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 When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥

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MessageSujet: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 26 Oct - 21:22








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était un jour, celui où tes pas te menèrent dans la terre, celui où ta gueule ouverte cherchait la proie traquée. Tu traquais, oui, de ta démarche lente et silencieuse, ton pelage effleurant les feuillages, se parant de l’humidité matinale, d’une rosée scintillante et fade à la fois. Tes iris parcouraient, éveillées par ton instinct, ces rares contours boisés, en quête d’un indice, d’une goutte de sang, d’un regard furtif de la dite proie. Tu te laissais même aller à ce jeu, le jeu de la faim, d’un animal sans conscience. Tes oreilles se dressèrent sur ton crâne, ton poitrail se gonfla sous ta lente et profonde inspiration, et tu le vis. Un daim, à la patte blessée, légèrement relevée, ses grands yeux d'ébène se posèrent dans les tiens, pour mieux commencer à déguerpir entre les rares arbres composant le domaine. Ton allure s’accéléra, ta respiration devenant haletante. Tu te focalisais sur ces visions, sur le sang dégoulinant de tes mâchoires, sur le goût de la viande crue, d’un ventre plein. Tes muscles te provoquaient une douleur sans faille, une souffrance si constante ces derniers jours, qu’elle te permettait de chasser, de rester debout, de vivre avec cette faim dévorante. Tu te moquais bien de te fracasser contre l’écorce d’un chêne, tu te fichais des branches griffant ta peau, tu n’avais que ce daim en tête, cette source de survie. Monstre parcourant ces terres, monstre sortant de ces rares arbres à la poursuite de l’animal, monstre qui glapit, s’écroulant dans ces herbes. Le daim finit par fuir, sans un regard. Un autre prédateur reprendrait ta traque, un qui n’était pas piégé entre des mâchoires de fer. Tes yeux observaient le daim fuyant une dernière fois, avant de se focaliser sur le piège croquant ta patte avant ; tes crocs se découvrirent, et un grondement s’extirpa de ta gorge.

« Saleté… »

Un Homme avait placé cet attrape-nigaud, mais pourquoi ? Je m’en voulais de m’être laissée avoir par une telle idiotie. J’avais pour habitude de réfléchir avant d’agir, au contraire de mes confrères canins. J’évitais ce genre de pièges d’une gestuelle sereine et légère. Mes oreilles se plaquèrent sur mon crâne, et je me suis avachie, pour observer ma plaie. Visiblement, il n’y avait rien de particulièrement cassé, mais la souffrance empoisonnait ma peau, et de fines gouttes de sang perlaient sur la terre meuble. J’ai fini par examiner les horizons, posant mes yeux sur une balançoire sans intérêt. Y avait-il des enfants ? Cela pourrait expliquer le piège. Aucun prédateur aux alentours pour me prendre pour cible, mais il fallait faire vite. Je ne préférais pas rester dans cette situation qui ne me plaisait guère ; coincée, fatiguée, affamée et boitillante.

Je me remis debout, attrapant l’une des mâchoires de métal de mes crocs pour l’écarter, abimant ma gencive, et retira très vite ma patte, sur laquelle le piège laissa quelques souvenirs peu gracieux. Kalice, il est temps de partir, il est temps de fuir, de courir, de s’échapper de cet endroit trop visible. On pouvait te voir, tu le savais n’est-ce pas ? Et pourtant…Tes iris fixaient l’endroit, tu t’assis doucement sur l’herbe pour retenir ce paysage si humain. Avais-tu mal ? Oui, tu avais mal, tu souffrais mais pourquoi ? C’était ça le plus douloureux ; tu ne savais pas pourquoi tu avais mal au cœur. Un gémissement canin sortit d’entre tes babines, et tu revins à la réalité, cette regrettable…réalité.

Ma langue lécha la plaie quelques instants, pendant que je pensais. J’avais faim, trop faim. Mais je préférais chasser, plutôt que de m’approcher des Humains, par simple désir de ne pas leur obéir, de ne pas être un monstre que l’on pointait du doigt. J’aimais me penser indifférente à tous ces regards méfiants, je savais m’y faire, mais ça blessait toujours autant, toujours. Il valait mieux être seule, veiller à ses besoins, se consoler soi-même, effacer ses propres doutes. Je ne devais pas faire confiance, comme on ne pouvait se fier à mon existence.

