Voilà trois semaines que je suis arrivée à Skies Kingdom. Trois semaines pendant lesquelles j'ai flâné dans les rues, à la recherche de bonnes pâtiseries ou simplement à la découverte de ce nouveau monde. Mais je sais que ça ne peut pas continuer ainsi. Puisque que je vais devoir vivre ici, j'ai intérêt à trouver rapidement un travail, ou je risque d'avoir des ennuis.
C'est dans cet objectif que je me suis mise à arpenter les rues de la ville ce matin. J'ai bien éplucher les annonces dans la gazette, mais je n'ai rien trouvé qui me corresponde. Les rares personnes que j'ai contacté ont toutes refusé ma candidature, les uns disant qu'ils n'avaient pas de travail pour moi, les autres me reprochant mon manque d'expérience. Oui, je n'ai pas beaucoup travaillé dans ma vie, mais je veux vraiment m'y mettre ! J'en suis alors venue à la conclusion que le meilleur moyen pour moi de vendre mon envie et ma motivation, c'est d'aller sur place et de discuter directement avec mes potentiels employeurs.

Seulement, fidèle à moi-même, je n'ai fait qu'errer dans les rues en rêvassant depuis que je suis partie de chez moi. Je m'en rends compte alors que je marche tranquillement dans une petite ruelle secondaire, assez éloignée du centre-ville. L'endroit semble un peu trop calme, et les bâtiments autour de moi ressemblent plus à des habitations qu'à des échoppes.

Alala, c'est tout moi ça ! Marcher sans but, la tête dans les nuages... Bon ! Je n'ai plus qu'à faire demi-tour et trouver un quartier un peu plus animé.

Alors que je rebrousse chemin, mon regard est subitement attiré par une grande enseigne, en forme de violon. Elle indique « L'étui aux Violons » et surmonte un bâtiment modeste, sans autre signe distinctif. En m'approchant légèrement, j'arrive à sentir l'odeur de sciure qui s'échappe par la porte ouverte.

Ça alors ! Je ne m'attendais pas à trouver ce genre de magasin ici... Cet endroit a l'air chouette. Je devrais tenter ma chance... Après tout, vendre des instruments de musique, ça peut être amusant... Aller, je me lance !

Motivée à bloc, je me redresse, affiche mon plus beau sourire et entre dans l'échoppe d'un air assuré.
À l'intérieur, je suis accueillie par des dizaines d'instruments à cordes, posés sommairement sur les meubles autour. L'odeur de sciure est accompagnée par une odeur de cigarette, moins plaisante certes, mais pas très marquée. Il n'y a personne. Cependant, il me semble entendre de légers bruits dans l'arrière boutique...


Je reste debout, près des violons, attendant de voir si quelqu'un va me répondre.

Aujourd'hui, j'ai décidé de me mettre au violoncelle. Pas pour en jouer j'veux dire – encore que, c'est assez proche du violon pour que je puisse probablement apprendre assez facilement – non, pour en fabriquer un.

Dans la théorie, un violoncelle c'est jamais qu'un gros violon. Dans la pratique en revanche, c'est un tout petit peu plus compliqué que ça. Le principe est le même, évidemment, mais les spécificités sont différentes. Donc je peux pas me contenter de faire simplement un "gros violon", il faut tout reprendre à la base.

Concevoir, faire des plans, préparer les pièces... J'aime bien, ça me vide la tête. Le genre de chose qui demande assez de concentration pour ne pas laisser l'occasion de penser à autre chose. Mais c'est pas la partie que je préfère. Ce que j'aime vraiment, c'est ce qui vient après. La fabrication en elle-même. Assembler le tout, avec patience et minutie, en sachant que la moindre erreur, le moindre décalage, risque de fausser le tout. Et, de rien un presque, donner vie à quelque chose. Mes instruments, c'est un peu comme mes enfants. Sauf qu'eux ils braillent pas.

Mais pour le moment, j'en suis pas encore là. Il m'a fallu quasiment la matinée pour m'en sortir avec les plans, interrompue pour un oui ou pour un non pour aller m'occuper de clients potentiels. Y en a un, je crois que j'ai réussi à le faire fuir rien qu'à le regarder. Même pas eu le temps de dire bonjour qu'il avait déjà filé. J'avoue que j'aime pas trop être dérangée, mais quand même je pense pas être si terrifiante... Au final j'ai quand même réussi à faire deux ventes, mais ça reste agaçant. Et pas des masses efficace... Enfin bon.

J'en suis à commencer à trier les pièces que je vais utiliser quand quelqu'un appelle depuis la boutique. Je laisse échapper un soupir exaspéré et me compose mon plus beau sourire de façade avant de me rendre du coté boutique. Oubliant au passage de lâcher ce que je tiens, un bout de métal assez fin d'une quarantaine de centimètres destiné à devenir la pique, sur laquelle reposera le violoncelle.

