Tôt dans la matinée, à l'heure où le soleil daigne montrer ses permiers rayons, une silhouette encapuchonnée semble rôder au sein de cette immense forêt. Les oiseaux commencent à chanter, les mammifères à sortir peu à peu de leurs lieux de vie, symbole du début d'une longue journée. Le vent se montre à son tour, les imposants feuillages des arbres commençant à s'agiter avec lenteur, dans de petits sons sourds et agréables. L'homme en visite commence à soupirer, ne supportant visiblement pas la nature qui se montre sous son nez. Un pas puis l'autre, il marche avec lenteur tout en esquivant au mieux les racines imposantes qui s'évertuent à se placer sur sa route. L'individu ne s'arrête pas une seconde fixé sur sa destination. C'est au bout de quelques minutes qu'il parvient enfin à son but, l'arbre le plus majestueux et imposant de cet endroit.

« Enfin, j'ai cru que je ne parviendrais jamais ici. » Suite à ses mots l'homme retire sa capuche, dévoilant son visage crispé, dénué d'une réelle expression. Le blondinet, le scientifique fou de la terre des Noiraudes a daigné venir au sein de la vallée du Vent. La tâche n'avait pas été aisée pour lui. Quel déshonneur que de devoir passer discrètement à la frontière afin de ne pas être stoppé dans son avancée. Depuis quand le grand Isaac doit-il se cacher, quelle situation insupportable. Il craque ses doigts un à un, retirant de sous sa cape sa canne qu'il utilise pour s'appuyer sans attendre. « Pas de temps à perdre, cet endroit me dégoûte. » dit-il avec un nouveau soupir, avançant encore un peu vers le tronc de l'arbre. Une branche qui casse, des sons de pas ; l'homme n'est pas seul c'est pourquoi sans même se tourner, il lance quelques mots avec vigueur.

« Qui que vous soyez, sortez de votre cachette. »

"Une lueur de soleil s’était invitée dans le petit appartement, caressant le visage de sa résidente. Alors qu’elle avait osé un regard par la fenêtre un sourire s’était autorisé sur ces lèvres.
Cette journée devait être une bonne journée.
Mais à cet instant sa conscience fuit, et elle se retrouva ailleurs. Dans la forêt, visiblement, puisque les arbres étaient présents en quantité démesurée. Mais si c’était là la liste complète de ce qu’elle avait pu contempler durant cette vision, cette journée serait restée une bonne journée. Mais elle l’avait vu, lui, avançant entre les arbres et les racines. Cet être dont elle était à ce moment encore incapable de voir le visage.

C’est en se retrouvant face au paysage que l’on peut voir depuis sa fenêtre qu’elle s’était décidée à aller dans ces bois pour s’assurer que toute cette histoire n’était au final pas grand-chose. Ce n’était peut-être qu’un homme en balade, et ses visions lui avaient peut-être pour une fois montrer une scène anodine. Du moins, elle désirait y croire plus que tout.
Alors, grand inconsciente qu’elle était, elle était sortie pour rejoindre la forêt.

Un moment elle l’avait cherché, jusqu’à se dire que s’il n’était plus là, c’était probablement parce qu’il n’était un promeneur de passage, après tout. Puis elle l’avait vu, près de l’arbre millénaire. Cachée derrière un arbre elle l’avait vu retirer sa capuche et avait découvert son identité. Elle connaissait bien cet homme, et il lui faisait peur. S’il était connu, ce n’était après tout pas pour sa bonté d’âme, loin de là. Aussi, en le voyant, impressionné par l’information, elle avait reculé d’un pas et marché malencontreusement sur une branche. Et il l’avait entendu. Il l’avait entendu et lui demandais maintenant de sortir de sa cachette.

A cause d’une branche ! Mais quelle imbécile ! s’était-elle dit.

Elle s’était néanmoins montrée. Elle avait fait quelques pas en avant. En se tenant droite et fière. Sans jamais montrer qu’elle était impressionnée de sa présence. Voire effrayée.

