oxymore ;
prend une bouffée d'oxygène ;
sous ce ciel bleu ;
appuyée contre cet arbre ;
tu te meurs;
tu hurles ;
tu pleures ;
te meurtrie ;
pour n'être qu'un monstre .

une crise ;
encore ;
du sang ;
souvent ;
le tiens ;
toujours;
des larmes ;
larmes nacrées ;
qui perlent ;
perlent sur tes jours blanches ;
joues meurtries;
bras rouges ;
blessés ;
une chaire détruite ;
une âme brisée.

Pourquoi pleures-tu Oxymore ? Pourquoi n'es-tu pas comme ces enfants souriantes, là, dehors, ces enfants si belles, ces enfants si libres ? Pourquoi n'es-tu pas comme les autres, libérée? Tu es torturée. C'est une jeunesse gâchée ; une enfance brisée ; un esprit maltraité. Tu es à moitié folle ; à moitié saine . Peut-être est-ce l'inverse ? Pleure, pleure, pauvre ingénue. Tu es morte au milieu de cette vie. Pourquoi tu ne hurles pas , pourquoi tu ne sors pas, pourquoi tu ne t'exprime pas ? Car tu n'es qu'un monstre, les qmonstres ne parlent pas, ils hurlent. Les monstres sont là pour effrayer les enfants, pour se cacher sous leurs lits. Tu te déchires la peau en hurlant la mort, hurlant la vie, tu vis une vie mourante.
Pourquoi être venue ici ? Pourquoi ne pas rester chez toi, les exclus? Pourquoi ton esprit ce brise-t-il pauvre folle ? Ne veux-tu pas sentir l'odeur exquise de la vie, une dernière fois ? Car tu veux que la tienne s'arrête maintenant. Ce visage que tu as, que tu hais. Ce corps si fragile, maigre, inutile.

Tu es folle Oxymore, et personne ne le sait.

HRP; c'est totalement à l'opposé de ton perso. J'espère que tu trouveras un truc à répondre. ;;

❝ To disappear.

Sanglot. Un bruit. Un bruit de rien du tout. Ténu. Comme une branche qui craque. Et pourtant, ça lui a fendillé le coeur. Un ricochet dans les poumons.
Il y a eu deux secondes de silence puis Gervita les a entendus. Les hurlements. Au début il a pensé à un animal blessé, puis, en se faisant violence pour tendre l'oreille, il a perçu l'humain derrière. L'humaine plutôt. Du moins il croit.
Son sang ne fait qu'un tour dans ses veines quand il comprend. Lui est juste là pour pisser à l'abri des regards indiscrets. Curieusement, il a plus envie. Gervita remonte son pantalon, ferme sa braguette et attend. Il guette, il écoute. Il compte les secondes entre chaque supplications, craque ses doigts et bouge. Ses pas le mènent jusqu'à une silhouette, une chose adossée contre un tronc d'arbre. Un corps de femme. Squelettique ne suffit pas à le décrire. Qu'autant de bruit s'échappe d'un torse si malingre est presque artistique. Ça lui fait de la peine. Mais il ose pas l'approcher. Encore moins la consoler. Au fond de lui-même il aimerait pourtant le faire et surtout pouvoir le faire. Mais Gervita n'est pas un sauveur, un confident ou un psychologue. Gervita c'est qu'un fromager. Un fromager un peu con et un peu connard de surcroît. Et ses yeux font des aller-et-retours entre le masque de la créature et ses bras lacérés.

▬ Salut, c'est ici le concert de black métal ?

Il a fait la connexion entre les blessures de l'inconnue et l'objet qu'elle tient entre ses mains mais y'a eu un bug dans la matrice et c'est tout ce qui lui est venu à l'esprit. Il s'appuie contre un arbre, sourire Colgate, bras croisés. Tout est normal quoi.

▬ Moi je préfères le grunge ou le heavy. Tu aimes ça le grunge, toi ?

Hors Jeu:

ton cœur se brise ; se déchire . tu es seule ; si seule. toujours seule ; éternellement. c'est ta vie ; pauvre vie ; cruelle vie. tu te plains, te plains toujours, éternellement. tu es faible, si faible, trop faible. c'est comme si tu te hurlais de souffrir ; ne pas tourner la page ; alors pleure ; alors tremblés ; si tu es trop faible pour tourner la page. et dans ces moments là, ces crises ; ces souvenirs ; ces mémoires ; le brouillard se lève ; des yeux ; tu te souviens ; ses yeux ; cette peur ; cette haine ; cette pitie ; Il était ton cauchemar. Il te poursuivait, Il était sans relâche . Il était ta raison de trembler. c'était Son souvenir, c'était Lui qui provoquait tes crise ; cette crise.