J'arrive donc avec ça en main, les cheveux en bataille, des cernes qui me mangent le visage – je dors toujours aussi mal, ces derniers temps - de la sciure plein les fringues... En fait ouais, je commence à comprendre pourquoi le type de tout à l'heure à décampé. Pour compenser, je fais l'effort de sourire et de parler d'une voix douce. Bien plus facile que tout à l'heure : c'est nettement moins agaçant d'être dérangée à ce moment là que quand je suis concentrée sur mes plans, du coup je suis d'humeur beaucoup moins massacrante. J'arrive presque à être accueillante, pour le coup. Si on oublie le long morceau de métal pointu dans ma main, évidemment. Ce qui est mon cas, par ailleurs.

- Bonjour. Je peux faire quelque chose pour vous ?

Quelques instants après mon appel, une jeune femme sort de l'arrière boutique et s'avance vers moi. Elle a les cheveux ébouriffés, les traits tirés, et les vêtements couverts de sciure. Sans doute était-elle en train de travailler sur un instrument.

C'est sans doute la gérante du magasin. Elle doit fabriquer ses instruments et les vendre elle-même. Si elle travaille vraiment toute seule ici, il se peut qu'elle ait besoin d'aide. C'est peut-être ma chance !

Elle tient également à la main une longue et fine tige de métal. Ce détail me surprend un peu et me fait perdre légèrement mon sang-froid : mon sourire a dû être moins franc que d'habitude.

Waaaa, mais c'est quoi, ce truc ? Qu'est-ce qu'elle compte en faire ?!

Malgré son air un peu las, mon interlocutrice me salue, un léger sourire sur le visage, me demandant si elle peut faire quelque chose pour moi. Reprenant mon assurance, je lui expose la raison de ma venue.


Fouillant dans mon sac à main, j'en extirpe une feuille, où j'ai noté mes quelques références.


Une fois le papier en main, je le tends à la jeune femme, toujours souriante. Je lui force peut-être un peu trop la main, mais je veux montrer à quel point j'ai envie de travailler, à quel point je suis motivée et surtout qualifiée pour ce genre de travail. Et j'ai surtout envie de trouver rapidement un emploi stable...

Je regarde la petite – enfin pas tant que ça, elle doit faire à peu près ma taille en fait, mais c'est l'impression qu'elle donne, je trouve – chose en face de moi, et je remarque son sourire vaciller un peu. C'est à ce moment là que je me rappelle le morceau de métal que j'ai toujours dans la main, que je m'empresse de reposer sur le comptoir avec un "Herm" un peu gêné.

Elle se laisse pas démonter trop longtemps par mon allure, et retrouve son assurance pour m'expliquer ce qu'elle fait là. Elle cherche un travail. De vendeuse. Dans ma boutique ? C't'une... blague ? Mais non, on dirait pas. Elle me tend même son CV, souriante. Je fixe le morceau de papier pendant plusieurs secondes, l'air de ne pas savoir ce que je suis censée en faire.

- Ah. Euh... Je vois.

Dis-je, daignant enfin attraper la feuille. Brillant d'éloquence, vraiment, bravo Melo ! Il faut dire que j'ai pas vraiment l'habitude de jouer la patronne. Pas du tout, en réalité. Mais je repense au client effarouché de ce matin, et au crétin de l'autre jour avec ces demandes irréalisables, qui a bien failli me faire un procès, ce con, heureusement que Requiem était là pour désamorcer la situation. Et à la discussion qu'on a eu, tous les deux, justement. Ce serait plutôt une bonne idée, en fin de compte.

Je fais mine de jeter un œil à son CV, mais je me contente de le survoler. Jamais vraiment crû à ces trucs là, de toute façon. C'est facile d'y raconter n'importe quoi – surtout si les employeurs de la liste sont dans un autre monde... Et puis même sans le bidonner, je trouve pas que ça veuille dire grand chose. J'en profite quand même pour attraper son nom au vol, pendant que je lui réponds.

- Eh bien pour commencer, soyez la bienvenue à Skies Kingdom miss... Smetana.

Je bute un peu dessus, peu habituée aux noms de ce genre. Russe peut-être ? Ou quelque chose du genre. Joli en tout cas. Bref, c'est pas vraiment le propos. Au moins ça m'a permis de reprendre un peu contenance, tout ça. J'avoue que ça m'est tombé dessus un peu par surprise, j'avais encore la tête dans mon violoncelle, mais là ça va mieux, je suis revenue à la situation.

Bon par contre... Comment on mène un entretien d'embauche ? J'en ai pas subi tant que ça, et jamais fait passer... Je pourrais toujours garder son CV, lui dire merci beaucoup on vous rappellera, et voir avec Requiem... Mais c'est pas une idée qui me plaît trop. D'abord, j'ai toujours détester ce genre de réponse, les rares fois où j'étais de l'autre côté. Et puis bon, faire ça au feeling, ça me paraît aussi bien. Je vais juste improviser, et on verra où ça va mener. Au pire si je m'en sors pas, je pourrai toujours lui demander de repasser.

