Tu te traînes Oxymore ; tu traînes une vieille carcasse rongée par la solitude, par la tristesse, par la jalousie. Tu n'es que débris, tu n'es qu'un déchêt vivant te mouvant avec difficultés, ton corps hurlant à la mort. Folle. Laide. Monstre. Ces mots ne cessaient de t'accompagner, te hantaient, ne te laissant nul repos. Tu meurs lentement, à petits feux, dans cette lente agonie qu'est la vie. C'est la pire de toutes les agonies. Tu cherches la paix, Oxymore, après ce que tu as vu aux Landes, après ce que tu as cru. Isaac n'est pas un sauveur, il n'est pas un libérateur ; il n'est qu'un monstre, semblable à toi. Il est fou, monstrueux. Il a tué tant de gens ! Tu ne peux croire à ta naïveté, à cette trahison que l'on t'a faite. C'était pour cette raison que tu t'étais rendue ici. Tu avais entendu parler de cet endroit ; pas assez connu pour être plein de haine. Tu l'avais cherché, des jours durant. Nul besoin d'acheter les champignons au Marché Noir, un vieil ami, Hermès, la face ravagée, t'en avais donné un en passant. Il était ravagé.

Tu penses à tes pigeons, ces pauvres pigeons. Comment feraient-ils sans toi ? Un instant tu t'inquiètes ; bien vite tu reprends tes esprits : ils n'ont jamais réellement eu besoin de toi. Ce n'était qu'une illusion, comme toute ta vie. Tu t'es traînée dans ce nouveau pays jusqu'à arriver ici, dans cette grotte. Tu as avancé un peu et a trouvé cette crevasse, pleine de cristaux, scintillante, brillante de partout. Magnifique. Cet endroit est l'un des plus bel endroit que tu as pu voir au monde, resplendissant de lumière. Tu t'y allonges ; tu commences à pleurer. Tu enlèves ton masque, gênée. Et c'est une nouvelle crise, la folie te reprend. Tu recommences à pleurer, tu recommences à hurler, à te taillader la peau, traçant des sillons de chair et de sang dans ta peau réduite en lambeau.

C'est un tel oxymore.
L'ombre dans la lumière.
La laideur dans la beauté.

à lire si vous compter participer, sinon, ne lisez pas:

Un champignon magique et hop, toute petite elle était devenue. Un client le lui avait passé comme paiement, avec les indications nécessaires pour y aller. Elle avait enfin décidé d'y aller. Peut-être ici, elle trouverait un moyen de mettre les gens à l'abri ? Un terrain neutre, sans guerre, sans victimes ; sans cris, sans pleurs.  
Elle explora longtemps cette vierge géante mais magnifique. Que de sérénité et pourtant que de vie ! Elle avait l'impression de remonter le temps en quelque sorte. Mais le temps est immuable, même ici, même dans ce monde magique. Le passé était perdu, mais l'avenir était encore à saisir.
Tsukiyo, dans ce tourbillon n'avait rien pu faire, ou presque. Quelques vies sauvées, mais qu'était-ce par rapport à l'ampleur du désastre ? Pourtant, son masque n'était pas encore tombé. Aucune émotion n'apparaissait sur son visage, comme toujours. D'ailleurs, comment s'exprimer quand on ne sait même pas ce que l'on ressent ? Un calme inquiétant régnait en elle : il n'y avait ni tristesse, ni peur, ni espoir, ni détermination, juste un besoin d'agir et...le vide.  

Les oreilles aux aguets, son pouvoir en action, elle cherche des bruits suspects, la présence d'un danger. Jusqu'à ce qu'arrive ce son : le son des larmes. Le jeune fille va dans cette direction : qui ? Pourquoi ?
Doucement, le son s'amplifie, perd sa raison, hurle et quelque chose se déchire. Elle court, vite, plus vite ! Essoufflée, elle arrive dans une grotte, de ces doigts elle touche la paroi : c'est dure, c'est froid, et une odeur de métal... et là, une âme désemparée, désespérée.

Vive comme l'éclair, l'aveugle attrape sa main assoiffée de sang.
« Ne fais pas couler plus de sang, n'y en a-t-il pas eut assez ? »
Une inconnue, noiraudes ou des landes peu importe. Son nez ne supportait plus cette odeur de sang.