Crise interrompue ; par des paroles ; paroles douces ; ironiques ; si chimériques ; qui te sortent de ton apathie ; qui font stopper ton cri ; tes pleurs ; ta mort. tu as peur que ce soit Lui. non, ce n'est pas Lui. mais qui sait, les monstres peuvent prendre toutes les formes.

retombée en enfance ;
tu as peur ;
de ce monstre ;
ce monstre qui revient chaque nuit ;
nuits cruelles ;
si courtes ;
tu es si fatiguée ;
fatiguée de cette vie ;
de ce cauchemar éveillé ;
mais ;
cette fois-ci ;
c'est un rêve ;
ou presque ;
Il n'est pas là ;
de ses yeux perçants ;
pour se moquer ;
et rigoler.

c'est un homme ; un homme qui arrive. il te parle , un sourire aux lèvres . Il ne voit pas ta souffrance ; c'est bien. le sang coule sur tes bras en lambeau ; dont on ne voit que la chaire poupre ; pauvre poupée ; poupée de cire ; poupée de son ; poupée brisée . il te parle ; tu ne comprends pas ; trop compliqué ; si compliqué ; étrange ; respire ; vis. tu étouffe ; prends une bouffée d'oxygène ; tournes vers l'homme ; ne peux t'empêcher de sourire ; sans pour autant en rire . réaction étrange ; anormale ; normale ; logique. où était la normalité ? nulle part. probablement.  « je n'écoute que du jazz et du blues ; c'est trop violent à mon goût . »

Violence, tu parles. Mais après ce qu'il vient de voir, rien ne l'étonne. Elle s'est tournée vers lui, le visage rouge et couvert de larmes. Le visage meurtri et couvert de cicatrices. Qu'est-ce que c'est que cette nana ? Objectivement, elle ressemble à rien. Gervita a un peu de chagrin pour elle mais sans plus. Il n'est pas de ces gens qui s'apitoient sur le sort des autres. Mais il n'est pas non plus de ces gens qui bloquent sur le physique des autres. Elle ne lui fait pas peur, ne le dégoûte pas. Au contraire. Il la trouve fascinante.

▬ Dommage mais il faut de tout pour faire un monde. Un sujet banal pour une personne un peu difforme, avouons-le.

Alors doucement il s'approche, sort de ses poches un bâton de réglisse, lui subtilise l'objet tranchant qu'elle a entre les mains et vient y déposer la friandise sans cesser de sourire, sans gêne. Tant pis si elle n'aime pas. C'est toujours mieux que le truc pointu qu'elle avait entre les doigts. Il n'a jamais entendu parler de quelqu'un se tailler les veines avec de la réglisse.

▬ Tiens, on échange.

Il ne lui demandera pas pourquoi elle pleure, comment elle s'appelle, comment elle est arrivée là comme le font les gens normaux. Parce que ce ne sont pas ses affaires, parce qu'il veut pas la forcer à lui raconter. Parce qu'il s'en fout un peu aussi même s'il est curieux.
Il se recule d'un grand pas en arrière. La regarde, une lueur maligne dans les pupilles.

Trop violent. Trop violent. Quelle douce ironie quand tu songes au sang et à la douleur qui parcourt ta peau désormais pourpre et en lambeaux. Trop violente pour toi cette musique ? Toi qui te haïssais, toi qui te tuais à petits feux. Une musique trop brutale pour toi qui, dans le regard des gens, ne voyait que des coups, toi qui ne ressentait que les sauvages blessures qui transperçaient ton cœur, toi qui chaque jour pleurait, toi qui chaque jour te mentait, couverte de chimères déformées.