La feuille toujours en main, je m'appuie sur le comptoir, bras croisés. Je souris, un peu plus chaleureusement – et peut-être aussi plus sincèrement – qu'avant.

- Alors dis-moi, tu t'y connais un peu en musique ?

Si ça se trouve, j'aurais eu la réponse si j'avais seulement daigné prêté réellement un peu d'attention à son CV. Mais comme j'ai dit, ça me parle pas ces trucs, je préfère qu'on ait une discussion toutes les deux, ça me paraît plus naturel. Pour le coup, j'ai laissé tomber le vouvoiement. Sans vraiment le faire exprès, d'ailleurs, mais ça aussi, ça me paraît plus naturel.

Quand je lui tends mon CV, la luthière ne bouge pas, se contentant de m'observer. Elle n'ouvre pas la bouche pendant un moment, ce qui suffit à me faire légèrement angoisser.

Mince, j'y suis peut-être aller trop franchement. Peut-être qu'elle cherche un moyen de me renvoyer poliment chez moi ? Mince, qu'est-ce que j'ai fait...

Elle bredouille à peine quelques mots, même pas une phrase, simplement pour me signaler qu'elle a bien compris ce que je lui demande. Et puis elle n'ajoute rien. Elle semble en fait un peu surprise. Peut-être qu'elle ne se retrouve pas souvent dans ce genre de situation.

Est-ce que c'est mauvais pour moi ?

Finalement, la jeune femme me prend la feuille. Je suis nettement moins tendue à présent. Pendant qu'elle lit mes -maigres- références, j'essaie de me calmer.

Si elle y jette au moins un coup d’œil, c'est qu'elle est intéressée. Enfin je suppose... sinon, elle m'aurait déjà renvoyée, non ?

Elle en profite pour me souhaiter la bienvenue. Comme c'est gentil ! Je remarque qu'elle hésite un peu avant de prononcer mon nom. Je souris un peu plus franchement. Elle n'est pas la première à être étonnée de ce nom si peu commun. Il faut dire que je n'ai pas rencontré beaucoup de personnes ayant un nom russe ou ukrainien jusqu'ici. Il semble que ce n'est pas courant à Skies Kingdom.


Elle se replonge dans la lecture de mon CV. Ou du moins en apparence. Elle semble plutôt perdue dans ses pensées. Sans doute est-elle en train d'évaluer ce que je vaux. Je patiente tranquillement, prête à répondre à n'importe quelle question. Après tout, les autres personnes que j'avais démarchées n'avaient, pour la plupart, même pas regardé mon CV avant de me renvoyer. Je pense donc que j'ai eu plus de chance ici, et je ne compte pas gâcher cette occasion !
Mon interlocutrice semble être plus détendue. Appuyée sur le meuble derrière elle, elle affiche à présent un sourire plus marqué, et finit par me demander si je m'y connais en musique.

Nous y voilà ! C'est à mon tour de jouer !

Sans cesser de sourire, je lui réponds en toute franchise.


Hum, je m'éloigne du sujet. Il faut que je me vende mieux que ça !

Je me suis un peu laissée emporter, parlant trop, comme d'habitude, mais j'espère au moins que mon petit monologue aura eu un effet positif sur mon éventuelle patronne. Sera-t-elle toujours intéressée par ma candidature, malgré mon ignorance ?

HRP:

Elle est... rafraîchissante ? Je ne trouve pas exactement le mot. C'est assez agréable en tout cas. Elle me remercie chaleureusement de lui avoir souhaité la bienvenue, sans même tiquer sur le fait que j'aie buté sur son nom. Elle dit se plaire ici, et à voir la façon dont elle l'annonce, je n'ai aucun mal à la croire. J'aimerais bien me sentir aussi à l'aise qu'elle dans ce nouveau monde... Cela dit, c'est vrai que l'endroit est sympathique en soi. Je suis sure que je m'y sentirais beaucoup mieux si j'étais pas aussi préoccupée par la disparition de ma sœur... Pas autant que la miss, cela dit. Mais ça, c'est plus une question de caractère.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est motivée ! Là où elle aurait pu me répondre en deux ou trois phrases, elle se perd un peu en digression, se lance dans un monologue pour finalement me sortir sa lettre de motivation au complet. Ça me donne envie de rire, mais j'arrive à me retenir, même si je pense que ça doit se voir au moins un peu. Mais même si c'est effectivement sa lettre de motivation qu'elle a déclamé, ça n'avait rien d'une récitation, ça avait l'air tout ce qu'il y a de sincère. Soit ça, soit c'est une fabuleuse actrice, mais après tout ça m'irait aussi. Alors quand elle termine avec un "Et tout ça avec le sourire !" parfaitement de circonstance, je ne peux pas m'empêcher de répondre, amusée :

- Je vois ça...