« C'est tout ? » Le regard dans la direction de l'intruse, Isaac ne retient pas un rire intense pendant une bonne minute. Il va même jusqu'à se tenir la tête sous la force de son amusement. C'est lorsqu'il se reprend enfin qu'il daigne lui offrir d'avantage d'attention. Il l'observe, la regarde de haut en bas sans aucune discrétion avant d'enfin prendre une nouvelle fois la parole. « Pardonnez mon attitude mais je ne m'attendais pas à voir quelqu'un comme vous lorsque j'ai entendu ce bruit. Disons que je pensais voir quelque chose de plus... effrayant. » Un fin sourire ne quitte pas ses lèvres tandis qu'il fait quelques pas dans la direction de son interlocutrice, s'arrêtant à une certaine distance. Une main passée dans les cheveux, les mains jointes dans le dos. « Vous êtes libre de faire une petite promenade mais sans vouloir vous vexer... » A sa prise de parole Isaac laisse ses poings se crisper lentement, son visage dénué de son sourire automatique.

« ... auriez-vous l'intelligence de me laisser seul ? » Un doigt craqué puis un autre, il se fige lui et son regard, son attention focalisée sur le visage de la jeune femme.

"Il est presque frustrant de voir combien sa présence l’amuse. Miya n’était pas imposante. Elle n’avait rien d’effrayant. Ni même rien d’autre dans ce genre. Miya était juste mignonne. Une mignonne petite adolescente dont personne de sensé n’aurait peur. Oui, forcément, elle faisait bien pâle figure à côté du scientifique. Mais le fait était qu’elle était là et que ce n’était le cas de personne d’autre. Elle était là, elle savait qu’il était là. Et elle était persuadée, avec ça, qu’il ne faisait pas ici qu’une simple petite promenade de croisière.

Elle le sentait. Non seulement à la façon dont il s’était adressé à elle pour lui demander de quitter les lieux, mais également à cause de cette vision qu’elle avait eu de lui, ici. Elle savait d’expérience qu’elles ne se manifestaient pas pour rien. Il y avait toujours un petit quelque chose derrière tout ça. Elles n’étaient jamais anodines. Elle savait combien la réputation de cet homme était mauvaise. Et elle savait aussi que les frontières étaient fermées, et qu’il n’aurait pas pris le risque de se déplacer jusqu’ici simplement pour se promener innocemment.

Quoi qu’il puisse avoir en tête, cela ne sentait pas bon. Pas bon du tout. Définitivement, elle ne pouvait pas le laisser agir comme bon lui semblait. Pas dans son royaume, alors qu’elle avait été accueillie ici aussi facilement. Aussi chaleureusement.

Alors, sans bouger d’un pouce, en se forçant à regarder la menace dans les yeux, elle tourna simplement la tête de gauche à droite. Non.

La demoiselle ne comprend pas. La demoiselle ne réalise pas la situation. Lentement elle fait un signe de négation de la tête, en réponse à la demande du scientifique. Au même moment, le sourcil droit du blondinet se lève. « Décidemment la jeunesse d'aujourd'hui. » dit-il tout en avançant un peu dans la direction de l'intruse. Au fur et à mesure de sa marche, Isaac laisse ses pensées s'agiter. Il doit le faire. Trouver une solution à cette crise de rebellion. Parvenu à quelques centimètres d'elle, il reste de marbre, le regard baissé dans sa direction.

« Je crois que vous ne cernez pas à qui vous avez à faire ? » Un doigt puis d'autres, il les craque un à un dans de petits sons désagréables. « Vous pourriez au moin ouvrir votre bouche pour vous adresser à moi. » Agacé. Frustré. Perplexe. Voilà toutes les sensations qui traversent le scientifique au même moment. « Je ne sais de quelle manière vous êtes parvenue ici au même instant que moi mais, vous êtes vraiment malchanceuse. » ajoute-t-il, le poing légèrement serré. Il doit essayer d'éviter la violence. A tout prix.