[Je crois que ma perso a besoin d'être secoué un peu pour prendre une décision et devenir un peu plus déterminé]

Tu es folle. Tu en es certaine désormais. C'est intolérable, cette douleur au fond de toi, ce déchirement si intense, cette peur constante, cette haine de toi-même incontrôlable. Tu veux t'échapper de toi même alors tu te déchires, tu te détruits. Mais il y a cette main, celle que tu n'as pas senti arriver, celle qui tu prends la main, t'empêches de te délivrer. Tu ne l'as pas entendue arriver. Tu t'affoles, pauvre folle. Tu ne veux pas qu'elle te touche. Tu hurles. Tu es persuadée que c'est Lui, dans ta folie, ton affolement. Lui, celui qui rigolait de toi, qui te lançait des pierres, qui te brisait, autant le cœur que l'esprit. Monstre. Horreur. Laideur. Ces mots revenaient, t'imprégnaient, te hantaient. Il est là, là ! Il est de retour, pour t'achever, encore. Dans un dernier spasme de survie, tu le pousses à terre, te relèves, t'éloignes. Tu veux t'éloigner de lui. Mais dans la lumière des cristaux, dans l'aveuglement de tes larmes, tu ne vois rien, tu trébuches. Où es-tu ? Où es-tu ? Tu ne sais pas. Tu es partagée entre la douleur présente et la douleur passée ; les souvenirs et l'instant. Tu te plies sur le sol, te tiens la tête, dans une douleur, un mal de crâne insupportable. Tu es partagée entre tout, déchirée, assaillie de toute part. " LAISSEZ MOI ! " hurles-tu, horrifiée, aux voix dans ta tête. La folie est partout. Tu veux t'éloigner de cette personne qui est là, tu veux t'éloigner de ton passé. Tu ne veux être nul part.

Et tu ne le vois pas, mais ton sang coule, longtemps, rapidement. Ce sont des flots rouges qui coulent de tes blessures, de tes mutilations. Ils inondent le sol dans une mare immonde. Et sous tes ongles, ta peau ne cesse de partir en lambeaux. Et sous tes griffes, ta chair se déchire, se détruit. C'est un massacre que tu crées et n'ayant pour victime que toi-même. Et sans que tu ne t'en aperçoives, le sang coule, coule, coule sans cesse sans s'arrêter, sifflant cette mélodie suave qu'est la mort.

Enfin, le sang est plus présent dehors que dedans. Les voix s'arrêtent. Tu es libérée. Au loin, à l'extérieur, une neige légère commence à tomber. Ton second pouvoir ne prend vie qu'à ta mort. Un sourire sincère recouvre tes lèvres. Tu es heureuse, libre. Enfin. Enfin. Tu tournes la tête vers Lui, au sol. Tu ne le reconnais pas. Ce n'est pas Lui. Il n'est plus là. Il ne te hante plus. Enfin tu te sens belle. Libérée. Délivrée. Tu souffles un " désolée. " pleins de regrets de l'avoir poussée, cette personne que tu ne connais pas. Et enfin c'est fini. Tu souris.

Dans sa mort, Oxymore est enfin en vie.
Dans sa mort, Oxymore revit.

Sans que Tsukiyo ne comprenne pourquoi, la jeune femme s'affole et hurle en la repoussant de toutes ses forces. Le brune, son pouvoir toujours en action est complètement déstabilisé. Elle tombe par terre, les oreilles en vrille. Les mains sur les oreilles, le cri résonne encore. Elle s'éloigne et trébuche. Tsukiyo le sent, mais ne s'est pas encore relevée.
Son cri se cogne contre la paroi de la cavité, ricoche, fait écho. Même à travers ses mains, elle l'entend comme si elle était juste à côté.

