▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu trembles, tu te mets sur la pointe des pieds, essaie d'apercevoir la scène. Tu ne vois rien. Tu tentes de te frayer un chemin mais te fais éjecter aussitôt. Hermès était là, sous le triste voile de la réalité et tu ne pouvais même pas le voir. Un mort. Des cris. Des pleurs. Mais tu ne sais toujours pas si il va bien. Inquiète, lorsque tu arrives finalement à observer la scène, il n'y avait plus rien à voir. Tu serres les dents, plisse les yeux. Ce n'était pas ton facteur préféré.. Mais une victime malgré tout. Tu te retournes, un dégoût évident sur le visage.

Trois jours. Trois jours que tu étais enfermée dans ton appartement à toujours cuisiner ce qu'il te restait dans tes armoires et à bouffer du chocolat.

Assise sur ta chaise, un coude sur la table et ton menton posé sur ta main, tu écris de bêtes lettres qu'on t'a demandé de copier avec une écriture différente. C'était ton boulot, c'est vrai. Depuis un moment déjà tu faisais ça. Alors pourquoi est-ce que tu n'y arrivais plus ? Tu chiffonnes la feuille et la jette dans ta corbeille déjà remplie. Tu tentes à nouveau avant qu'un bruit t'interrompe. Ta fenêtre ? Hermès. Tu penches la tête, entre-ouvres la bouche et te lève, engloutis les quelques mètres qui vous séparaient et ouvre la fenêtre.

« Hermès.. Je.. » Fais pas semblant, t'avais rien à dire, de toutes façons.

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu restes là, face à lui, impuissante. Tu le regardes, le contemple et tu attends. Qu'est-ce que tu attendais ? Ton regard dans le sien tu ne peux que lire toute sa douleur. Tu étais douée pour l'enfoncer et le taquiner, oui.. L'inverse était nettement plus difficile. Tu ravales ta salive. Tu attrapes délicatement sa main qui passe sur ta joue et l'entraîne à l'intérieur pour refermer la fenêtre. Tu lui indiques le canapé, comme pour l'inviter à s'asseoir.

« Tu veux quelque chose ? Un thé, un café, un soda.. ? »

Tu inspires. Tu n'aimais pas le voir comme ça. C'était douloureux. Pour lui, certes. Mais aussi pour toi.

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu le regardes, soupires. Qu'est-ce que tu pouvais faire ? Tu croises son regard. L'inquiétude te ronge. Quel était donc ce cœur brisé que toujours tu avais dit de pierre ? Qu'il soit à découvert était rare, tellement rare que surprenant. Tu restes là, un peu perdue, muette, à le regarder, à le voir, à l'entendre.. Est-ce que tu pouvais vraiment comprendre ? Non. Tu te contentais d'être là. Tu espérais que ce soit suffisant. Tu te mordis la lèvre inférieure. Devais-tu activer ton don ? Lui faire croire des conneries pour le soigner ? Tu baisses les yeux. Hors de question. Tu ne lui mentirais pas. Pas cette fois.

« .. Ne t'excuse pas. Pas envers moi. Et pas pour cette fois. »

Tu restes là, face à lui, tu gardes sa main dans la tienne, resserre ton étreinte doucement. Tu serres les dents et plisses les yeux. Batilda. Pourquoi est-ce qu'elle avait ordonné ça ? Pourquoi toute cette mise en scène ? Toutes ces histoires te torturaient depuis trois jours. Yubaba n'avait plus la même beauté illusoire qu'autre fois.. Tu te mords à nouveau la lèvre, passe le bout de ta langue dessus.

« Hermès... Je sais pas quoi te dire. Tu sais je voudrais pouvoir faire quelque chose comme ils font souvent.. dans les films ou des trucs comme ça. Mais j'ai jamais été douée pour rendre le sourire aux gens, faut croire. »

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu le laisses faire. Habituellement tu l'aurais rejeté. Pas question cette fois. Pour aller mal, il s'en sortait bien sans toi. Tu fermes les yeux, soupires, écoutes son cœur et l'enlaces. Tendrement tes bras resserrent leur étreinte pour te prouver à toi-même qu'il était là; qu'il n'avait pas disparu; qu'il était vivant. Tu inspires un bon coup puis soupires.