« Alors que faisons-nous à présent ? Nous regarder dans le blanc des yeux ? »

"Il s’approche d’elle et elle sent son cœur battre plus vite dans sa poitrine. Elle sent la peur monter en elle mais elle ne le montre pas, elle s’y refuse .C’est à quelques centimètres d’elle seulement qu’il s’arrête mais elle ne bouge pas. Elle ne sait pas si c’est à cause de la détermination ou de la peur, mais elle ne bouge pas et le regarde droit dans les yeux alors qu’il s’adresse à elle.

Il parle, il parle, et il l’effraie de plus en plus. La remarque sur son mutisme la blesse plus qu’elle ne lui fait peur, mais elle ne bouge toujours pas. Elle écoute. Malchanceuse ? Elle sait. Elle sait l’être, depuis qu’elle a reçu ce don maudit. Son cœur bat la chamade, mais elle tente de ne pas trembler. Et enfin, lorsque les tirades de l’homme face à elle prenne fin, elle recule de quelques pas. Presque mécaniquement. Elle s’en veut pour cela, mais ce qui est fait est fait, hélas.

Lentement elle lève sa main au niveau de sa poitrine, index levé, et elle commence à écrire, luttant contre elle-même pour ne pas trembler.

Les lettres écrites grâce au pouvoir de son second donc ondulent dans l’air et vont défiler devant le scientifique à peine écrits, avant de disparaitre comme ils sont apparus.
Elle en avait décidé ainsi. Aujourd’hui, elle ne fuirait pas.

« Je ne vous empêche pas de vaguer à vos occupations. » Surprise. Agacement. Isaac secoue la tête de gauche à droite, comme sans mot devant une telle attitude. Personne n'ose tenir tête au grand scientifique. Personne ne sort indemne d'une telle situation avec lui. Il passe une main dans sa chevelure blonde, la pointant du doigt avec nonchalance. « Voilà un don bien inutile que celui-la. » Amusé. Vengeance. Le sourire si habituel sur les lèvres d'Isaac refait surface. « Quoique... vous ne semblez même pas capable de parler comme quelqu'un d'éduqué. Cette faculté est peut-être utile au final. » Le rictus grandit encore plus.

« Ce que je compte faire ne regarde pas le bas peuple. Vous êtes trop jeune pour voir mes occupations. » Une petite rotation du corps, Isaac avance vers le fameux arbre, la cible du jour. Ses pensées tumultueuses. Sa future décision incontrôlable. Le blondinet souhaite être discret au sein de la Vallée du Vent et cette présence ne lui facilite pas la tâche. Les cheveux au vent, les mains jointes dans son dos. Tentative.

« Que voulez-vous pour partir d'ici ? Afin que vous quittiez cet endroit et faire comme si de rien était ? » Nouvelle rotation, le regard figé sur elle.

"Elle fait face. Elle encaisse ce qu’il lui envoie avec un plaisir malsain. Elle le sait, s’il voulait la détruire entièrement, il n’aurait aucun mal à le faire. Elle ne comprend d’ailleurs pas pourquoi il reste si calme face à un tel comportement envers sa personne. Mais elle ne s’en plaindra pas, bien au contraire. Cela lui permettra de tenir bon un peu plus. Peut-être finira-t-il par s’en aller tant elle l’aura agacé ? Qui sait. Mais elle met peu d’espoir dans cette hypothèse.

Le fait qu’il refuse qu’elle voit ses occupations ne peut que lui confirmer que ce qu’il veut faire ici n’augure rien de bon. Et étrangement, cela lui donne encore plus envie de lui tenir tête. Malgré ses jambes qui menacent de la laisser tomber d’un instant à l’autre. Ne pas céder au chantage. Quoi qu’il lui propose, elle ne perdra pas la face.

Une nouvelle fois, son doigt vient glisser juste devant elle, et se forme un texte qui viendra s’adresser au scientifique avant de disparaitre avec le vent.

Sur ce dernier point, elle bluffait. Elle ne contrôlait pas son don. Mais lui, pourrait-il le savoir ? Non, probablement pas. Elle misait gros, là. Mais elle n’avait vu que ça pour le faire quitter les lieux, sur l’instant.

