Sous les branches d'un saule pleureur, Berry profitait de l'ombre pour étudier la carte de la cité de Yubaba. Quelques jours plus tôt, un pigeon facteur était venu à sa rencontre, portant une lettre officielle du Palais des Bains. La requête était de venir faire un habit sur mesure au prince Yubabien, avec les frais de transports remboursés ainsi qu'une jolie paye, y était joint un plan pour rejoindre les frontières du royaume. Sans hésiter la jeune fille s'était mise en route, toute heureuse de pouvoir à nouveau exercer ce métier qui lui plaisait tant, elle avait chargé une énorme valise avec sa machine à coudre, ses tissus, ses aiguilles, ses bobines et ses épingles.
Traîner son bagage pendant toute la durée du voyage s'était avéré plus qu'éprouvant, la route dû se rallonger d'une journée de plus. Oui, parce que bien sur elle devait se rendre à pied sur place... Vous imaginez un soldat qui est envoyé au front et qu'il lui soit demandé de se rendre à pied sur le champs de bataille ? Parce que c'est tellement bien de se farcir des heures de marche pour se faire tuer, vous trouvez pas ? Berry trouvait qu'elle était traitée de cette façon, sans pour autant mourir au bout du chemin.

C'est ainsi qu'au bout de quatre jours de voyage qu'elle atteignit les frontières de la cité Yubaba. Elle ne pouvait pas se tromper, une gigantesque enseigne où y était écrit en tout aussi gros : « Bienvenue dans la cité Yubaba ! » se dressait devant une avenue interminable. Cette ville n'égalait aucune des autres que Berry avait vu dans sa vie antérieure, jamais elle n'avait vu de cité aussi impressionnante. Chaque recoin débordait de monde, l'architecture de chaque bâtiment semblait unique. La jeune femme en prenait plein la vue, elle était restée bouche bée pendant plus de cinq minutes une fois la bannière franchie. Elle avançait le nez en l'air, s'attardant sur le moindre détail. Il était impossible de sa perdre si l'on lisait les panneaux, dont ceux indiquant le Palais était plus remarquable que les autres. Les grilles de l'imposante construction vinrent enfin aux yeux de la couturière. Elle montra la lettre qu'elle avait reçu et ces grilles s'ouvrirent. Il n'y avait pas de mots pour décrire la beauté de ce palais. Berry ne bougeait pas, par peur de perturber la finesse du bâtiment.
Elle essaya de chasser son émerveillement, elle voulait se rappeler que si ce palais était si beau, c'était car l'argent coulait à flot dans les caisses. Elle voulait se rappeler qu'elle se trouvait au sein d'une monarchie et qu'elle, elle était indignée. Cependant l'admiration revint au galop, et elle ne pu lutter.

Et cette admiration s’amplifia encore lorsqu'elle pénétra dans l'enceinte du palais. Elle se retenait de sauter partout, de pousser des petits cris d'excitations, de tout toucher. Elle tenait fermement la poignée de sa valise, qu'un domestique finit par lui porter, ce qui ne lui avait pas forcément plu d'ailleurs. On la mena dans des kilomètres de couloirs, passant devants des centaines de salons, de salle à manger et deux fois plus de portes fermées. Le domestique la conduisit devant une de ses portes, elle était en acajou, cernée de gravure dorées et incrustée de deux énormes poignées de cristal. L'homme ouvrit cette porte, annonça l'entrée de hôte. Cette pièce était, comme l'annonçait l'entrée, était grandiose. Elle était décorée de façon légèrement enfantine, toutes les nuances de bleus tapissait les murs ainsi que l'imposant lit à baldaquin dans le fond de la pièce.
La voix aiguë d'un enfant raisonna dans chambre, une touffe blondinette s'agitait sur un coté et se précipita dans les pattes de Berry... On ne lui avait pas mentionné que le prince était haut comme trois pommes, que ses joues lui faisait encore des fossettes... Enfin bref, qu'il ne devait pas avoir plus de 10 ans, et dieu sait à quel point elle adorait les enfants...

Je m'ennuie un peu. J'en ai marre.

