Les deux brunes aux cheveux longs marchaient en silence. L'aveugle devait utilisé son pouvoir pour pouvoir avancer sans encombre. Elle ressentait le ki des choses, et pouvait ainsi éviter de trébucher sur les cailloux ou d'être surprise par une pente soudaine. Elle avait calé son pas sur celui de sa compagne, et en un petit quart d'heure, elles avaient atteint la ville.

Sa cécité avait pousser la jeune fille a essayé d'autres manières de se repérer dans la ville sans se perdre. Par exemple, certaines rues avaient des odeurs bien particulières. Sinon, selon l'heure de la journée, elle savait où le soleil se trouvait à peu près, et grâce à la sensation de ses rayons sur sa peau allait dans la bonne direction. Elle pouvait aussi utiliser ses dons : en se concentrant bien, elle pouvait ressentir le ki ou entendre des sons familiers jusqu'à très loin.
Mais les solutions les plus simples étaient soit de demander le chemin et d'avancer en touchant les murs, soit d'apprendre le chemin par cœur.

Pour aujourd'hui, il n'y aurait probablement pas de problème, car elle n'était pas seule. Elle suivit Yami jusqu'au centre ville, facile à reconnaître par son activités plus intense que n'importe où dans la ville. Quand la ténébreuse s'arrêta, la silencieuse reconnu vite la place centrale grâce à des sons et des odeurs typique, tel que le bruit de la fontaine.

A partir de là, elle connaissait le chemin par cœur, les oreilles bouchés !

- Ma maison est par là, voulez-vous y venir ? Ou préférez-vous que l'on aille chez vous ?
Elle, peu lui importait.

Les rues s’enchaînaient. Yami avait toujours trouvé impressionnant ce méli-mélo de ruelles et de chemins qui s'entrecroisaient en un labyrinthe qu'elle avait mis plusieurs semaines à comprendre. Elle s'était perdue de nombreuses fois. Elle trouvait encore plus impressionnant que la jeune fille qui se tenait à ses côtés soit capable de se repérer avec autant de facilité. La mercenaire était admirative de la jeune fille.

- Ma maison est par là, voulez-vous y venir ? Ou préférez-vous que l'on aille chez vous ?


Yami hésita et ce n'est qu'au bout d'une longue hésitation qu'elle sourit.

- Chez vous. Mon appartement n'est jamais très rangé... je préfère vous éviter ça.

Même si l'aveugle ne se serait sûrement pas offusqué du désordre ambiant qui régnait dans l'appartement de Yami, cette dernière se sentait gênée par l'état de son appartement. Elle suivit donc la jeune fille jusqu'à chez elle, toujours aussi étonnée par à la démonstration de sens de l'orientation proche de la perfection à laquelle elle assistait.

- Depuis combien de temps t’entraînes tu ? Tu es impressionnante en combat...

Après un moment d'hésitation, elle finit par répondre qu'elle préférait aller chez Tsuki, question de rangement. Il faut dire que l'appartement de Tsuki était rangé comme pas deux. Chaque chose avait sa place, sinon, elle ne pourrait pas se retrouver, risquerait de trébucher sur les choses etc De plus, il lui servait aussi de bureau, pour les clients, il fallait que ce le soit. Par contre niveau nettoyage c'était une autre histoire. Il est difficile de laver une tâche quand on a pas conscience qu'elle existe, ou de passer la serpillère sans rien louper quand on ne voit pas où c'est mouiller. Bien sûre elle avait développer des stratégies: faire de façon méthodique, pas par pas, mais parfois des choses lui échappaient.

- Très bien.
Et elle se remirent en route.
- Depuis combien de temps t’entraînes tu ? Tu es impressionnante en combat...
Tsukiyo se sentait un peu gêné par le compliment, mais ne le renia pas comme elle l'aurait fait pour un concernant n'importe quoi sauf les arts martiaux.
-Merci. Je m'entraîne depuis aussi longtemps que je me souvienne. Mon père était mon maître.
Elle dit cette dernière phrase de façon respectueuse et non affectueuse, ce que Yami avait dû remarquer puisqu'elle était vraisemblablement japonaise aussi. Tsukiyo s'était toujours adresser ainsi à son père, et ne pensait pas que cela puisse paraître étrange. Elle n'ajouta pas que c'était la seule chose qu'elle pouvait faire avec son handicap, la seule chose qui lui avait permit de garder son estime de soi. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait dire ou pas, si elle allait la déranger ou pas en racontant toutes ces "futilités".
- Et vous? Vous avez aussi été très impressionnante.

