mais pas un silence gênant un silence d'attente. De toute façon, il ne dura pas longtemps, et pouf, il faisait danser ses doigts sur les cinq cordes de la guitare, et chantait par dessus. En français. Scrap n'avait jamais été bonne en français, même en habitant six mois en France lors d'un voyage linguistique. Oh, elle savait bien quelques trucs, mais c'est tout. Bref. Elle l'écouta, jusqu'à la fin, sans vraiment comprendre la chanson, elle l'avait quand même énormément apprécié.
Elle s'assied devant lui et prit sa main droite, puis baissa la tête pour croiser son regard, une lueur remplie de gratitude dans ses prunelles. Elle ne lui dit qu'un seul mot. Dans un français qu'elle ne maîtrisait pas, et qu'elle n'avait pas parlé depuis des années, rempli de son accent londonien plus que présent. « Merci. » allait très bien avec sa voix rouillée.

Elle ne dit rien pendant un petit moment, mais rompu le silence en se levant avec entrain, décidant de passer à autre chose. Elle releva ses manches et regarda la montre à son poignet droit. Dix heures passées. L'heure du deuxième petit-déjeuner pour Scrap. Rusted poussa son petit bruit bizarre, sorte de couinement-grognement assez drôle. La jeune femme prit le reptile dans sa main gauche et s'adressa à Requiem, la bonne humeur revenue dans sa voix et son visage.

« Bon, t'as une très belle voix je l'avoue, mais on chiale pas devant la clientèle. J'te propose de poser cette guitare, et moi j'vais préparer un truc à manger. Parce que j'ai faim, j'ai toujours faim, et que manger c'est fun. Aller go ! »

Oui, manger c'est fun. Enfin, seulement quand c'est bon. Scrap sortit de la chambre d'amis et se dirigea vers sa cuisine, posant son caméléon dans son vivarium au passage. Un grand vivarium sans vitre au-dessus, qui longeait le mur de la cage d'escaliers à la porte de la chambre pour Requiem. Elle s'était dis que sa bestiole aurait besoin d'espace, et ptet même qu'un jour il aurait une copine, alors pourquoi ne pas prévoir plus de place ? Enfin bon, la cuisine était la destination. Munie de beaucoup de plans de travail, elle était spacieuse et complètement ouverte sur le salon. C'était aussi le seul endroit vraiment rangé de tout l'appartement, car Scrap n'arrivait pas à cuisiner dans le bordel. Alors que paradoxalement, planter des clous dans un atelier rempli de saletés et de conneries ne la gênait absolument pas.
Un long bar / plan de travail faisait office de « barrière ». Scrap voulait se faire un sandwich avec le pain au maïs qu'elle avait fait la veille. Elle sortit une des trois miches, l'ouvrit en deux et la garnit de tout un assortiment de bonnes choses fraîches. Du fromage de chèvre frais, de la tapenade, de la salade roquette, d'la moutarde et d'autres trucs ayant bon goût. De chaque côté du bar se trouvaient deux tabourets, elle s'installa côté cuisine, posant ses fesses sur le premier siège rond et ses pieds sur le deuxième.
Avidement, elle prit une bouchée de son sandwich triple deluxe et tourna la tête vers la grande perche blonde pour lui dire.

« Alors, explique-moi comment tu t'es dis « j'vais prendre cette vieille horloge défoncée jusq'au trognon, ptet qu'elle marche encore ! Ah non, bon, mécano ! » ! Haha. » dans sa phrase, rien de méchant, elle voulait simplement détendre l'atmosphère. Ayant presque oublié, elle reprit avant qu'il ne réponde. « Oh et surtout, si t'as faim hésite pas, je te préparerais un truc ! »
Et elle reprit une bouchée de son casse-dalle.

© Code by Prudence

Requiem mit un temps à répondre. Un peu comme s'il hésitait à lui avouer pourquoi il avait prit cette horloge pourrie avec lui, ou peut-être n'osait-il pas lui dire qu'il l'avait lui-même détruite. Ça serait un peu abusé quand même. L'air légèrement gêné, il lui répondit finalement qu'il ne savait pas trop pourquoi il l'avait prise, qu'il l'avait ramené et qu'elle était tombée en pièces, avant de venir la voir. La mécanicienne aurait bien répondu mais elle devait d'abord avaler le morceau de sandwich dans sa bouche. Mais au final, elle n'eut rien à dire, car le ventre du rockeur émit de petits gargouillis, son que Scrap connaissait bien. Il l'informa qu'il n'avait rien mangé ce matin, elle écarquilla les yeux. Pour elle, lui dire que l'on avait rien mangé c'était comme lui dire qu'on avait jamais mangé. Elle se calma et lui renvoya son clin d’œil, mais sans rien dire elle retourna rapidement sur ses pieds, prit son casse-dalle dans sa main droite et cuisina un parfait petit déjeuner british de sa main gauche. Une poêle, des œufs, du bacon, poivre, sel, deux saucisses et des haricots blancs en sauce, elle n'oublia rien, pas même le grand bol de thé qu'elle déposa sur le bar, du côté de Requiem qui, elle l'espérait, attendait son repas. Elle sortit à la fin une fourchette et un couteau qu'elle posa sur le coin de l'assiette du blondinet, et de sa propre assiette.
Car oui, maintenant qu'elle avait terminé son gargantuesque sandwich, elle s'était dressé en même temps une assiette identique à celle de son client, enfin, invité maintenant. Faisant tourner sa fourchette entre ses doigts, elle piqua dans une tranche de bacon innocente qui n'avait rien demandé et la fit disparaître pour toujours dans son estomac.

« Bon appétit monsieur le guitariste ! »

Après quelques autres fourchetées elle s’assied en tailleur et fit une pause, elle avait bien envie de faire plus ample connaissance avec le mec qu'elle allait héberger quelques jours. D'où venait-il ? Non, d'abord, est-ce qu'il venait de Terre, si oui, comment avait-il réussi à s'intégrer, si non, comment ça faisait de voir des gens d'une autre planète arriver ? Elle ne savait pas par quel question démarrer et ne voulait pas non plus en poser plein à la suite, ça fait un peu interrogatoire, surtout si elle ne répondait pas en retour. Mais elle avait l'impression que si elle répondait sans qu'il lui demande elle serait plutôt ennuyante. Scrap déteste les personnes commes ça, qui racontent tous leurs instants au premier venu, mais en même-temps elle aime tellement faire connaissance avec d'autres personnes qu'elle aime bien raconter ce qui lui ai arriver... Enfin bref, elle est un peu perdue pour ce qui est des relations humaines, comme d'habitude quoi. Boarf, aller, on se lance, on verra bien. Elle s'accouda au bar et posa sa fourchette sur le côté.

« Pour parler d'autre chose, hum... par où commencer, ah, c'est quoi ton pouvoir ? »

Elle se demandait ce qu'il pouvait bien être capable de faire, si c'était plus utile que son propre pouvoir, si c'était dangereux ou amusant, et oui, Scrapouille est un peu curieuse aussi, sur les nouvelles connaissances en tout cas. Comment ça vous aviez remarqué ? Pff, n'importe quoi, je vous apprend tout ! Vous ne devinez rien, haha.
En tout cas, elle était entrain de se dire que vivre avec quelqu'un d'autre sous son toit allait lui changer un peu sa routine, ça lui rappellerait son appartement à Londres, sûrement. Son chien, son copain, haha, l'adultère pour venir ici.

HRP: pff, c'est nul ce que j'ai écris ;-; en plus ça fait longtemps que t'attends et tout, grrrr, des fois, chui un peu nulle.

© Code by Prudence