Rien à redire à son dernier argument... Sauf peut-être le fait qu'il y avait un bug dans cet ouvrier et qu'il n'avait pas l'air d'un ouvrier !
Je rétorque tout de même à sa première tirade : "Je t'ai jamais demandé de venir avec moi, je voulais juste connaître l'emplacement de l'entrée." Le dernier mot, toujours avoir le dernier mot.
Inspiration profonde et... Direction l'intrus, qui finalement venait de loin vu qu'il n'était toujours pas apparu au coin du couloir souterrain.
Une ombre par terre me dément, une ombre humaine : c'est déjà ça de bien.Je stop net et lève plus haut le malheureux fémur. Si seulement il me restait des fumigènes...
"Je vois même pas pourquoi on s'enfuit pas, quel besoin de savoir qui c'est ?" je chuchote en me tournant légèrement vers l'ouvrier.

Il pensait être seul dans ce trou à rats. Avec les gardes devant l'entrée, il se demandait bien qui avait pu pénétrer dans ce trou répugnant. Envy était en train de regarder de plus près un crâne qui était peu abîmer contrairement au reste des ossements, lorsqu'il entendit une voix se répercutant sur les parois humides et puantes. Ce n'était pas des gardes. Les gardes n'auraient pas signalé leur présence, à moins qu'ils soient totalement stupides. Armé, avec une voix autant hésitante ? Il valait quand même mieux être prudent. Le jeune homme enfonça le crâne dans son sac avant de changer d'apparence. En paraissant comme une fille, il aurait toujours l'avantage de la sous-estimation de ses capacités. S'il y avait un problème, c'était toujours un avantage non négligeable. Les propriétaires des voix avaient finalement repris leur marches, mais Envy ne s'arrêta pas. Il se devait de savoir qui avait bien pu entrer ici alors que l'accès n'était pas autorisé. C'était toujours une information qui pouvait être bien payée. Baba devrait revoir les capacités de sa garde...

Il tourna à l'angle d'un virage forcé à cause d'un rocher qui était au milieu, et se retrouva face à deux homme. L'un plutôt âgé, paraissant usé par les années d'effort. L'autre, semblait plutôt jeune, en pleine santé, et surtout ailé. Comment étaient-ils entrer ? Facilement avec cette capacité de voler. Pas comme Envy qui c'était retrouver à faire du charme aux gardes pour qu'ils détournent enfin leur attention. En revanche, même s'ils étaient deux hommes, ils n'étaient pas armés. Seul l'ailé qui était devant en ouvrant le chemin tenait fermement un os dans ses mains. Envy s’arrêta, lançant un regard méfiant aux deux hommes.

- Vous n'avez rien à faire ici. Partez.

Je ris jaune : un héros. Je ne suis qu'Hermès, pas Hercules. Je vole, les gens honnêtes, marchande, emmerde et drague, rien de plus. Je ne veux pas terrasser l'Hydre ni même cette ombre qui approche. Encore moins avec un fémur trop vieux, comme l'ouvrier le fait si bien remarquer. Mes ailes servent à m'enfuir et accessoirement poster le courrier.
Un frémissement le long de mon corps, pas de froid, même si mon torse nu prenait de plein fouet l'humidité des souterrains.
"Ok, j'y vais ! Mais je flippe." je souffle entre mes dents.
Trop tard de toute façon, l'intrus est là, devant nous. J'en ai la bouche qui s'ouvre et les yeux qui sortent de leurs orbites. Envy ?! Qu'est ce qu'il faisait là ? Sous sa forme féminine en plus.
Sûrement en train de grappiller les moindres infos pour les plus offrants.
"On est dans la merde." je lâche dans un souffle, plus pour moi et peut-être l'ouvrier.
Si je suis une commère, Envy est bien pire, il va tout aller raconter à la Reine Rose..
J'abaisse mon bras et lâche l'os, aucun danger.
"T'as rien à foutre ici non plus à c'que je sache." je lui lance sur un ton de défis.