[J'ai pas encore corrigé les fautes, je le ferais plus tard, tu peux commencer à réfléchir ou à répondre]

(T'inquiètes pas :) Prends ton temps pour les fautes et tout. Ce coup ci normalement j'ai fais les choses bien XD)

La jeune femme sembla perturbait par la réponse de Tsukiyo, était-ce si bizarre d’avoir un père comme maître ? Mais le malaise se dissipa après sa question…enfin, se transforma plutôt. Il était difficile de déchiffrer les émotions des autres pour Tsukiyo, mais elle sentait quand il y avait un changement par leur attitude, leur voix, etc, mais souvent sans comprendre.

- Je te remercie. Et c'est très différent de toi. J'ai passé mon temps à chercher des noises à beaucoup de garçons quand j'étais enfant. À force de me prendre des coups j'ai fini par apprendre  à me défendre. Puis à force de combats j'ai rapidement compris comment ça fonctionnait... Pas très reluisant hein ?

-Ce n’est pas vrai. S’étonna calmement la japonaise. Atteindre un tel niveau sans avoir eu un seul cours est très impressionnant. J’en aurais été incapable, cela prouve que vous avez beaucoup de talent.

Bientôt, elles arrivèrent dans la petite rue aux airs, toujours aussi calme. Tsukiyo aimait ce calme, cela lui permettait de repérer le moindre mouvement rapidement, sans avoir à sélectionner les bruits importants ou pas. Comprendre tout ce qu’il se passe autour de soi avec pleins de sons de tous les côtés n’était pas facile, ici, elle savait en permanence ce qui se passait. En se concentrant, elle pouvait même entendre les battements de cœur de son invité.

Elles montèrent un petit escalier pour atteindre le premier étage, la propriétaire habitant au RDC. Sortant ses clés, elle chercha la bonne au toucher, et l’enfonça dans le trou avec une précision impressionnante pour une aveugle. Depuis le temps qu’elle était là, elle s’était beaucoup entraînée à rendre ce genre de mouvement très précis.
La porte s’ouvrit, laissant apparaître l’intérieur bien vide du petit studio. La brune ne gardait que le strict minimum, n’avait pas de décoration, de livres, DVD ou autre qui lui était inutile et prenait de la place dans la plupart des maisons. Il y avait un canapé pour les invités, une table basse au milieu de la pièce avec des cousins pour s’assoir à la japonaise, un grand placard à droite dans lequel elle mettait ses affaires et son futon. La nuit, elle n’avait qu’à sortir le futon pour dormir, car oui, elle en avait trouvé un. A gauche, deux portes, l’un menant à la cuisine, l’autre à la salle de bain.
Très sobre donc, mais aussi parfaitement rangé. Ici, chaque chose avait une place, sinon elle aurait du mal à retrouver les choses. La rigueur était le meilleur moyen de s’en sortir avec son handicap. Et moins elle avait de chose, plus aisément elle pouvait se déplaçait à l’intérieur. Pour le nettoyage elle faisait de son mieux en procédant méthodiquement, mais parfois, elle ratait un peu son coup, mais enfin vu son niveau de propreté ça se voyait à peine.

Planché en bois, elle laissa ses chaussures dans l’entré :
« Vous pouvez laisser vos chaussures à côté des mienne. »

Puis elle se dirigea vers la fenêtre, sur le même mur que la porte et l’ouvrit pour aérer. Le carillon se mit à sonner, c’était la seule décoration de la pièce, mais pour la jeune femme, c’était une décoration plus auditive que visuelle.
« Est-ce que vous aimez l'encens? J'en ai quelques tiges si vous voulez.»
Pour la décoration olfactive cette fois.

À la réponse de la jeune femme, Yami sourit. Celle à qui elle s'adressait était tellement polie et douce qu'elle trouvait presque étonnant qu'une fille comme elle décide de devenir une mercenaire. Mais il faut toujours se méfier de l'eau qui dort. Elles se ressemblaient sur beaucoup de points et pourtant lorsqu'on les regardaient, seuls leurs cheveux noirs étaient semblables. Un petit chemin verdoyant et calme, un escalier... Elles arrivèrent devant une porte que l'hôtesse ouvrit rapidement. Yami s'était amusée à imaginer à quoi ressemblait l'habitat de la jeune femme. Et elle ne s'était pas trompé. Tout était admirablement bien rangé, normal se dit-elle, quand on est aveugle mieux vaut être organisée. Elle entra, retirant ses chaussures afin de ne pas salir le sol comme le lui avait proposé Tsuki et les déposa à côté des siennes. Ce n'était pas chez Yami qu'on verrait une telle effusion de propreté et de rangement. Elle en avait un peu honte d'ailleurs et se promit que si sa compagne du jour venait à venir chez elle, elle ferait en sorte que l'appartement soit présentable. Aveugle ou non, elle ne voulait pas que la jeune femme se blesse bêtement sur un tee-shirt non rangé, ou une montagne de documents éparpillés sur le sol.
 