Une forte odeur vînt à ton museau. Tu fronças ce dernier, et releva immédiatement la tête, tes pupilles se rétractant pour mieux percevoir ton environnement. Le soleil s’était levé, effleurant la scène de sa lumière. Il y avait un Homme, et ton poil se hérissa sur tes épaules, sans que tu ne montras les crocs. Tes muscles étaient aux aguets, attendant ton ordre de fuir, de t’échapper, de te cacher entre les rares broussailles. J’attendais. J’attendais un simple geste menaçant, une nuance dans ce regard. Mais l’individu n’était pas encore assez près pour que je le perçoive, visuellement parlant. Par contre, son odeur prenait à ma gorge, trop forte, trop variée, un humus de peinture et d’été mêlés. Mes oreilles s’orientèrent vers cet être, quémandant le moindre bruit suspect. Dis-moi, Kalice, dans ce regard bleuté, aussi profond que l’abîme, pouvais-t-on lire de la peur, ou de la curiosité, de la froideur, ou bien l’attention tant souhaitée ?


Dernière édition par Kalice le Mar 19 Nov - 18:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 26 Oct - 21:51


The thing is, i just don't need anything.


Il se frotte les yeux, ouvre les paupières, regarde l'étendu du désert par la grande fenêtre couvrant tout un mur en face de son lit. Puis il se redresse, passant ses mains dans ses cheveux pliés par le sommeil, son visage reposé, son torse nu. Même s'il ne fait pas encore jour, il se sent prêt à attaquer une toute nouvelle journée de sa vie. Il se lève, traverse son salon dans lequel se trouve son lit et va prendre une douche pour se sortir l'esprit du matelas. Puis il sort, prépare un thé pour plus tard, ses cheveux encore mouillés trempant son dos. Mais bon, il s'en fiche un peu.

Ace a toujours été quelqu'un qui aime sa liberté, et qui préfère largement vivre seul à la lisière du désert aride plutôt qu'en pleine cité grouillant de monde. De toute façon, il n'y est pas habitué, au monde, puisque personne ne vient vraiment directement vers lui pour lui parler. Ça par contre, il en a prit l'habitude, et fait tranquillement sa petite vie avec. Bim bam boum on y va, Ace s'habille banalement, pantacourt et débardeur, une veste simple plus pour le principe que pour le froid, des mitaines en cuir et pieds nus. Paf pouf, il sort, son carnet de dessin à la main, ne ferme même pas la porte et traverse son champ de blé pour chercher son petit déjeuné, pas vraiment loin d'ici, le soleil allait bientôt se lever, il y serait pour l'observer.

Il marche vite, rien de bien intéressant, il immortalise quelques plantes, un lapin cherchant des graines, un oiseau qui passe dans le ciel, tout ça sur son papier, un léger sourire aux lèvres.
Il fait le trajet sur les mains, sur les genoux, en courant, en tournant. De toute façon il s'en fout, il est seul à marcher sur le sable frais. Et même si quelqu'un l'accompagnait, qu'est-ce que ça pourrait changer ? Absolument rien ! Il sera toujours comme ça, à danser avec le vent, pieds nus dans le sable.
Il est à mi-chemin, il croisa la route d'un daim, l'air épuisé, il boitait en sa direction. Puis il le remarqua, les yeux ouverts par la peur. Il ne bougea même plus. Ace souffla lentement par le nez, celui-ci, il le connaissait, et le reconnaissait par la forme de ses bois. Passant d'un côté enthousiaste qui ne tient pas en place à un autre très calme, posé et attentif, un petit son sortit de ses lèvres, un son qu'il avait longtemps pratiqué afin de pouvoir communiquer avec certains animaux à force de les croiser. Son ancien ami redressa les oreilles en avant et marcha, déterminé, vers l'humain, afin de coller son museau humide contre sa joue chaude. Le garçon lui frotta l’encolure en fermant les yeux, puis s'écarta à nouveau. Il plongea son regard dans celui de l'animal, il n'y vit que de la peur et de la souffrance. Penchant la tête, il s’aperçut qu'il était blessé à une patte. La plaie ne saignait pas beaucoup, mais le membre était tordu. L'homme soupira en croisant le regard de son ami, qui semblait lui implorer de l'aide.

« D'accord, ne bouge pas, et attention. »

De ses mains, il attrape l'articulation de la patte arrière, caresse un peu le muscle, puis tient fermement le membre avant de le remboîter rapidement, dans un claquement sec. Le daim bondit mais pas plus d'une fois. À présent, il peut plier la patte à nouveau.
Pendant ce temps, Ace avait enlevé son débardeur et en avait déchiré un morceau, prenant soin de ne pas le tacher de peinture. Il en entoura la plaie et frotta la tête de l'herbivore, lui faisant signe de partir. Dans quelques jours, s'il était encore en vie, Ace le recroiserait, et lui retirerait le bandage. Il fourra le reste du tissus blanc dans une poche et reprit sa route plus calmement.
L'endroit qu'il tentait de rejoindre n'était plus très loin, le peintre coinça son carnet dans son pantalon et  reprit une marche normale, mais rapide, avec ses longues jambes. Devant lui, quelques arbres, quelques buissons, de l'herbe. Puis se dessine une tache blanche dans ce paysage sombre. Ace plisse les yeux. C'est un loup.

