Pour une fois, j’avais décidé de prendre le train. Je n’aimais pas tellement ce transport, il n’y avait aucun moyen de profiter du paysage qui défilait à une vitesse folle derrière la vitre du compartiment. Je poussais un soupire, las. Les seules personnes féminines n’étaient qu’enfants ou grand-mère. Aucune jeune fille dans la fleur de l’âge n’était présente, et c’est ce qui rendait le voyage encore plus ennuyeux que ce qu’il aurait été. Les passagers râlaient chacun leur tours, et c’était tellement puéril Râler pour une plume dans l’œil, qu’est-ce qu’ils avaient donc.. ? Un oiseau était entré dans le train, et alors ? Je tournais mon regard vers l’allée, essayant de comprendre pourquoi ces protestations désagréables ne s’arrêtaient pas. Au milieu des sièges, debout et essayant d’avancer sans déranger le monde autour, il y avait un homme avec de grandes ailes blanches. Wuuut ? Je le regardais mettre un pied devant l’autre, essayant de savoir ce qu’il faisait dans un train alors qu’il pouvait voler…

Je le vois qu’il me fixe, et semble limite m’analyser du regard. Je n’aime pas ça. Qui est-ce qu’il est ? Et surtout, pourquoi s’avance-t-il vers moi ? Oh mon dieu, je le sens mal. Il s’arrête devant moi, tend sa main avant de prendre la parole. « Salutation. » souffla-t-il, avec un léger sourire déployé sur ses lèvres. Je fixais quelques secondes sa main avant de la prendre dans la mienne pour la serrer. « Yo ! » lâchais-je en lui adressant un sourire un mon tour.

Il posa ses fesses sur le banc à côté de moi, faisant attention avec ses grandes ailes. Il est vrai qu’elle tenait de la place. « Hermès. » annonça-t-il, comme s’il jouait à la coinche. J’esquissais un sourire, j’aimais se comportement, il m’arrivait de me comporter de cette façon parfois. Il semblait plus du genre, bonne éducation, comme la noblesse dans mes cours d’histoire. Comme s’il était le Roi. Mais moi, j’étais le fou, celui qui amusait la galerie. J’étais le Joker. « Firiel. » annonçais-je comme si c’était une annonce pour tous ceux qui nous entouraient. J’arborais toujours un grand sourire, attendant la prochaine annonce.

Je remarque qu’il m’analyse de nouveau. Le regard fixé sur moi, qui monte, descend, comme un scanner qui me numériserait. « Calcifer ? » l’entendis-je demander. J’acquiesçais d’un signe de tête. Il était bon, même plus. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un de ce niveau pour ce genre de jeux. A mon tour, je posais mon regard sur l’homme ailé. Pas besoin d’aller chercher bien loin. Il n’était pas des landes, la vallée du vent et les noiraudes n’aurait jamais convenu à un homme avec un tel soin apparent, avec ses ailes si bien entretenues, et quelques gestes qui avaient attirés mon attention. « Yubaba, sujet des Trafalgar ? » tentais-je, même si cela me paraissait évidement.

« Je n'y ai que ma piaule. » lança-t-il. D'accord, j'avais eu un raté sur ce coup là, mais on ne peut pas être le meilleur à tout les coups. Maintenant, on le savait tout les deux. La partie allait être plus tendue. « Et dans la vie ? » demanda l'ailé. Dans la vie, c'était vaste. Je faisais beaucoup de choses, et en même je ne faisais rien. Il attaquait fort cette fois. « Vagabond, charmeur a mes heures perdues. » répondis-je en lui adressant un clin d’œil. Je savais qu'un moment ou un autre, il attendait à ce que j'exprime cette partie de ma personnalité. De toute manière, il fallait que je joue, c'était à mon tour. « Entre les royaumes ? » lâchais-je, certain que j'aurais une réponse qui me surprendrait.

Il allait répondre, et je le savais, j'allais être surpris. Cependant, aucun mot ne sorti de sa bouche, et à cet instant, ça réponse n'importait plus énormément. Le claquement de la porte de notre wagon attira mon attention. Une demoiselle venait d'entrer, belle et aussi fragile qu'une fleur, sa mèche de cheveux rouge contrastant avec les couleurs pâles qu'elle arborait. Remarquant que la jeune fille s'installait non loin de nous deux, Hermès m'adressa un clin d’œil que je lui renvoyais à mon tour. J'allais me lever, quand je la vit nous regarder du coin de l’œil, et rougir comme une pivoine. Une émotive, et je pense que le jeune homme à côté de moi l'avait aussi certainement remarqué. Maintenant, c'était à celui qui attaquerait en premier...

Elle fronce les sourcils quelques secondes, avant de nous adresser un sourire. Avec Hermès, nous ne détachions pas notre regard de cette demoiselle. Et cette dernière semblait hypnotisé par celui du garçon ailé. Je poussais un léger soupire, un petit sourire sur les lèvres. Il était doué, à dégager une aura pareille. Mais je n'allais pas me laisser faire. Je me levais de mon siège, et m'approchais de la demoiselle. « Pardonnez-moi, puis-je m'asseoir ? » demandais-je à la jeune femme en désignant le siège en face d'elle, lui adressant un grand sourire chaleureux.

« Tout vas bien mademoiselle ? » demanda l'ailé qui venait de s'asseoir à côté de la jeune demoiselle. Elle était rouge, et je sentais qu'elle était à la limite de tourner de l’œil. Mais il était à présent à côté d'elle, et avait un avantage remarquable. Avant que la jeune fille ne puisse répondre, je posais mon menton dans ma main, un sourire moqueur étiré sur mes lèvres. « Tu ne vois pas que cette jeune demoiselle va finir par tomber dans les pommes ? Arrête dont de la chercher, même si je dois avouer que les rougeurs sur ses pommettes lui vont à ravir. » lançais-je en adressant un léger sourire à la demoiselle qui rougit un peu plus. Je lançais un clin d’œil au jeune garçon, avant de mieux m'installer sur le siège. Une chasse à deux, ce n'est pas forcément en concurrence, il fallait savoir jouer sur plusieurs tableaux quand une proie intéresse deux chasseurs.

L'ailé repris sa main, libérant celle de demoiselle qui la ramena rapidement vers elle. Elle semblait gênée, et sa respiration commençait à se faire bruyante, ayant du mal à se calmer. Les rougeurs sur son visage ne passait pas. Je me levais, et ouvrait la petite fenêtre pour faire entrer un peu d'air dans la wagon où nous étions. Je jetais un coup d’œil légèrement inquiet à la demoiselle. Non pas que l'idée de lui faire du bouche à bouche, si elle tombait dans les pommes, me dérangeait. Mais si on pouvait éviter d'en arriver à de telle extrémité, ça ne serait pas plus mal. « Excusez-moi, j'en oublie les bonnes manières. Firiel Vothan, des landes de Calcifer. » lançais-je à la demoiselle pour me présenter, espérant qu'elle en ferait de même.

Simplement son nom, rien de plus. L'ailé semblait savoir ce qu'il faisait, et il savait comment s'y prendre. La demoiselle n'avait d'yeux pratiquement que pour lui, et je n'avais droit qu'à des coups d’œil rapides. Peut-être un peu trop fragile, et trop introvertie pour mon style de jeu. Mais la chasse ne touchait pas encore à sa fin. « Soigneur ? Tu pourrais t'occuper d'Hermès lorsqu'il rate un atterrissage alors ! » lançais-je, un grand sourire sur les lèvres. Ils vont bien finir par se mettre ensemble ces deux là !