Tout était effectivement à sa place, et l'harmonie de la pièce finit de détendre la guerrière. Le doux son du carillon, l'agencement des meubles... Tout était parfait. Ou presque.

« Est-ce que vous aimez l'encens? J'en ai quelques tiges si vous voulez.» 

Yami fut surprise. C'était peut être la petite touche qui manquait à la pièce.

«  Est ce que cela ne risque pas de vous gêner pour votre odorat ?  Cela ne me dérange pas. J'avoue que j'aime beaucoup l'encens. Faites comme vous le sentez »

Elle s'assit sur le canapé, ne préférant pas engourdir ses jambes en s'installant sur les cousins posés au sol. Elle ne s'y adonnait que peu souvent, et finissait toujours par grogner de douleur en étendant à nouveau ses jambes, les mollets envahis de fourmillements.

«  Vous habitez un bien joli appartement... Où vous entraînez vous d'habitude ? Je suppose pas ici, vu que je ne vois ni coups ni traces de katana sur les murs »

C'était le cas dans son propre appartement. Son premier jour avait été ponctué de quelques insultes vis à vis des murs trop rapprochés à son goût et au plafond trop bas. Et aussi à certains de ses voisins qui étaient venus se plaindre assez rapidement. Mais elle avait finit par comprendre que les entrainement, ça ne se fait jamais à l'intérieur. Ça évite de dépenser des sommes astronomiques en réparations et dédommagements. Elle espérait également, au fond d'elle même, que la jeune femme avait accès à un immense jardin japonisant aux couleurs verdoyantes et magnifiques. Mais elle écarta rapidement cette idée de son esprit. On ne s’entraînait pas dans ce genre d'endroit. On ne détruisait pas l'harmonie et la paix présentes dans ces rares endroits de bonheur. Elle regarda le soleil par la fenêtre et sentit la brise venir caresser sa peau. Pour la première fois peut être depuis son arrivée dans les landes, elle était pleinement détendue, et elle espérait que son entraînement porterait d'avantage ses fruits grâce à cela. Elle appréciait de plus en plus la jeune femme à ses côtés. Bien que très différentes, elle ne doutait pas du fait qu'elles puissent s'entraider à devenir plus fortes. Peut être même qu'avec le temps , elles deviendraient des amies, pouvant compter l'une sur l'autre.

«  On pourrait peut être se tutoyer non ? Du moins si ça ne vous dérange pas... Je ne veux pas vous forcer la main. »

Le vouvoiement n'était pas vraiment fait pour elle. Elle avait tendance à passer du tu au vous lorsqu'on la vouvoyait et donc préférait rester à un "tu" plus convivial et détendu. Du moins quand elle parlait à un égal elle trouvait cela gênant. Pour elle, le vouvoiement était de mise avec un client (et encore, quand ils ne demandaient pas le tutoiement dès le départ). Cependant elle préférait préciser que ce n'était une obligation. Pas la peine de mettre son interlocutrice dans l'embarras.

La pièce sembla plaire à l'invité, Tsukiyo la sentit se détendre.
«  Est ce que cela ne risque pas de vous gêner pour votre odorat ?  Cela ne me dérange pas. J'avoue que j'aime beaucoup l'encens. Faites comme vous le sentez
- Non, pas du tout, les odeurs sont comme... des couleurs pour moi. »

Et sur ces mots, elle prit une tige senteur jasmin et cyclamen, la posa sur un porte encens des plus basiques, et l'alluma. L'odeur lui monta tout de suite aux narines. Elle allait proposer un thé, mais Yami ne lui en laissa pas le temps :
«  Vous habitez un bien joli appartement... Où vous entraînez vous d'habitude ? Je suppose pas ici, vu que je ne vois ni coups ni traces de katana sur les murs »

Cela sous-entendait-il qu'elle s'entraînait dans sa maison ? Tsukiyo n'osa pas poser la question, mais trouva que c'était vraiment une drôle d'idée de faire ça dans un espace si petit. Pour sa part, elle n'avait pas trouvé de dojo à son goût, et avait donc décidé d'improviser avec les moyens du bord.  
« Je vais souvent dans les plaines, c'est un grand espace calme, et cela permet de s'entraîner par tout les temps. Mais quand j'en ai besoin, la propriétaire a accepté que j'utilise la cours de derrière. »
Tout en parlant, elle désigna la fenêtre opposée à la rue. A travers la vitre on pouvait effectivement voir une cours pas très bien entretenue. Seules une table et des chaises de basse qualité traînaient dans un coin, elles n'avaient pas été utilisé depuis un certains temps, et leur blancheur d'autrefois avait tourné au gris.