Le maître m'a fait rester toute la journée dans ma chambre, soit disant parce qu'il me supportait plus, et que j'étais pas vivable... Mais c'est n'importe quoi, je sais bien qu'il a fait ça juste pour rester avec la servante qui nettoie la salle de classe... Il l'aime bien...
Et ben moi non plus je le supporte pas le maître d'abord!

Alors du coup, ben je suis tout le temps rester dans ma chambre. J'aime bien ma chambre. Elle est super grande, et toute bleue, c'est le maître qui a choisit la couleur, parce qu'il pensait que le bleu, ça me calmerait. Mais c'est n'importe quoi!
Les adultes, ils comprennent pas que les enfants, à 9 ans, ils sont pas fait pour rester assis dans une pièce, à lire des papiers ennuyeux qui parlent même pas de princesses sauver par des supers chevaliers comme moi... Enfin comme moi... Quand je serais chevalier...
Bref... Des fois, je me demande comment Batilda elle fait parfois... Peut être qu'elle veut juste plus jouer avec moi... ¨Peut être même qu'elle m'aime plus...

De toute manière, moi je m'en fiche... J'ai STAR! Et puis j'ai Hermès aussi! Et puis, même que quand je suis gentil, All il me fait des câlins!

Enfin, pour le moment, y'a personne pour rien faire avec moi, alors je m'ennuie.
J'attends quelqu'un qui va coudre des habits, parce que Batilda va bientôt faire un discours, et qu'il faut qu'il y ait toute la famille, et que je sois bien habillé.
En fait, le problème, c'est que la dernière fois que j'ai vu Batilda, c'était dans les jardins, et que j'étais tout couvert de boue... Alors du coup, elle pense que je suis tout le temps tout pas bien habillé... Mais bon, quand même, les habits, c'est fait pour être salit, non?

Du coup, elle a fait venir quelqu'un de super loin, pour me faire un super beau costume.

Ce matin, les domestiques ils ont apportés une estrade, super haute, pour que je sois à la hauteur du couturier, et qu'il ait pas trop de mal avec moi...
C'était marrant au début. Ça faisait comme quand les gens important ils parlent, qu'ils sont plus haut que les autres. J'ai un peu jouer au Roi, et puis ca m'a énervé en fait. Moi, je veux pas faire de grands discours, moi je veux juste être chevaliers, et défendre toutes les princesses.

Et c'est tout nul, parce que là, je suis juste a attendre bêtement dans ma chambre.

J'entends la porte qui s'ouvre!
Je me retourne!
HAN! Elle a les cheveux roses Barbe-à-papa!
Elle peut qu'être gentille!
Je l'aime déjà!

Je me jette sur elle!

"C'est ta vraie couleur de cheveux, roses? Ou tu as juste manger trop de chewing-gum?"

Elle a une grosse valise...

"C'est la dedans que tu mets toutes tes affaires pour coudre? Les gens, ils ont dit que tu aurais sans doute tout ce qu'il te fallait, mais que s'il te manger quelque chose, tu n'avais qu'à demander!"

Le temps de reprendre mon souffle

"Alors c'est toi qui doit me rendre tout beau pour le discours de Bat'? Franchement, j'ai pas très envie d'y aller, mais je suis obligé... Alors dis, tu peux me faire un costume bleu? Avec des dragons dessus, c'est possible? HAN! Et je veux avoir le plus beau costume! Plus que celui de All... C'est toi qui te charges du sien aussi? Il faut pas lui en faire un beau a lui! Ça lui apprendra a me marcher dessus! "

Le bambin ne lui adressa pas un bonjour, tout de suite il la questionna.. non, la harcela sur sa couleur de cheveux, puis sur son costume, puis sur plein de choses en même temps, il s'emmêlait dans ses mots, bafouillait... Berry n'était absolument pas à l'aise, elle ne pouvait pas en placer une. Elle devait quand même faire preuve de bonne volonté et de gentillesse avec le Prince, c'est pourquoi elle s'accroupit à sa hauteur lui saisit les poignets avec toute la douceur dont elle était capable et lui dit :

- Alors, déjà, pour mes cheveux c'est ce qu'on appelle une coloration, c'est cool non ? Et si tu regardes bien, mes yeux sont de la même couleur...

Elle lui laissa le temps d'observer ses iris... :

- Ensuite, je n'aurai jamais le temps de te faire des dragons sur ton costume mais je vais faire de mon mieux pour que tu sois le plus beau !