Elle a un petit côté rayon de soleil, que je pourrais trouver horripilant chez quelqu'un d'autre, mais qui lui va bien et que je trouve agréable. Elle parle bien, présente bien – en tout cas nettement mieux que moi, mais ça c'est pas vraiment difficile – et elle est sympathique – là encore, surtout si on compare avec moi. Si elle vend mes instruments aussi bien qu'elle se vend, j'aurai pas à m'inquiéter. Bien sûr, ça nécessiterait de la former d'abord. Mais si elle apprend aussi vite qu'elle le prétend, ça ne devrait pas prendre trop longtemps. En plus je me suis découvert des talents de prof' récemment, ça devrait bien se passer.

J'ai pas encore clairement décidé de l'engager, mais j'avoue que je suis plus que tentée. Je veux juste discuter encore un peu avec elle, pour me faire une meilleure idée et me décider pour de bon. Le problème c'est que, comme j'ai dit, les entretiens d'embauche, c'est pas vraiment mon truc. Je pourrais lui faire le classique "Et pourquoi avoir choisi notre entreprise ?", mais ce serait un coup bas. Elle a pas choisi ma boutique, et on le sait toutes les deux, elle cherche juste un boulot, n'importe lequel, et elle a probablement la matinée à démarcher tous les commerçants du coin. Du coup, je saute cette question et passe directement à une qui m'intéresse nettement plus.

- Si on commençait par voir ce que tu connais déjà ?

Il y a un bon nombre d'instruments dans la boutique, et j'ai envie de voir d'où elle part exactement. J'ose espérer qu'elle sait au moins reconnaître une guitare, mais ça m'intéresse de savoir si elle est capable d'identifier le luth en vitrine – qui n'est là que pour la blague avec le nom de mon métier, d'ailleurs ce n'est même pas moi qui l'ai fabriqué – ou faire la différence entre un violon et un alto.


Avant qu'elle n'aie le temps de commencer à répondre, un client entre dans la boutique. Il salue, je le salue un peu machinalement, il regarde les instruments en attendant poliment son tour. Et puis mon regard revient sur la petite, et mon sourire change légèrement. Peut-être un brin plus... machiavélique ? L'arrivée inopinée d'un client m'a donné une idée...

- Ou alors... On pourrait en profiter pour voir ce que ça donne en situation réelle. Je resterais à côté, et je prendrais le relais pour tout ce qui est technique, évidemment. Qu'est-ce que t'en dis ?

HRP:

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ma petite déclamation a fait son effet ! Alors qu'elle semblait plutôt morose quand je suis entrée dans la boutique, mon interlocutrice semble totalement détendue à présent, et elle a l'air de trouver mes explications plutôt drôles, si j'en crois le ton de sa réponse et le sourire sur son visage. Je vois ça comme une victoire personnelle. Beaucoup de gens trouvent que je parle trop et ils ont du mal à le supporter. Mais ça ne semble pas ête le cas de la luthière.

Tant mieux ! Si elle me trouve sympathique plutôt que barbante, ça ne peut aller qu'en ma faveur.

À la fin de mon exposé, je la vois réfléchir un peu, puis elle me propose de montrer ce que je connais déjà. J'appréhende un peu ce genre de questions, vu que mes connaissances dans ce domaine sont proches du zéro absolu, mais je fais de mon mieux pour ne rien laisser paraître. De toute façon, je lui ai déjà expliquer ma position, donc je n'ai rien à craindre de ce genre d'exercices. Enfin, je suppose...

Alors que j'allais répondre, j'entends la porte de la boutique s'ouvrir. La luthière salue le nouveau venu rapidement, et quand ses yeux reviennent sur moi, je sens que quelque chose a changé. Son sourire, son regard, tout me laisse penser qu'elle vient de trouver une idée, et je ne sais pas si cette idée va me plaire ou non.
C'est alors qu'elle m'annonce, très simplement, qu'elle voudrait me voir en situation réelle. Elle resterait à côté pour les détails techniques, bien sûr, mais elle veut que ce soit moi qui m'occupe du client. Je lui réponds sans hésiter, un sourire encore plus large sur le visage.


Je laisse mon sac dans un coin, puis me dirige vers l'homme, pleine d'assurance malgré le stress qui commence à monter en moi.

Je n'ai jamais eu une aussi belle occasion de montrer ce que je vaux. C'est pas le moment de tout faire rater !


Toute sourire, j'attends la demande de l'homme, qui semble un peu perdu, hésitant.



Je me tourne vers les rayons, cherchant les dits instruments des yeux. Je devrais pouvoir les reconnaître, je pense. J'emmène donc l'homme à travers le magasin, en prenant bien soin de ne pas me tourner vers la luthière, qui doit épier mes moindres faits et gestes. J'ai peur que, si je croise son regard, cela me déconcentre. Je préfère donc me concentrer sur l'homme, et bavarder un peu avec lui.






