Schrödinger était parti en vacances, ne se souciant pas vraiment des actualités. Après tout, quand il était enfant sur Terre, il y avait eu des guerres, et sa mère avait tout de même tenu à lui offrir quelques jours de vacances. Il avait donc emballé en vitesse quelques outils, des slips à la propreté douteuse, des chaussettes excentriques et des chemises rayées, ses poissons et de la nourriture pour poissons, et était parti. Le chemin depuis la terre des exilés avait été long, il avait fait du stop, avait parfois eu du mal à traverser les frontières, mais était arrivé: la mer. Il se permit alors d'oublier le chat, juste pour ces quelques jours. Il avait couru vers la mer, posé son gros sac-à-dos, enlevé son pantalon, sa cravate et sa chemise et avait foncé vers la mer en brandissant son bocal à poissons rouges.
Il était fier que ses petits amis fassent leur premier bain de mer. Il aurait voulu qu'ils nagent directement dans la mer, mais n'étaient pas inconscient. Il avait pris soin de fermer hermétiquement le bocal, pour qu'ils puissent voir la mer sans être en contact avec le sel mortel. Pour profiter de la même vue, il avait pris une paille qui lui servait de tuba et comtemplait avec eux l'océan. Il s'ébattait avec joie, titillant les crabes aux profil grec, les petits bancs poissons, les algues, les coquillages, ...
Au bout d'un moment, le roux avait commencé à avoir froid. Il remarqua que ses doigts étaient fripés et décida de laisser le faible courant le ramener vers la côte. Il ferma ses yeux rougi par le sel et laissa la mer le porter, pour s'échouer comme un phoque mort au bord de l'eau.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, sa tête reposait sur des orteils imberbes. Schrödinger ressentit aussitôt une pointe de jalousie, lui qui avait toujours été complexé par les drôles de poils roux qui poussaient comme des algues sur les siens. Il leva les yeux vers l'homme à qui étaient accrochés de si jolis orteils. C'était un vieillard. Marqué par son enseignement qui l'obligeait à respecter ses aînés, Schrödinger se leva prestement et salua respectueusement le vieil homme: "Monsieur, veuillez m'excuser d'importuner ainsi vous orteils, j'étais tranquillement en train de m'échouer sur la plage sans voir que cela vous importunait." Il risqua un coup d'oeil au visage de l'homme-aux-beaux-orteils. Il n'y vit pas la moindre ride, ce qui le surprit. Puis il remarqua les yeux rouges et les larmes. Cet homme se droguait-il? Mais, c'était mal! Il fallait le dissuader de continuer: "Monsieur, je tiens à vous prévenir que malgré vos soixante ans, vous avez toujours l'air très jeune et qu'il ne faut pas céder aux tentations de la drogue, du suicide ou de choses comme ça. Vous pouvez même vous baigner. Et si vous pleurez parce que vous êtes pauvres, sachez que votre crème anti-rides peut se vendre comme des petits pains si vous voulez mon avis. C'est quoi votre secret?" En fait, il était franchement intéressé. Il voyait bien cette crème anti-rides arrêter la guerre entre les royaumes. Après tout, si la Reine Rose n'avait pas testé ses produits cosmétiques sur les Ogino cachés sous le palais, l'attentat n'aurait pas eu lieu. Et les exilés ne se seraient pas révoltés puisque les vieux n'auraient plus l'air vieux et pourraient regagner leur royaume.