« Désolée. »

Tu le gardes tendrement contre toi, sans te gêner pour le serrer, bien que tes fins bras n'auraient pas pu avoir l'étreinte que tu aurais préféré qu'il aie. Parce qu'il la méritait. Plus que n'importe qui. A n'importe quel moment.

« Tu as le droit d'être faible, toi aussi, tu sais ? »

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Hermès.. Pleurait ? Tu entre-ouvres la bouche, un peu au dépourvu. Que pouvais-tu faire de plus. Tu fermes les yeux, refermes tes lèvres et le serres doucement contre toi. Tu n'étais pas dans ton élément. D'habitude, la tendresse, tu la laissais aux faibles. Mais là.. Là, tu étais obligée. Parce que tout son être te criait de l'aider. Parce que jusqu'à ses plumes, il était en deuil. Tu inspires. Tu expires. Ton souffle caresse son cou. Tu attrapes de tous tes doigts le tissu sur son dos.

« Je suis là maintenant. »

Tu fronces les sourcils. Tu te sentais coupable. Coupable de ne pas avoir été là directement, coupable de n'avoir rien vu. Tu te sentais coupable d'être aussi impuissante. Quelle était donc cette facette de toi ? Tu la détestais. Mais tu étais obligée de la montrer. Parce qu'il était mal.  

« Qu'est-ce que je peux faire ? Dis-moi. Tout ce que tu veux. »

Tu t'aventurais sur des chemins dangereux, jolie Phèdre.

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu te mords doucement la lèvre inférieure. Que devais-tu faire, sincèrement ? Perdue, tu ne comprenais plus. Tu passes ta main sur sa nuque et tu soupires. Tu ne pouvais pas perdre. Pas maintenant, pas comme ça. Ou peut-être comme ça. Mais pas maintenant. Ça ne se reproduirait pas, hein ?  Tu serres doucement les dents et plisses les yeux.

« Je suis pas douée pour ça, tu devrais le savoir, à force. »

Tu inspires un grand coup, remplissant tes poumons qui gonflaient ta poitrine. Tu passes ta langue sur ton palais en cherchant quelque chose à dire, à faire, peut-être.   

« C'est peut-être pour ça que le monde va si mal ? Parce que mon amour n'est pas assez présent ? »

Tu oses un sourire, peut-être pour alléger ses plumes. Tu te recules un peu, le regarde dans les yeux. Tu aurais bien voulu l'embrasser, le prendre dans tes bras, le garder contre toi. Sauf que tu avais une fierté. Et tu ne serais pas à lui. Parce qu'il ne comptait pas être à toi. C'était ce que tu te disais, en tous cas.

« Ça ne me dit toujours pas ce que tu veux, en soi. »

▽ Lorsqu'Arès est passé par là..

Tu te figes, un sourire nerveux apparaissant sur tes si douces lèvres convoitées. Tu te retournes, ravales ta salive sans un bruit. Tu oses un rire, pas de moquerie, juste de gêne. Pourtant, pas une seule couleur rose sur tes joues.

« Tu m'en demandes trop, tu sais ? »

Tu relèves doucement la tête, tes cheveux attachés caressant ton dos. Tu ne savais pas quoi faire, pas quoi dire, encore moins quoi penser. Tu te retournes et le regardes dans les yeux tandis qu'une de tes canines vient attraper le bord de ta lèvre tendrement. Tu approches lentement, lui prends une main tandis que ton autre passe derrière sa nuque. Tu rapproches son visage lentement. Ton souffle caresse ses lèvres.

« Garde-le précieusement, d'accord ? »

Vos lèvres s'unissent. Tu le ravis d'un baiser, le lui voles sans le lui arracher, agrippes sa nuque pour qu'il t'appartienne un peu plus à chaque seconde. Tu lui partageais une partie de toi tout en la gardant secrète.