Mais lui, lui, tu ne vois pas la blessure ; il n'ouvre pas en ton cœur une nouvelle blessure, que ce soit par de la pitié ou de la méchanceté. Non, cet homme te traitait comme une personne banale, voir même encore plus banale que d'autres. Toi qui était si seule, toi qui te sentait ne l'était soudainement plus . «  La musique est un sujet variable, sur lequel énormément de personnes ont des opinions divergentes . » , réponds-tu de ta voix rauque à force de crier, mais tellement plus légère. C'est comme une ivresse , ivresse haïssante, ivresse aimante, ivresse de la vie ; cette vie; cette normalité qu'il te fait ressentir . Ou inversement , véritablement c'est la normalité de l'ivresse, la normalité de la mort. Mort, mort, étais-tu morte ? Étais-tu de nouveau traitée comme un être humain, était-ce pour ça ? Tes prières avaient-elles finalement atteint un esprit divin ; céleste ; universel ? Peut-être cet homme était-il un ange envoyé par le paradis pour te sortir de cet infernal enfer ? Cet homme était un murmure, une parole, qui te chuchotais « vis » . Il te tend un objet, récupérant la dague auparavant plantée dans ton épaule et dans ta chaire. De la réglisse, un simple bâton de réglisse qu'il te donne. Étais-tu si maigre que cela ? Tu le glisses doucement dans ta bouche ; quand des souvenirs remontent .

tu étais riche ;
si riche ;
que tu mangeais ;
ce que tu voulais ;
ce goût sucré ;
que tu laisse émerger ;
cette réglisse ;
ton plat favori ;
si doux ;
on t'en a privé ;
quand on t'as exilée ;
séparation ;
de cette douceur nacrée.

Tu ne pleures pas, ce ne sont que des souvenirs ; doux souvenirs, exquis souvenirs . Souvenirs perdus ; souvenirs à retrouver. Appuyée contre le mur, tu tournes la tête vers l'homme, encore trop faible pour bouger «  merci.  »

▬ La musique adoucit les moeurs, hein ? Quelle blague. Et dis pas merci c'est un échange j'te dis. Rouspète Gervita en rangeant la dague encore sanglante dans la poche intérieure de sa veste. Au cas où il voudrait cloner cette nana bizarre. On sait jamais quand on a besoin d'une inconnue masquée. Il se laisse tomber les fesses dan l'herbe en face d'elle, continue de la regarder, fortement intrigué. Il l'a jamais vue dans le coin. Compte tenu de sa tronche, il devine qu'elle vient des Noireaudes. Les gens d'ici ne voudraient pas d'elle. Ici comme à Yubaba et chez Calcifer. Il paraît que là-bas la vie est un enfer. Mais à chacun sa peine. Ce qui le préoccupe c'est ce qu'elle a sur le visage. Ce masque là, il a très envie de savoir ce qu'il y a en dessous.

Le fromager se tait, le temps de sortir son paquet de clopes de sa poche mais ça dure pas longtemps. Il a appris à ne plus tenir sa langue et tend un bras vers elle, lui donne un coup de poing gentil sur son épaule mutilée.

▬ Tu sais ici c'est pas la joie et on a beaucoup de machines mais l'air est respirable. Pas besoin d'un masque, Hannibal Lecter. Hannibal. Ouais il va l'appeler comme ça. Ça sonne bien.

Il baisse les yeux, sort son briquet bic moche et s'en grille une. Par réflexe, il tend son paquet à l'autre. Si elle est fumeuse, elle retirera bien son masque. Il se croit malin le Gervita.

Tu le vois ranger ta lame dans sa poche. Tu te demandes ce qu'il compte en faire. Toi tu contentes de mâcher le bâton de réglisse en silence. Un silence pas spécialement gênant. Tu regardes le ciel, un ciel bleu et dénué de tous nuage, un ciel où le soleil était roi. Un peu comme cette reine rose qui régnait sur tout. Sur cette cité si riche et pourtant si démunie. Démunie de toute compassion, démunie de toute humanité envers les siens. C'est un bien triste événement qu'il s'était passé et que, pourtant, tu n'avais pas oublié. Tu n'avais pas oublié cette souffrance, tu n'avais pas oublié cette cruauté. C'est à ça que tu penses alors que tu observes ce ciel bleu, ce ciel rayonnant et lumineux. Et oui c'est triste, c'est bien triste tout ça, toute cette histoire. Cette fois-ci pourtant, affaiblie, tu ne pleures pas, te contentant d'être perdue dans tes pensées, ressassant ton passé. Tu te demandes qui est cet homme.

Sans prévenir, il te tape l'épaule. Tu te crispes. Tu n'avais pas l'habitude et sur ta chaire en lambeaux, ça... piquait. Tu ne comprends pas son allusion à ce film terrien, tout simplement parce que tu n'avais aucune culture terrienne. « Hannibal... Lecter ? C'est quoi ça ? Un monstre ? Une mascotte ? Un surnom ?  » tu demande, curieuse. Tu ne parles cependant pas de ton masque. Tu ne veux ni en parler, ni l'enlever.