Je désigne les plus petits instruments, espérant que ce ne soient pas autre chose que des violons. Je me dis simplement qu'un enfant doit sûrement avoir besoin d'un violon plus petit que ceux des adultes, vu comment se tient ce genre d'instruments.


Je me recule un peu, laissant l'homme regarder par lui-même les produits. Il semble un peu plus hésitant soudainement.


Devant son indécision, j'essaie de le motiver comme je peux.


Je prends un violon au hasard, et le tends vers le client, pour qu'il puise apprécier par lui-même ce que j'essaie de lui faire comprendre.
En tout cas, c'est ce que je voulais faire, mais je me précipite un peu trop et, je ne sais trop comment, le violon finit par terre, entre le client sans voix et moi. Le bruit de sa chute se répercute dans la boutique et me glace le sang.


J'essaie de garder un ton léger tout en me baissant pour récupérer l'instrument. Mais une angoisse sourde commence à monter en moi.

J'espère que je ne l'ai pas abîmé... C'était si bien parti ! Pourquoi faut-il que ça m'arrive aujourd'hui, dans cette situation ? J'espère qu'il n'est pas cassé...

HRP:

Elle accepte ma proposition sans l'ombre d'une hésitation. Bien, elle ne se laisse pas démonter et elle n'a pas froid aux yeux, c'est plutôt pour me plaire. Je reste derrière mon comptoir pour la regarder faire. Étant donné que la boutique est loin d'être immense, même en restant là je peux arriver rapidement si jamais elle a besoin de moi. Et comme ça je lui laisse son espace. Je pense qu'elle sera plus à l'aise que si elle m'a sur les talons tout du long.

Elle s'en sort bien. C'est vrai qu'elle est douée avec les clients. Sympathique, accueillante, convaincante sans être trop insistante. Efficace, je dirais. Je m'attends à devoir lui indiquer où elle va trouver ce que cherche le client, mais non, elle décide de s'en sortir toute seule. Bon, en même temps c'est pas forcément sorcier de se dire qu'un violon en plus petit a des chances d'être pour enfant. Mais quand même, bien vu.

Elle voit qu'il hésite, donc elle décide de lui en mettre un entre les mains. C'est généralement une bonne idée, c'est plus difficile de refuser quelque chose que vous êtes en train de tenir. Bon, le violon qu'elle lui tend est pas forcément ce que j'aurais conseillé pour un gamin de son âge, mais ça c'est du technique, elle apprendra. Mais surtout, elle le tient pas tout à fait comme il... schlonk... faudrait.

Je ne peux pas m'empêcher de me crisper au moment du choc. J'ai horreur de voir des instruments malmenés, et plus encore quand c'est les miens. Pour le coup je sors de derrière mon comptoir et je vais les rejoindre. Quand la petite se relève après avoir ramassé le violon, je le lui prend des mains – un peu brusquement, j'avoue – et le pose de côté sur une étagère pour le moment. J'ai pas encore pu vérifier s'il est abîmé ou pas, mais quoi qu'il en soit, un client ne repart pas avec un instrument qu'il a vu tomber par terre. Sauf si c'était de sa faute, mais c'est une autre histoire.

- Je vais m'occuper de ça.

Je n'arrive pas à retenir complètement un regard noir vers Smetana, mais je veille à ce que le ton de ma voix reste calme. J'ai toujours dit que si un jour j'étais patronne, je n'engueulerais jamais un employé devant les clients. On m'a déjà fait le coup, je sais suffisamment bien ce que ça fait pour ne pas avoir envie de lui faire subir ça.

Je me retourne vers le client, et lui tend un quart, la taille en-dessous de celui qu'elle avait proposé.

- Pour votre fils, je pense que celui-ci conviendrait mieux. C'est un modèle basique mais solide et de bonne qualité, parfait pour les jeunes qui veulent apprendre. Et s'il est vraiment passionné, il pourra s'acheter un instrument plus sophistiqué quand il aura grandi.

Je sens que l'argument fait mouche. Je n'ai pas beaucoup de mérite, c'est la petite qui a vu en premier qu'il tiquait sur le prix. Et justement, puisqu'il a commencé par voir les plus chers, la différence de prix avec celui que je lui propose lui paraît d'autant plus intéressante. Du coup, il se décide assez vite à le prendre. Il lance quelques regards à Smetana, sans que j'arrive à déterminer s'ils sont plutôt navrés ou condescendants. J'apprécie moyen, mais je dis rien.

Je reviens au comptoir, emportant au passage le violon éclopé, le client dans mon sillage. Je l'encaisse, lui fait un paquet rapide et l'expédie prestement, mais poliment. Une fois qu'il est parti, je m'occupe de vérifier les dégâts. Il y a du jeu entre l'éclisse et le dos, mais au moins il ne s'est pas fendu. Rien de dramatique, je peux réparer sans trop mal. Sans lever les yeux, je fais signe à la petite de s'approcher. Je relève les yeux sur elle en même temps que je soulève l'instrument à deux mains, bien à plat, pour illustrer ce que je lui explique.