Elle se releva en lui ébouriffant les cheveux, au moins elle avait réussit à le faire taire. Elle n'avait pas réussit à sourire, du moins pas sincèrement. Elle reprit des mains du domestique la poignet de sa malle, et la fit rouler derrière elle jusqu'au centre de la pièce où était installée une plate-forme qui était parfaitement ajustée à la taille du Prince qui la suivait comme un petit chien. Le domestique lui demanda si elle voulait visiter ses « appartements » avant de commencer à travailler, mais elle voulait en finir au plus vite et lui répondit ainsi qu'elle les visiterait le moment venu, et le domestique se retira. Et le gosse n’arrêta pas de parler, toujours, toujours, toujours. Elle n'y prêtait pas attention, elle préférait se concentrer à déballer ses affaires. Elle sortit d'abord sa machine à coudre, qu'elle installa sur un bureau de bois vernit, puis elle cala ses rouleaux de tissus sur le mur à coté de ce bureau, et enfin finit par ses boites de bobines de fils, d'aiguilles, de mètres...

Berry s'assit sur une chaise munit d'un dossier matelasssé, une jambe pliée et tailleur et une autre contre son buste, ce n'était peut être pas une façon convenable de s'asseoir dans un château si huppé mais elle en avait complètement rien à faire. Elle se massa les épaules endolories en gémissant, puis s'étira les bras. Elle porta son regard sur le petit garçon qui s'agitait derrière elle, les échos de sa voix de crécelle résonnait grinçants sur ses tympans. Il ne s'arrêtait vraiment jamais ? La couturière appuya son coude contre son genou levé, sa main soutenant sa tête inclinée vers le bas. Elle laissa échapper un long soupir avant de couper Monsieur le Prince dans ses paroles sans queue ni tête :

- Bon ! Annonça-t-elle en élevant légèrement la voix pour attirer son attention. Tu vois les rouleaux contre le mur juste là ? Tu vas en choisir deux qui te plaisent, enfin essaye qu'ils aillent un peu ensembles. Ensuite je vais prendre tes mesures pour que je puisse commencer à faire ta chemise. T'es d'accord ?

En général, les petits garçons étaient très indécis, elle aurait ainsi le temps de souffler quelques minutes.

- Au fait, je t'ai pas demandé, tu t'appelles comment ? Se souvint-elle.

"Bon! Tu vois les rouleaux contre le mur juste là ? Tu vas en choisir deux qui te plaisent, enfin essaye qu'ils aillent un peu ensembles. Ensuite je vais prendre tes mesures pour que je puisse commencer à faire ta chemise. T'es d'accord ?"

Han! C'est même moi qui décide de la couleur de mon costume!

"Au fait, je t'ai pas demandé, tu t'appelles comment ?"

"Barthélemy"

Je me retourne pas. Je fouille dans les tissus.
Mais elle est quand même bizarre cette fille.
Elle sourit pas. Elle sait pas comment moi je m'appelle, alors que c'est quand même à moi qu'elle fait un costume. Elle se tient pas droite sur les chaises... Moi, quand je fais ça, le maître il me punit super fort!
Enfin...

Je reviens vers elle, et lui donne les deux rouleaux de tissus qu'elle a demandé. Y'en a un bleu clair, et un autre plus foncé.

"Voila Madame. Tu penses que les couleurs elles vont bien ensemble? "

... Bien sur que ça va bien ensemble... Je suis un Prince, j'ai du goût. C'est comme ça!
Et puis, de toute manière, c'est moi qui fais ce que je veux d'abord!

"Tu vas faire quoi maintenant? Ça va te prendre combien de temps pour faire une chemise? c'est compliqué? T'es sure que tu peux pas faire des dragons avec?"

C'est bête ça... J'en avais drôlement envie des dragons moi...
Je pourrais faire quoi a la place?
Hum?
Des moutons? Pour penser à ma Princesse?
Non, c'est bien les mouton, mais c'est pas un super animal pour un prince... Ça fait pas vraiment super fort... Ça fait plus idiot... Bête a manger du foin... Et de l'herbe... Et les coccinelle avec...
Un lion peut être... Mais si elle fait pas les dragons, ça m’étonnerais qu'elle fasse les lions...