À la vue de l'animal assit dans l'herbe, juste à côté d'un buisson sans presque aucune feuilles, l'humain s'arrête, à une bonne quinzaine de mètres. Les yeux écarquillés, la poitrine se soulevant plus rapidement, plus fort, l'homme est impressionné. L'homme ne pensait jamais, jamais, voir un loup blanc de sa vie, un petit matin comme celui-ci, là où il cherchait son premier repas de la journée. Puis il se reprit, un peu, mais ne bougea pas, plongeant tout de même ses yeux dans ceux de l'animal. Ses yeux bleus. À la fois fasciné et craintif, le jeune homme fit un pas en avant, et remarqua, grâce à la pâle lumière que fournissait déjà le soleil, que le loup avait lui aussi une paire de prunelles bleues, beaucoup plus pures que les siennes. Il ne put se retenir de sourire, cet animal était magnifique. Cependant, il ne fit pas un pas de plus et maintint le contact visuel, s'asseyant en tailleur dans l'herbe couverte de sable noir, ayant complètement oublié la raison de sa venue. Calmement, il piocha son carnet de feuilles dans son dos, prit le petit crayon posé sur son oreille gauche, et esquissa ce qu'il observait, y ajoutant brièvement de la couleur avec le bout de ses doigts, avec de la peinture légère, très diluée. Avec de l'aquarelle. D'un main experte, Ace jouait avec les lumières, les formes, un expression douce et calme arborant son visage.






Dernière édition par Ace le Dim 27 Oct - 0:59, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 26 Oct - 21:59








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était deux fois, ton regard dans le sien. Un bleu des cieux contre les profondeurs du cœur. Les tiens reflétaient la méfiance, les siens une conscience. Cet humus fort empoigna de nouveau ta poitrine, des questions par dizaine se posèrent à ton âme perdue. Qui ? Quand ? Comment ? Qu’était cet Homme pour ne pas partir dans l’autre sens ? Est-ce que son absence de peur t’effrayait ? Était-ce lui qui avait posé ce piège désormais à tes pattes ? Ta respiration se fit doucement plus accélérée, et lorsqu’il avança d’un pas, tu reculas d’un autre plus précipité, une oreille couchée sur ton crâne. Tes pupilles dilatées attendaient encore un geste, car tu savais, oui, tu savais avec peine que ceux qui ne fuyaient pas, étaient ceux qui souhaitaient, ou bien te faisaient mal. Et aussi bien physiquement que mentalement, tu en avais assez de la douleur, assez de la faim qui te tenaillait, assez de cette question te faisant horreur. Et si…Et si tu pouvais dévorer un homme ? L’animal prit à peine le dessus sur ta conscience, assez pour t’éveiller et détourner le regard quelques instants. Ô Kalice…Tu semblais si perdue entre tous tes choix, entre celui de fuir pour continuer ta voie, et celui d’attaquer pour te protéger. Tu laissas pourtant une possibilité bien secrète de côté ; et s’il ne voulait pas te blesser ? Oui, il était deux fois.

J’ai reposé mes iris sur le jeune homme, et posa ma patte blessée au sol, de telle sorte que je pouvais faire demi-tour en un rien de temps. Néanmoins, ce serait gaspiller de l’énergie, et l’individu, lui, n’avait pas l’air menaçant. Je devais d'être méfiante, mais des minutes passèrent, et il resta assis là, sans rien faire, si ce n’est quelques gestes sur…du papier ? Son regard n’était pas dangereux, il ne me fixait plus, ou bien par intermittence, et ça me surprenait. Pourquoi ne m'observait-il pas ? J’aurais pu lui sauter dessus et tenter de l’égorger. Évidemment, ce n’était pas mon intention, mais sa manière d’agir était surprenante.

Je repris place, assise et droite, et continua de l’examiner. Il était grand, bien trop grand pour un homme normal, assez grand pour m’intimider. Mon odorat me jouait encore des tours, mais je m’habituais à l’épaisse humus qui l’entourait. Tu remarquais chaque nuance dans son visage, dans son torse, tu fixais ce dernier, en quête d’un battement de cœur pouvant le démentir, mais non, rien, rien sauf de l’assurance. Cette assurance te menaçait et t’animait d’une curiosité que tu pensais bien enfouie. Cheveux d’ébène, encadrant un visage aux tâches rousses, un visage plus intéressé par le papier que par ce qui se passait autour. Bon sang…Qu’il y avait-il sur ce papier de tellement fascinant ?! Cela te blessait-il, d’être ainsi ignorée ? Voulais-tu être observée ? Kalice, cela ne te ressemblait pas, point du tout. J’ai fini par le tatouage sur son bras, par les pinceaux le déguisant, et puis…Une odeur.