- Les violons, toujours à deux mains : une sous le manche, et une de l'autre côté sous le dos. Tu ne serres pas le manche, tu évites d'appuyer sur les cordes. Sauf s'il est sur le point de tomber et que tu veux le rattraper... Compris ? Et si tu casses quelque chose, tu le payes.

Bon, on peut pas dire que je lui ai parlé sur le ton le plus gentiment du monde, mais je l'ai pas vraiment engueulée non plus. Je lui en veux pas vraiment, mais disons qu'on doit sentir que je suis agacée. Un peu. Mais bon, j'y peux rien si je tiens à mes instruments... Et puis si elle veut bosser ici, autant qu'elle se fasse déjà une idée de mon caractère. Qu'elle sache dans quoi elle se lance avant de signer.

Je me penche pour ramasser le violon à terre, et en me relevant je me retrouve nez à nez avec la luthière. Je ne l'ai pas entendu approcher, je sursaute donc légèrement. Sans un mot, elle me prend l'instrument des mains, un peu brutalement, et va le mettre de côté. Elle m'indique alors qu'elle va s'occuper de la suite, d'un ton plutôt posé. Mais le regard qu'elle me lance me glace le sang, et fait complètement fondre toute trace de sourire sur mon visage. Pendant qu'elle discute avec le client, je me mets en retrait, un vide glacé au fond du ventre.

C'est pas vrai... c'est pas vrai, c'est pas vrai ! J'avais fait attention à ma présentation, à ma tenue... tout ça pour ça ? Pourquoi faut-il que je sois si maladroite ? J'étais si près du but... Enfin, je crois... Comment savoir ce qui va se passer maintenant ?

La mort dans l'âme, j'attends dans mon coin pendant que la gérante de la boutique conclut la vente. Une fois décidé, je remarque que le client lance des coups d'oeil dans ma direction. Sans chercher à savoir ce qu'il veut, je me contente de lui sourire de la façon la plus convaincante possible, mais je sens que je suis un peu plus crispée qu'avant.
Alors que la jeune femme emmène le client vers le comptoir, emportant le violon abîmé avec elle, je reste sur place, faisant mine d'observer les instruments exposés. Mais à vrai dire, je suis plutôt découragée. Je n'ai pas envie de leur montrer ce que je ressens, et je me sens incapable de feindre d'être de bonne humeur pour le moment. Je me contente donc de rester à ma place, le regard perdu sur les établis.
Quand le client sort, j'en profite pour jeter un coup d'oeil du côté de la luthière. Elle inspecte le violon abîmé, faisant sans doute l'inventaire des réparations à faire. C'est alors qu'elle me fait un petit signe de la main, mais sans lâcher l'instrument du regard. Je m'approche rapidement, en restant le plus digne et le plus calme possible.

Les yeux dans les miens, elle m'explique alors, d'un ton agacé mais pas réprobateur, comment tenir un violon, en se servant de celui qu'elle a entre les mains pour me faire une démonstration. Tandis que je l'écoute, l'espoir commence à renaître en moi.

Si elle prend le temps de m'expliquer ce genre de choses, c'est qu'elle n'en a pas encore fini avec moi. Elle aurait très bien pu me dire de partir, ça aurait été compréhensible. C'est plutôt bon signe... non ?

Elle précise également que si je casse quoique ce soit, il faudra que je le paie. Oui, ça me semble logique.


Je mets toute l'assurance que je peux dans ma réponse, mais je ne suis pas très sûre d'arriver à la tenir. Je ne peux que suivre ses indications et tout faire pour contrer ma maladresse naturelle.
Et si je veux rattraper le coup, il faut absolument que je prenne mes responsabilités dès maintenant. Je récupère donc mon sac, et commence à chercher mon porte-feuille.

Je hausse un sourcil, dubitative. Pour la maladresse, je veux bien la croire, ne serait-ce que parce qu'elle vient de m'en faire une parfaite démonstration. Sa promesse en revanche, elle a beau être bien jolie, je suis nettement moins convaincue. Je sais que ça part d'un bon, mais j'ai toujours préféré les choses claires et franches aux belles intentions. Alors je préfère mettre cartes sur tables dès maintenant. Je repose le violon, avec précaution, et je remonte la main droite au niveau de son regard, deux doigts levés.

- Règle numéro deux. Si tu fais des promesses, sois sure de pouvoir les tenir. Je veux bien te croire si tu me dis que tu feras attention, et que tu vas essayer, mais pour ce qui est de ne plus rien faire tomber, j'ai quand même de sérieux doutes. Sans vouloir t'offenser. Sauf si tu voulais dire que tu ne comptes plus remettre les pieds ici, là effectivement ça se tient. Mais ça rendrait un peu compliqué de venir travailler du coup je pense...