HAN!

"Fais moi une étoile! Tu peux en faire une d'étoile? Hein?! c'est pas compliqué les étoiles. ça va vite et c'est joli! Et puis, ça ira bien avec le bleu, si tu la fait avec du fil jaune orangé..."

JE VEUX UNE ÉTOILE!

"Elle a pas besoin d'être super grosse tu sais... Faut juste que Star la voit!"

J'aurais bien aimé porter quelque chose pour Nim' aussi. Elle sera pas là, mais bon. C'est ma princesse quand même...
Oh! Je sais! Je demanderais qu'on me fasse friser les cheveux! Comme ça, je ressemblerais à ses moutons!

"Tu me fais un beau costume, hein? Fais gaffe, je t'ai aux yeux!"

Indécis avait-elle pensé ? Non. Au bout d'à peine deux minutes, il revint en lui montrant les couleurs qu'il avait -déjà- choisit. Elle se sentit un peu froissée quand il l'appela « Madame », et puis il repartit sur ses dragons... Soit dit en passant, les couleurs qu'il avait choisit lui donnèrent une idée pour le modèle du costume. Berry se demanda quand est ce qu'il respirait, il devait avoir une sacrée endurance pour parler si longtemps. Finalement, le petit Barthélémy se décida pour une étoile, et certes cela serait plus facile à broder qu'un dragon.. Il proposa une couleur de fil jaune orangée, mais elle avait mieux que ça dans ses bobines.

- Primo : Les couleurs sont parfaites. Deuzio : Va pour l'étoile. Tertio : Ne m'appelle plus jamais Madame, j'ai nom aussi tu sais. C'est Berry. Et Quarto : Que dirais-tu d'un fil d'or pour cette étoile ? 

Berry réservait ce fil extrêmement rare pour des grandes occasions, un costume pour un membre de la famille royale en était une non ?

- Maintenant, viens par ici et monte sur cette estrade, on va prendre tes mesures... Tends les bras … Non non par vers le haut, heu... regarde comme moi ! 

Elle mit ses bras à l'horizontale, le petit garçon l'imita. Elle s'écarta pour aller prendre son mètre-ruban qu'elle se mit sur la nuque, et un élastique pour les cheveux qu'elle attacha en queue de cheval haute. Elle revint vers le petit garçon, qui avait baissé les bras...

- S'il te plaît, garde tes bras comme je te l'ai montré, sinon je risque de prendre des fausses mesures et ton costume serra tout moche, tu comprends ? Il faut que tu restes immobile aussi.. 

Ne plus bouger devrait relever du surnaturel pour un gosse aussi hyperactif, mais apparemment il se contrôlait, même si sa bouche continuait à bouger. Berry prit donc ses mesure, bras, taille, hanches, puis les nota sur un bout de papier.

- Voilà, tu peux aller, jouer. Revient ici me voir dans... Une demie heure, compris ? 

Elle s'installa sur le bureau, sortit une feuille de papier puis dessina en vitesse le modèle du costume. Ensuite, elle prit une grande feuille cartonnée de sa malle et commença à dessiner le patron. Une fois ceci terminé, elle s'attacha sa pelote à épingle autour du poignet, prit les deux rouleaux de tissus désignés par Barthélemy et les lança l'un à coté de l'autre jusqu'à l'autre bout de la pièce, ceux-ci se déroulèrent en deux vagues drapées. Elle attrapa dans un tiroir de sa malle un marqueur auto-effaçant qu'elle cala derrière son oreille. Elle aplatit le premier bout du patron sur le tissus le plus clair, traça les contours avec le marqueur. Elle répéta cette opération avec tout les morceaux du patron. Ainsi, elle découpa les morceaux de tissus puis enroula le reste sur les rouleaux.
Quarante minutes avaient passées, le petit garçon était revenu. Elle avait presque finit de coudre le gros de la chemise. Le buste était de couleur bleu clair, la boutonnière, les ourlets des manches et le col était plus foncés.

- Bon, installe toi sur l'estrade et met toi comme je t'ai appris. Elle lui passa la chemise. Ça te plait ? Bon, maintenant tu ne bouges surtout pas, je dois coudre les boutons et faire des retouches avec la chemise sur toi, si tu bouges je vais te piquer, compris ?