Voilà qu'elle lève une nouvelle fois la main, formant comme précédemment des mots. Isaac observe simplement bien qu'une teinte d'agacement apparaît sur son faciet. Furieux. Impatient. « Je veux que vous partiez et que vous ne reveniez pas. Si vous vous approchez encore de la Vallée du Vent, encore une fois, je le saurais. » Surprise. Le scientifique fait un mouvement de recul. Un fou rire, l'unique réponse qu'il daigne lui offrir. La chose est incontrôlable et ce n'est qu'après quelques minutes qu'il reprend ses esprits. Le blondinet place par la suite sa main au niveau de son ventre. « Bon sang, j'ai bien cru que j'allais trépasser. » Il glousse encore un peu en parlant, se redressant avec dignité. « Hm. Où en étions-nous ? Oh oui, je dois me préparer pour vous répondre. » Moqueur. Isaac commence à trembler et tend la main vers elle. « J'ai... peur. Pour...pourquoi me menacez-vous ? » Une larme finit même par couler le long de sa joue tandis qu'il se redresse. « Alors ? Verdict ? J'étais convaincant au moins ? » 

Le sourire persiste un peu sur les lèvres du scientifique suite à sa prise de parole mais finit par disparaître. Froid. Menaçant. « Que les choses soient claires. Je n'ai jamais eu peur de personne et ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Vous n'êtes rien et me menacer le prouve bien. » Il joint ses mains dans son dos, craquant ses doigts un à un sous l'énervement. « Je suis la seule personne bien placer pour menacer l'autre. Alors je vous laisse une dernière et unique chance ; que voulez-vous pour dégagez de mon chemin ? »

"Son rire la fait sursauter. Même si elle ne s’attendait pas à une crédibilité sans failles, elle ne s’attendait pas non plus à une telle réaction. C’est un fou rire tout ce qu’il y a de plus naturel et pourtant il lui glace le sang sans qu’elle ne puisse rien y faire. Ses réactions la blessent. Elle sait que c’est vrai, qu’elle ne pourrait rien faire. Mais il se joue de ça d’une manière ô combien sadique. Et pourtant, elle ne bouge pas. Il est menaçant et pourtant elle ne bouge pas. Il lui offre un dernier avertissement et pourtant elle ne bouge toujours pas. Ses mains tremblent, et pourtant son discours reste le même.

Elle clos ses paupières, juste le temps de quelques respirations. Juste le temps de calmer son cœur qui bat la chamade en son être. Une petite voix, dans sa tête, lui dis de fuir. Elle lui dit que cet homme est dangereux et que si elle ne fuit pas maintenant, il se pourrait qu’elle le regrette jusqu’à la fin. Et Dieu sait combien la fin peut être proche face à un tel homme. Elle est consciente de tout ça. Mais elle en a assez d’être l’esclave de ses visions. Elle en a assez de se dire qu’ils ne sont là que pour la terrorisé. Pour une fois, elle veut penser qu’elles sont là pour qu’elle agisse.

Grossière erreur ? Sans doute.

« Je ne bougerais pas d’ici. » Haine. Violence. Le scientifique ouvre ses yeux avec rage, écarquillés. La folie qui habite son corps commence peu à peu à s'agiter. Que faire ? Son esprit est instable, tiraillé par une petite touche de conscience et la facette ensanglantée qui ne cesse de l'habiter. Incontrôlable. Le blondinet dénué d'un quelconque contrôle lève avec hâte son bras. Le poing serré, ses muscles crispés. L'homme va même jusqu'à transformer son bras en pierre, augmentant son poids. Isaac s'apprête ensuite à la frapper.

« Si je vous ai vu venir jusqu’ici ce n’est pas pour simplement l’ignorer comme toutes les fois précédentes. » Surprise. Le blondinet lit de peu les mots de Miya. Il fige son geste à quelques centimètres du visage de son interlocutrice, son faciet devenant peu à peu dénué d'expression. « Vous dites m'avoir vu venir, c'est à dire ? » dit-il machinalement. Contrôle. Curiosité. Le scientifique recule d'un pas, la rage qui l'habitait disparaîssant aussi tôt.