Je lui laisse le temps le temps de traiter ce que je viens de dire pour en tirer les conséquences, de comprends les implications, de digérer l'information. C'est vrai que j'aurais sans doute pu faire plus conventionnel, interrompre ma réplique un peu plus tôt et attendre un peu pour caser un traditionnel "vous êtes engagée". Mais, d'abord, c'aurait été beaucoup moins amusant. Et puis pas la peine de la laisser mariner une fois que j'ai pris ma décision.

Je l'ai vue à l’œuvre, j'ai pas vraiment besoin de plus, aucun intérêt de faire traîner l'entretien. Je vois pas ce que dix minutes, ou même une demi-heure pourrait m'apprendre de plus. J'en ai vu assez pour savoir que c'est une bonne vendeuse, ça me suffit. Excellente, même. Le reste viendra à l'usage, et si quelque chose ne va pas on pourra toujours en discuter. D'accord, elle est maladroite, mais je pense pas que ça en vienne à être problématique. Surtout qu'elle a l'air prête à assumer les dégâts qu'elle pourrait causer. À ce propos je remarque seulement qu'elle a toujours son porte-feuille à la main.

- Et range moi donc ça. J'en ai pour quoi... quinze minutes grand maximum, pour le réparer. Ça ira pour cette fois.

Je m'attends à ce qu'elle discute et insiste pour payer. Je la connais depuis moins d'un quart d'heure, donc difficile de juger, mais je pense bien que ça pourrait être son genre. Alors dans le doute, j'évite de lui laisser le temps de répliquer et je lui sors mon regard d'autorité-intraitable. Aucune idée d'à quoi il ressemble exactement, d'ailleurs la plupart du temps je ne le fais même pas exprès, mais jusqu'ici il m'a jamais laissé tomber.

Une fois qu'elle a obtempéré, je reprends mon sourire et reprend ma position de comptage, levant un doigt supplémentaire.

- Règle numéro 3, on se tutoie. Parce que j'arriverai jamais à te dire "vous", et que s'il y a que toi qui le fait, ça me donne l'impression d'être une vieille peau et j'aime pas ça. À la rigueur devant les clients, si tu veux, mais ce sera tout.

Je me rappelle au dernier moment qu'avec tout ça, je ne me suis toujours pas présentée, et je me dis qu'il serait peut-être temps de le faire, donc j'en profite pour enchaîner :

- Moi c'est Melody, au fait. Je ne promets pas d'arriver à prononcer ton prénom sans me tromper à tous les coups, j'espère que tu m'en voudras pas...

Malgré mes belles paroles, mon interlocutrice n'est pas dupe, elle me fait remarquer tout de suite que si je fais une promesse, il faut que je sois sûre de pouvoir la tenir. Elle m'explique en toute franchise qu'elle doute que j'arrive à tenir celle-ci. Sauf si je décide de ne plus venir ici, mais alors ça me poserait des problèmes pour venir travailler.

Ce n'est qu'après coup, pendant le silence qu'elle maintient quelques instants, que je réalise ce qu'elle vient de me dire. Elle accepte. Elle veut bien que je travaille ici, pour elle. Je suis engagée. Toute trace d'angoisse ou de stress s'envole alors, et mon air souriant revient aussi vite qu'il était parti.

Ça y est ! J'ai réussi ! J'ai trouvé un travail ! J'ai pu la convaincre, même si je ne suis pas calée en musique !

Je reviens à la réalité lorsque ma nouvelle patronne me demande de ranger '' ça '', disant que les réparations ne lui prendront pas longtemps. Je mets quelques secondes à comprendre de quoi elle parle, tellement je suis sur un petit nuage : j'ai toujours dans la main mon porte-feuille, pour rembourser les dégâts que j'ai causés.
J'allais protester, lui dire que je tiens vraiment à réparer ma bêtise, mais le regard qu'elle me lance alors fait taire toute tentative de discussion. C'est un regard qui dit clairement « ne discute pas, c'est moi qui décide, fais ce que je te dis ». Pas vraiment méchant, mais qui dissuade d'aller plus loin dans les négociations. Ne voulant pas la contrarier, je range mon argent à sa place, dans mon sac.

Elle m'énonce alors une dernière règle : je dois la tutoyer, comme elle l'a fait depuis le début en fait. Si je la vouvoyais, elle aurait l'impression d'être une '' vieille peau '' comme elle dit. Je ne peux m'empêcher de rire. Elle termine en disant qu'elle se nomme Melody, et s'excuse par avance si elle écorche mon nom. Mon sourire s'élargit encore.


Le fait de la tutoyer me fait me sentir encore mieux bizarrement. J'ai retrouvé ma bonne humeur, l'incident avec le violon semble loin derrière moi déjà. Je suis toute excitée à l'idée de travailler ici, avec elle, et ça doit se sentir rien qu'à ma façon de parler...