Enfin la folie s'arrête, les cris se taisent. Tsukiyo met la main au sol pour se relever, mais sous sa main, c'est une marre de sang. Elle réalise alors, elle ne s'en était pas rendu compte, elle ne pouvait pas voir. L'odeur était forte, mais à ce point...
Elle voulu se mettre debout, courir arrêter le flot. Mais alors tu l'entends, de sa voix faible :
« Désolée »
Désolé, mais pour quoi ? Elle n'entend plus son souffle. Elle se précipite, le sang giclant sous ses pas. Elle prends son pouls, il n'y en a plus. Elle la retourne sur le dos, veut lui enlever tout ce qui pourrait l'empêcher de respirer. Mais elle sent sous ses doigt son bras est en sang. Elle glisse, tout glisse, il y en a de partout, il sort de partout. Il faut l'arrêter, l'empêcher de couler ! Elle déchire son gilet, fait un bandage. Mais l'autre bras est pareil. C'est impossible, elle le sait. Mais malgré tout, elle continue. Elle bande, encore et encore. Tente de faire repartir le cœur, tente de la faire respirer. Mais rien à faire.
C'était bien la fin, rien à faire. Elle s'immobilise.
Une seconde, deux, une minutes, trois... combien de temps c'est passé ? Elle n'en sait rien. Sa tête est vide, son cœur est vide, ses yeux sont vides.
Des cadavres, elle en a croisé, mais jamais personne n'est mort sous ses yeux jusqu'à présent.

Elle lui touche doucement le visage, quel expression fait-elle ? Elle sent les cicatrices, puis le sourire. Mais pourquoi sourit-elle ? Souffrait-elle donc tant que ça ? La mort était-elle donc le seul remède à son malheur ? Qu'est-ce qui l'avait conduit à cette folie ?

Elle réalise alors, jusqu'à présent, elle refusait la réalité en tentant de la changer. Elle n'essayait pas d'avancer, mais voulait revenir en arrière. Mais la réalité est là, devant elle. Les morts ne revenaient pas à la vie, les moments passés aux landes non plus. Que doit-elle faire alors ?

Elle caresse le visage de cette victime. Elle cherche à comprendre qui elle était. Elle touche ses vêtements, ses cicatrices. Elle essaye de la renifler. L'odeur était trop forte, son nez la supplie d'arrêter, son cœur menaçe de tomber de ses lèvres. Elle se concentre sans les écouter. Une odeur de rose, tellement féminin.
Et puis, elle finit par le trouver : le masque. Cela lui rappele une histoire, celle d'un témoin. Quand les noiraudes ont frappé à Yubaba. Ce jour-là, il avait vu un groupe suspect, dont une jeune fille avec un masque... Ce pourrait-il..?

Les exilés ayant attaqués n'avait rien à perdre. Les exilés ayant attaqués était des bêtes assoiffés de vengeance. Les exilés ayant attaqués était près à tuer des innocents pour atteindre leur but.
Et si...la vérité n'était pas entière ? Et si tout le monde n'était pas aussi coupable qu'on le croyait ? Et si certains en avait perdu la raison ? Et si certain regrettait ?
Tellement de question, et la morte ne pourrait jamais lui répondre. Pauvre fille, folle dans sa fin, la mort l'avait rendu heureuse.

Elle se lève, sort de là. Une bouffé d'air l'attrape au visage, et d'un coup elle respire de nouveau, haletante. Les odeurs reviennent, le monde se colore de vie. Elle pleurait. Elle ne le cru d'abord pas, elle ne pouvait pas se souvenir avoir jamais pleuré, et maintenant ? Elle ne comprend pas non plus pourquoi... un trop plein, tellement de raisons.

 

Quand elle eut fini, il était déjà tard. Le sang sur ses vêtements avait séché, ses yeux aussi. Elle déposa le corps délicatement et l'enterra du mieux qu'elle put. Elle décore la tombe : elle y plante des fleurs et pose le masque, promettant de revenir avec de l'encens la prochaine fois.
« Sois plus heureuse dans ta prochaine vie. »

Tsukiyo avait pris une décision. Se battre ne suffisait pas. Agir au jour le jour non plus. Il allait falloir qu'elle parle, qu'elle se forge un objectif précis, qu'elle ose s'affirmer. Toute seule elle n'y arriverait pas et le plus dure était à venir. Mais une lumière brûlait dans son regard, éteinte depuis trop longtemps : elle arrêterait cette guerre.