Il te tend un paquet de cigarette. Tu secoues la tête. « je ne fume pas... merci quand même. » . Tu n'aimais pas l'odeur. La cigarette, ça pue.

Spoiler:

Évidemment ça aurait été trop facile si elle avait dit oui. Elle ne fume pas. En même temps quand on porte un masque à gaz, ça va de soi. Au final, Gervita s'en fiche un peu de sa trogne. Ne pas voir la figure de l'inconnue ne l'empêchera pas de dormir sur ses deux oreilles la nuit.
En revanche, comme elle ne connait pas ce charmant Monsieur Lecter, le fromager déduit qu'elle est originaire de Skies Kingdom. Sur Terre tout le monde a déjà entendu parler au moins une fois d'Hannibal. Et hop-là, un indice de plus. Élémentaire mon cher. En réalité. ça ne l'avance pas plus, mais est-ce que Gervita a vraiment envie d'avancer ?
Tirant une taffe sans gêne, il explique :

▬ Nan. Hannibal Lecter c'est un personnage de roman. C'est un tueur en série cannibal souvent représenté avec un masque. Mais il est cool. Ce qui lui manque ici, ce sont les bouquins de la Terre. Et peut-être la musique mais bon. C'est une mince contrepartie pour la nouvelle vie qui lui a été offerte.

Le regard au loin, il se tait enfin et laisse le silence s'installer. Ça ne le gêne pas outre mesure. On est bien avec les personnes avec qui on ne sent pas obligé de parler.  
Arrivé à la seconde moitié de sa clope, il se met à épier la demoiselle du coin de l'oeil et s'étonne pour un détail :

▬ T'as pas froid les épaules à l'air ?

Spoiler:

Tu te mords une lèvre. Vexée, toi? Une inspiration. Une expiration. Respire, tu es vivante. Malédiction ou bénédiction ? Tu fixes l'homme. N'était-il pas étrange, là, à te parler d'un air tranquille? N'était-il pas fou de s'approcher d'un monstre comme toi? La folie Oxymore, tu connais. La folie, Oxymore, est une douce amie. Alors pourquoi le juges-tu ainsi, cet homme si normal ? Tu éclate d'un rire un peu trop amer pour être sincère. « C'est donc cela? Je ressemble à... un tueur ? Un tueur cannibal ? »  demande-tu. Cesse de te torturer Oxymore, ce n'est qu'une comparaison! Respire, soit vivante! Ne pense pas aux larmes, ne pense pas aux regards passés. Pense aux sourires adressés, aux gens qui croient en toi. Mais c'est impossible. Trop difficile. Tu es si égoïste. Cesse de fuir pauvre candide, cesse d'entretenir ton démon, ta peur. Mais c'est trop tard, ton esprit est trop ravagé, il y a bien longtemps que la raison t'a quittée. Pourtant tu y croyais toi, à l'humanité. Cette lueur qui brille encore en toi. Mais toi, pauvre imbécile, faible, simple d'esprit, tu es persuadée que tu n'es humaine que si tu EB as l'apparence. Cette même apparence que tu avais pris soin de t'occuper avant l'incident. Cette vie là est une rédemption à tes pêchés passés, pensais-tu.
Tu poses ton regard sur cet homme si tranquille, là, assis dans cette forêt à côté de toi. Et soudain tu ne veux pas qu'il te voit ainsi. Faible. Folle. Pourquoi ne fuit-il pas ? Pourquoi ne fuis-tu pas ? Il te demande si tu n'as pas froid. « Il y a longtemps que je ne souffre plus du froid ; je ne ressens que la chaleur étouffante du désert. J'accueille la fraîcheur telle une vieille amie qui me délivre d'un mal entêtant. ». Que tu parles bien Oxymore, telle une princesse. Tu étais riche et bien élevée, à une époque. Tu sens tes forces te quitter. Tu baisses les yeux. Ton sang est libre de toute force. Tu repense à ce don sanglant qui t'horrifiait voilà une époque. Il t'était désormais bien pratique. Ce ne serait pas un problème en soi s'il n'allait pas tâcher les vêtements de ton interlocuteur. Tu ordonnés à ton sang de revenir à toi, à couler dans tes veines. Tu constates que quelques gouttes partent de l'intérieur de sa veste. Tu ne sais pas si tu devrais récupérer ton couteau. Non, tu ne devrais pas.