Je peux voir le moment exact où elle comprend le sens de mes paroles : un grand sourire réapparaît sur son visage. La première pensée qui me vient, c'est que cette fille doit être une joueuse de poker lamentable. Mais j'aime assez ce trait de sa personnalité. Et elle ne prend pas mal que je remette en question sa promesse. Je présume qu'elle a autant conscience que moi qu'elle ne pourrait pas la tenir de toute façon.

Elle obéit aussi sans discuter quand je lui dit de ranger son porte-feuille. Brave petite. Je hausse les sourcils, amusée, quand elle rit. Apparemment elle a le rire aussi facile que le sourire. Marrant. En tout cas, elle passe au tutoiement sans problème, et me donne même une alternative prononçable à son nom. Deux bonnes choses. Je sais qu'il y a des gens qui ont du mal à dire "tu", surtout à leur patronne, et très franchement j'aurais pas pu lui en vouloir si c'avait été son cas. Mais bon ça m'arrange bien que ce le soit pas. Je hoche la tête en souriant.

- Va pour Tania alors.

C'est vrai que c'est bien plus facile à dire. Et à retenir. Et puis c'est mignon. Ça lui va bien, je trouve. Elle enchaîne en me demandant quand je veux qu'elle commence. Mais en voilà une bonne question. Elle me propose même de commencer tout de suite. Ça a quelque chose de tentant, mais je doute que ce soit une si bonne idée. Je vais avoir besoin d'un petit peu de temps pour préparer sa "formation" histoire de faire ça à peu près bien. Et puis il doit bien y avoir des lois sur le travail ici, comme là-bas, des contrats à remplir et tous ces trucs. D'ailleurs, je préfère mettre quelque chose au clair tout de suite, par souci d'honnêteté.

- Oh me remercie pas trop vite. T'auras une période d'essai pour commencer.

C'est dit gentiment, presque avec humour même, mais ça reste vrai. Je doute que ça change quoi que ce soit au final, à mon avis y aura pas de problème, mais autant la prévenir quand même. Après tout, pendant la période d'essai, elle peut aussi rompre le contrat, de son côté. Si je me souviens bien. Bref. Une fois ce détail mis au clair, je reprends.

- De toute façon ce sera marqué dans le contrat, je pense. Je t'avoue que je suis pas tellement au courant des lois sur le travail qui ont court ici. Mais justement, j'aimerais bien fait tout dans les règles. Pour une fois. Mais ça j'évite de le dire à haute voix. Donc je vais voir avec mon avocat et préparer tous les papiers qu'il faut. Ça devrait être bon pour la semaine prochaine je pense, ça t'irait ?

Je retiens un petit ricanement quand je mentionne "mon avocat". Penser à Requiem en tant qu'avocat m'a toujours fait rire. Une espèce de private-joke. La façon dont je le connais, moi, détonne tellement avec son image professionnelle. Mais alors m'entendre, moi, parler de lui, très sérieusement, en l'appelant mon avocat, ça a carrément des airs de blague de l'année. Et le fait d'arriver à le faire tout en ayant l'air parfaitement naturel, une performance. Faudra que je lui raconte ça ce soir, tiens.[/color][/color]

Melody semble légèrement surprise quand je me mets à rire -elle ne pense pas que je me moque d'elle, j'espère !- mais elle ne le prend pas mal, apparement. En revanche, elle a vraiment l'air soulagée quand je lui dis qu'elle peut m'appeler Tania. C'est plus courant, comme nom, les gens sont bien plus habitués à l'employer que ''Smetana''.

Comme pour calmer un peu mes ardeurs, elle me fait alors remarquer que je vais être en période d'essai dans un premier temps. Ça aurait pu me démonter un peu, mais d'un autre côté, elle le dit sur un ton tellement léger, sourire aux lèvres, que je ne pense pas que ça soit un vrai ''problème''. Juste un point qu'il fallait préciser sans doute.

Ce sera marqué dans le contrat de toute manière, me dit-elle, mais elle m'avoue qu'elle n'est pas vraiment au courant de la procédure à suivre, pour une embauche. Qu'elle voudrait faire ça dans les règles, et qu'elle va parler avec son avocat pour préparer les papiers d'ici la semaine prochaine.


Je m'assure d'avoir récupéré toutes mes affaires, puis je me tourne vers Melody, lui tendant la main.


Je sors ensuite de la boutique, l'esprit léger. J'ai réussi à montrer ce que je valais vraiment, et ça a payé. J'ai pu avoir le travail que je voulais, dans une boutique sympathique et pour une patronne qui semble croire en moi. Quoi de mieux pour commencer la journée ?
Quoi de mieux pour commencer ma vie ici, en fait ? Quand je suis arrivée dans ce monde, je me demandais s'il en valait vraiment la peine, si j'avais bien fait de quitter famille et amis pour venir ici. Je commence à croire que oui, c'était une bonne idée. Je suis capable de me débrouiller ici, d'avoir une nouvelle vie. Il faut simplement que j'y mette du mien. Aller, au boulot !