« Maintenant que vous le dites, je suis perplexe. Par quel hasard êtes-vous arrivée ici au même moment que moi. Cette forêt est immense qui plus est. » Pensif. Il lève sa main à son menton puis l'observe. « Vous êtes de la vallée, par pure curiosité ; quel est votre deuxième pouvoir ? » Les bras le long du corps, l'homme se contente de la regarder.

"Le souffle frais du vent n’arrivait pas à la calmer. Cette panique en elle grandissait et nu doute que si elle n’avait pas perdue sa voix il y a des années, à présent elle ne serait pas capable de prononcer ne serait-ce qu’un seul mot tant cette présence face à elle l’effrayait, la terrorisait. Elle pensait vraiment qu’il allait la frapper, mais il n’en fût rien, finalement et elle se calma presque un peu. Pas assez pour qu’elle puisse lui répondre dans un premier temps, cependant. Elle le sait, ce n’est pas un homme dont elle a éveillé la colère, mais un véritable démon. Et elle sait aussi que les retombées seront terribles. Quel mauvais choix, pour une première tentative courageuse.

Il recule d’un pas et elle se sent respirer avec un peu plus de facilité alors qu’elle écoute ses paroles. Il semble un peu plus calme et elle ne saurait dire s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose. Une question. Une simple question…Peut-être vraiment essayé de jouer sur cela ? Elle a peur, tellement peur. Mais si c’est là la seule solution…Elle ne peut pas simplement abandonner son combat, pas maintenant. Pas après tout ça. Alors, elle se laisse aller à cette différente façon de communiquer une nouvelle fois.

Dans son regard, de l’espoir. Mais aussi de la peur. Un pauvre petit ageanu égaré, perdu, en danger, qui essaye ainsi de négocier sa sûreté. Ainsi que cette de son Royaume.
C’est inconsciemment cependant qu’elle recule de quelques pas, dessinant ainsi une distance de sécurité entre eux.

« Si j’accepte de vous le révéler…Vous partirez ? » Sans la quitter du regard il fige son attention sur les pieds de la demoiselle. Elle recule malgré ses mots dôtés d'un si grand courage. Rien de mieux pour offrir un moment de plaisir intense à l'esprit du scientifique. Amusement. Supériorité. Une nouvelle fois son rire puissant vient résonner dans la forêt. Des oiseaux posés dans les feuillages autour d'eux vont même jusqu'à quitter les arbres suite au bruit tonitruant. Contrôle. L'homme parvient une nouvelle fois à reprendre ses esprits, tant bien que mal.

« Car vous pensez être en position pour me faire du chantage ? » Le blondinet croise les bras tout en parlant puis se penche un peu en avant. Froid. Cruel. Ses yeux rougeâtres ciblés sur elle, il attend une poignée de minutes puis ricanne. Il souhaitait venir ici afin d'accomplir sa mission mais il n'était pas du tout dans son attention de s'éterniser ici. La phrase de cette jeune fille l'intrigue mais en cet instant son impatience et son agacement prennent le dessus.

« J'ai les cartes en main donc je suis celui qui peut exercer le chantage. » Volontairement il arrête sa phrase, à l'affût de ses réactions. Il poursuit. « Vous me le révélez ou je me charge de prendre votre misérable vie. » A ses mots il sert son poing dans sa direction.

"Un souffle. Un seul. Puis plus rien. Sa respiration semble s’être coupé l’espace d’un instant. Alors qu’elle recherche de l’air il semble vouloir se faire de plus en plus rare. Quelle ironie, dans une telle forêt. Quelle ironie, dans cet environnement propice à un air sain.
Cela n’a rien à voir avec l’air, pourtant, et elle le sait. Le problème c’est cet homme, ce monstre, sa peur.
Son rire seul suffit à lui donner cette malsaine envie de trembler. Elle doit se faire violence pour ne pas céder. Mais cela ne suffira pas, cela ne suffira plus. Elle le sens déjà. A peine l’homme face à elle prend la parole, elle sent qu’elle va céder. Ouis viennent les menaces et elle se met à paniquer.

