Elle s'intéresse à ce que nous faisions ? J'avais simplement envie de lui répondre que nous étions des chasseurs qui aimeraient agrandir leur tableau de chasse. Elle était médecin, et soignait les autres, l'autre était facteur, et moi je faisais tâche au milieu des deux. Les yeux toujours rivé sur le paysage qui défilait, je réfléchissais à comment éviter de passer pour un pouilleux de vagabond. Non pas que j'en avais honte, mais il y avait toujours une façon de parler qui mettrait ce terme négatif en valeur. J'allais de maison en maison, me faisait entretenir par les demoiselles qui m'accueillaient dans leur lit ? Non, ça fait gigolos comme ça... « Je voyage un peu partout, sans vraiment m'arrêter quelque part, même si mon domicile officiel est dans les landes. » lâchais-je, sans détourner mon regard du paysage. Hop, j'avais poser ma carte je passais mon tour. Joker.

Un silence s'installa, et seule la toux de la demoiselle le brisa. Une tâche rouge apparu sur son mouchoir. Certainement du sang, absorbé par le tissu qu'Isil tenait dans ses mains. L'ailé posa une main sur l'épaule de la jeune-fille, il sembla s'inquiéter pour elle. Un murmure que je n'entendis pas. Je poussais un léger soupire, avant de me lever. « Je m'en vais vous chercher un verre d'eau. Hermès, veille à ce qu'elle ne s'envole pas. » lâchais-je.

Je pose mon regard sur la main qui vient de me retenir, puis sur le visage d'Isil. « Pourquoi tu continues à faire ça ? Alors qu'ils ne te remercient pas et que tu te pourris la santé pour eux. Où est l'intérêt ? » lança Hermès, surement dans la même incompréhension que moi. Et pourtant, l'ailé avait raison. Pourquoi continuait-elle à se pourrir la santé pour des abrutis pareils ? Était-elle naïve ou stupide à se point ? Ou bien était-ce autre chose... Je me réinstallais en face des deux autre, poussant un soupire las. « Il n'a pas tort. » dis-je sur un ton neutre.

Hermès s'était levé, et commençait à faire des rond, tel un animal sauvage enfermé depuis trop longtemps dans une cage. Il questionna Isil, et demanda ce que j'allais moi même lui dire. Fragile, et surtout compliquée. Je soupire. Au fond, il en fallait du courage pour soigner les autres alors qu'on savait pertinemment que ça nous tuera un jour où l'autre. « Hermès, elle n'a peut-être pas envie d'en parler. Je suis du même avis que toi, mais c'est sa vie, pas la notre... » soufflais-je. Je posais à nouveau mon regard sur la demoiselle, attendant une quelconque réaction de sa part.

Le train est secoué, le crissement des freins de se fait entendre. Il s'arrête, les portes s'ouvre, Hermès s'en va. « Hermès, pas de soucis. On verra ça une autre fois. » Je suis arrivé aussi, je lance un regard à la demoiselle avant de me lever. Avant de sortir, je me tourne vers elle, un grand sourire sur les lèvres. « Ce fut un plaisir de te rencontrer, Isil. J'espère pouvoir te revoir, sachant que ça ne voudra pas forcément dire que je suis blessé ou malade. » J'espèrais vraiment la revoir. Elle était vraiment mignonne, et donnait envie de la protéger dès qu'on la voyait. Son air fragile, les rougeurs qui prenaient facilement place sur ses joues... Je me devait de la revoir. Je posais mon pied à l'extérieur du train, et retrouvais le brouhaha de la foule. Mains dans les poches, je quittais tranquillement la gare, heureux d'avoir fait de telles rencontres.