«  On pourrait peut être se tutoyer non ? Du moins si ça ne vous dérange pas... Je ne veux pas vous forcer la main.
La japonnaise fut quelque peu surprise, et un peu embarrassée.
- Ça ne me dérange pas.

Elle n'avait aucun problème avec le fait d'être tutoyée, mais elle n'avait que très rarement fait l'inverse dans sa vie, même son père avait le droit au vous. D'un autre côté, elle voulait vraiment approfondir sa relation avec la jeune femme. Elle était attirée par sa force, mais aussi par sa différence : elle était tellement plus naturelle, plus franche. Pour avancer, il fallait qu'elle aussi prenne son courage à deux mains et se lance, s'implique. Mais que faire ? Elle ne savait pas trop de quoi parler, déjà qu'elle n'avait pas la conversation facile... Elle devait trouver un point commun, et tout ce à quoi elle put penser était le combat. En plus, combattre était beaucoup plus facile pour elle que de discuter.

« Vous...tu pratiques le sabre n'est-ce pas ? Voulez-vous... veux-tu échanger quelques passes ? »
Elle avait décidément un peu de mal, mais espérait que ça s'arrangerait avec le temps. Au moins, elle l'avait dit. Il ne restait plus qu'à prier pour que la brune soit d'humeur pour ça.

La réponse de Yami soulagea Tsukiyo : son intérêt était partagé, et elle n'aurait pas besoin d'avoir une discussion ponctuée de silence. Comme toujours, elle ne laissa rien paraître de cette émotion.

Le contrôle... c'était tout l'inverse de Tsukiyo qui contrôlait le moindre de ses gestes. Elle n'avait jamais eu le droit à l'erreur avec son maître, et cela se voyait dans la façon qu'elle avait de se battre. Mais elle n'avait jamais eu peur non plus. Ni des coups, ni de la douleur qui était le lot de tout échange.  Et c'était sa maîtrise totale de son corps qui lui donnait cette confiance en ses capacités. La seule chose en laquelle elle avait confiance quand il s'agissait d'elle-même, la seule qui avait jamais rendu fière sa famille... ou elle-même.
Les paroles de son invité la vexèrent un peu. Soit elle la pensait trop faible pour éviter une blessure grave, soit elle la pensait trop vulnérable pour prendre des coups. Apparemment, leur joute de tout à l'heure ne l'avait pas convaincu que Tsukiyo était une vraie combattante.

Elle se leva sans un mot, et attrapa deux sabres d'entraînement en bois de son armoire. Elle tendit vigoureusement l'un deux à Yami-Hime :
« Un sabre d'entraînement est fait pour se briser. Un vrai sabreur ne refuse jamais un duel. »
C'était sa façon à elle de la mettre au défi de la ''blesser'',  et de lui prouver sa valeur.

Le défi fut relever. La guerrière attrapa le sabre avec un sourire et se précipita sur elle. Elle ne respectait aucunes des règles des combats amicaux, son père et maître aurait sûrement crisé, mais la kendoka s'en moquait. Au contraire, cela représentait bien le style de son adversaire : brut, impulsif, vif. C'était aussi ce qui avait attiré la lune vers la princesse des ténèbres.

Tsukiyo para et enchaîna. Plus que tous les autres arts martiaux qu'elle pratiquait, le sabre était celui en lequel elle avait le plus confiance. Contrairement aux arts mains nues, elle ne pouvait pas se servir de son touché pour combattre, et c'est ce qui lui avait posé beaucoup de difficulté au début. Mais c'est aussi ce qui lui avait appris le plus à ressentir non pas avec les sens, mais avec l'énergie que chaque personne et objet possède.
Mais elle n'avait jamais était aussi forte qu'aujourd'hui. Son arrivé ici avait changé bien des choses. La première étant son don : la controle du ki. Elle commençait à peine à prendre en main le ki au Japon, ici, elle le maîtrisait parfaitement. La deuxième est l'expérience. Jamais dans son ancienne vie n'avait-t-elle participé à un vrai combat, où le résultat pouvait être une question de vie ou de mort. Elle avait appris à s'adapter, à supporter l'aura parfois meurtrière de ses adversaires.

Yami était certes très forte, mais avec un sabre, Tsukiyo la surpassait sur bien des plans : la technique, la maîtrise de l'arme, le contrôle de soi, le ressentit des énergies... Si elle continuait à refuser d'utiliser son don, l'aveugle gagnerait. Elles le savaient probablement toutes les deux. Et Tsukiyo, au lieu de se reposer dans ce confort essaya de son mieux de la pousser dans ses retranchements.

C'était la première fois qu'elle désirait autant que quelqu'un se batte à son maximum contre elle. C'était la première personne sur Skies à qui elle voulait si ardemment prouver sa valeur. Et son appartement pouvait bien subir quelque dégâts pour ça.