Elle recule, consciente que s’il veut s’en prendre à elle cela ne servira à rien de toute façon. Consciente qu’il ne lui suffit que de quelques pas, qu’elle est bien trop apeurée pour fuir. Ses jambes peinent déjà à l’aider à tenir debout, alors être assez fiables pour courir et prendre la fuite ? Ce n’est même pas la peine d’y songer.

Alors, elle recule d’un pas. Puis un autre. Et finalement, en tentant de continuer elle bute contre quelque chose, peut-être une racine, et trébuche. Maintenant assise sur les fesses, suite à la chute, elle n’ose plus se relever. Ni même dire quoi que ce soit.
Elle est terrorisée.

Dès ses mots prononcés, son poings levés vers elle, il fige son regard sur le visage de sa cible. La panique apparaît sur elle et son faciet. Joie. Plaisir. Observer sa puissance démesurée assouvir les autres est une sensation indescriptible pour le scientifique. Elle recule d'un pas, son sourire grandit. Elle en fait un nouveau, son rictus s'élargit. Sur le point de rire lors de son futur pas supplémentaire ; voilà qu'elle chute bêtement.

Le blondinet plisse les yeux en guise d'unique réaction. Sa nonchalance habituelle fait son grand retour. Qui a bien pu lui placer une adversaire aussi pathétique sur son chemin ? Un long soupir quitte ses lèvres tandis qu'il avance avec lenteur dans sa direction. Faire durer le suspense, la peur, voilà le but premier d'Isaac. Elle n'est pas à sa hauteur mais maintenant qu'elle est là, autant profiter de cette petite chose frêle et fragile pour s'amuser un peu.

« Alala, les jeunes d'aujourd'hui. Vous ne comprenez jamais rien, bande de naïfs. » Il s'arrête à quelques centimètres d'elle, le visage dénuée d'une réelle réaction ou expression. Sadisme. De petits craquements se font entendre, sa jambes devenant comme de la pierre froide, rugueuse et lourde. Il la soulève, la plaçant au dessus du pied droit de Miya encore au sol. La sensation pour la demoiselle est pesante et désagréable mais rien de douloureux. Folie. Il veut faire durer le plaisir. Figé devant elle telle une statue, il l'empêche de se relever. « Maintenant que vous avez enfin trouvé votre place, poursuivons. Ma question précédente, je souhaite une réponse. Je vous écoute. »

"Elle la sent couler dans ses veines, cette peur qui jamais n’acceptera de la quitter en présence de cet homme. Elle ne veut pas qu’il s’approche. Elle voudrait lui hurler de ne pas le faire. De reculer. Mais non seulement elle n’en est pas capable, mais en plus quelle crédibilité aurait-elle ? En ce sens cette fois elle peut remercier son mutisme. Il l’empêche d’avoir l’air plus vulnérable qu’elle ne l’es déjà. Il l’empêche d’avoir l’air plus pitoyable encore qu’elle ne l’est déjà.
Elle voudrait que la peur ne se lise pas dans ses yeux et pourtant elle sait qu’il est déjà trop tard. Pire encore, dès l’instant où il pose un pied de pierre sur le sien, elle sait qu’elle ne peut pas même fuir à présent.

Piégée. Elle ne peut plus se relever. Elle ne peut plus rien faire. Si tant est qu’elle aurait pu faire quelque chose auparavant. Elle s’en veut. Dieu qu’elle peut s’en vouloir de ne pas avoir laissé couler les choses encore une fois. A quoi bon avoir un brin de courage lorsque l’on sait que l’on n’est pas capable de faire face, de changer les choses ? Pauvre petite fille. Faible petite fille.

Elle qui voudrait tant changer, elle se demande à présent si changer est vraiment dans ses capacités, dans ses moyens. Elle est faible. Elle n’a aucune once de courage en elle. Elle ne sait se battre d’aucune façon que ça soit. Et elle ne sait même pas parler. Elle n’a rien, absolument rien pour faire face à quoi que ce soit. Fallait-il vraiment que ce soit contre cet être qu’elle s’en rende enfin compte ? Résignée, son doigt se lève à nouveau.

Capitulation.