Il était dans la merde lui aussi. Hermès, l'autre ailé qui faisait partie des rares qui connaissait son hermaphrodisme. Défis, méfiance, qui serait le premier à courir balancer l'autre ? Il fallait jouer juste, ne pas faire de faux pas. Entrer dans le jeu sans se faire prendre à revers. Les conséquences risquaient d'être inimaginablement lourdes pour celui qui se retrouverait coincé. Une remarque de plus ancien, puis une deuxième. N'est-il pas avec l'autre ailé à la base ? Tout les moyens étaient bons pour sauver sa peau du jugement de la reine. La demoiselle /!\ s'avança d'un pas, le regard rieur. Il fallait jouer la carte maintenant.

- Je viens simplement vérifier que personne n'entre ici, et j'apporte les informations nécessaires à la reine Batilda. Cela fait partie de mon travail. D'ailleurs, je suis certaine qu'elle sera intéressé par la venue de deux personnes non autorisées ici.

Mentir, c'était le seul moyen de s'en sortir. Un passage de la main dans les cheveux, un clin d'oeil en direction d'Hermès histoire de le narguer un coup, et retour au visage froid et inexpressif du départ. Il fallait que ça fonctionne, c'était tout ce qui occupait l'esprit d'Envy.

Je renifle, cynique : "J'peux te demander la même "Monsieur l'Ouvrier", parce que t'as pas l'air net dans ton genre."
Depuis le début il me dérange, un décalage perturbant...
Envy me nargue, je l'ignore. Je n'aime pas me battre. En revanche sa menace est sérieusement inquiétante. Mais il a oublié quelque chose : je suis un gros arnaqueur menteur, on me l'a fait pas à moi.
Je lance, faussement attentionné : "On verra si les gardes sont du même avis quand on sortira."
J'ajoute sur un ton un peu plus agressif : "T'es aussi fouineur qu'un rat, t'es là pour les emmerdes et c'est tout."

Un rire narquois, une remarque.

- Les gardes ? Ils ne me diront rien du tout ! Et je préfère être un rat qu'un oiseau déplumé !

Rire, se moquer, montrer de l'assurance. Plus qu'eux au moins, se montrer supérieur, et surtout, freiner cette envie brûlante de leur coller un poing dans leur figure. Surtout à Hermès. Monsieur est facteur, alors il a mieux d'informations. C'est ce qu'on dit. Il n'aura jamais les informations du terrain comme Envy. Pour le brun, l'ailé n'était qu'une commère de plus parmi toutes les femmes qui faisaient partie de ce club un peu trop populaire. En revanche, il tiqua sur "l'ouvrier". Hermès avait beau être une simple commère, le vieux avait effectivement l'air louche. Mais Envy en avait assez dit, il était curieux de savoir comment l'ailé allait répondre à la question sur le lien qu'ils entretenaient, Hermès et lui.

Envy ne répond pas à la question de l'ouvrier. Il préfère se mesurer à moi, ce rat. Il n'a donc rien suivi à la maternelle ? Les oiseaux bouffent les rongeurs.
Surveiller mon langage ? Il est marrant le vieux. Mais je réponds à sa question de bonne grâce, il peut savoir.
"Voici Envy, informateur au service des plus offrants, vrai charognard et hermaphrodite. C'est un homme en vérité, enfin, si on peut l'appeler ainsi. On s'est croisé au cours d'une mission." je lui lance un regard dédaigneux.
A l'époque j'avais croisé une jeune femme, la même que maintenant, j'avais sorti mon jeu de charme avant qu'il ne me coupe l'herbe sous le pied en redevenant un homme. Tout ça pour m'humilier, j'en suis sûr. Mais je ne lui en veux pas spécialement, j'ai pas la rancune facile. Le rencontrer dans ces souterrains et le voir nous menacer ne le met simplement pas dans une position de paix envers nous. Oui, "nous", l'ouvrier et moi, on est entré ensemble, on sortira ensemble. Je ne suis certes pas très courageux mais je ne suis pas un lâcheur.