L’odeur du daim l’enveloppait. Prédateur contre prédateur. Malgré son immobilité, et désormais la certitude qu’il n’allait pas me sauter dessus pour me frapper, je suis restée sur place. Il avait quelque chose d’étrange, une étincelle que je n’avais pas trouvé chez les autres Hommes. Était-ce de la candeur, ou bien son assurance et absence d’action qui me trompaient ? Mes oreilles se plaquèrent sur mon crâne, et j’ai plissé les yeux. Même s’il était impossible, désormais, de croire qu’il aurait pu placer ce piège, il pouvait encore jouer la comédie, n’est-ce pas ? Tu souhaitais tant ne pas douter, tu voulais tant te rassurer. Croire. Oui. Croire que tu avais raison. Qu’il allait te frapper, ou tenter de te tuer, ou bien qui sait…de souhaiter. Un frisson fit mouvoir ton pelage, et ton échine courbée redevint droite. Une quinzaine de mètres nous séparait, je me suis rapprochée de cinq mètres, histoire de ne pas avoir besoin de crier, histoire de l’entendre, mais assez loin pour déguerpir à toutes enjambés, malgré le peu de force qu’il me restait. J’ai doucement boité, lentement, sans le quitter des yeux, et reposa mon arrière-train. Mon regard réussit à capter ce qui m’intriguait ; il dessinait. D’un ton cynique, j’ai sorti avec tout le naturel du monde :

« Dis-moi, tu fais souvent ça lorsque tu croises un prédateur ? T’asseoir au lieu de fuir ou de te protéger ? Si tu croisais un ours, je ne pense pas qu’il ferait la même chose. »

Tes muscles restèrent contractés, attendant un geste, tes oreilles aux aguets, et tes yeux plantés dans les siens, imperturbables. Les siens était si bleus, ils me rappelaient les profondeurs de ma torpeur.


Dernière édition par Kalice le Mar 19 Nov - 18:55, édité 1 fois
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When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Empty
MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 26 Oct - 22:08


The thing is, i just don't need anything.


Tandis qu'il dessinait, l'animal le regardait. Et lui, il continuait, complètement absorbé par ce qu'il faisait. Il n'avait pas du tout pensé que, peut-être, ce loup pourrait lui sauter à la gorge. Pas une seule seconde. Il s'était juste dit que c'était une occasion à ne pas manquer, unique, irréelle. Mouvant habilement ses doigts fins sur le papier, les traits de la bête sauvage se dessinaient rapidement, et elle prenait vie en couleurs. Dès qu'il relevait les yeux, la silhouette avait un peu bougé. À un moment, il vit qu'elle s'approchait. Il vit plus en détails ses yeux, pattes, museau, fourrure. Baisser le regard lui était impossible, il était subjugué, et au fond de lui, son cœur battait très vite, comme pour le préparer, lui dire commencer à fuir, plus vite, lève-toi, cours ! Non. Il ne bougea pas, pas même un doigt. Fixant les prunelles bleues du loup. Et il parla. Pourtant le garçon n'avait pas bougé ses lèvres. C'était les babines de l'animal qui se mouvaient.

« Dis-moi, tu fais souvent ça lorsque tu croises un prédateur ? T’asseoir au lieu de fuir ou de te protéger ? Si tu croisais un ours, je ne pense pas qu’il ferait la même chose. »

Ace écarquilla les yeux, sa bouche s'entrouvrant de stupeur. Déjà qu'ils n'étaient séparés que de presque une dizaine de ètres, un espace suffisant au jeune homme pour être littéralement sur le cul, il avait fallu que ce loup puisse parler. La voix douce et claire qui sortait de sa mâchoire en mouvement était la chose qui l'avait le plus étonné depuis sa naissance. Une voix féminine sortait de cette gueule pleine de crocs, formait des mots, qu'ils entendait sans comprendre. Du moins, pas tout de suite. Il était tellement choqué que son crayon tomba de sa main, roula sur ses feuilles jusqu'au sol. Comme si le peintre s'en souciait. Il ferma la bouche, et fronça un peu les sourcils, comme légèrement remit de son choc, une longue minute plus tard. Hésitant, il avait tant de questions, il n'osa en poser qu'une, un peu stupidement, mais de sa voix grave habituellement enjouée.

« Je. Je ne sais pas, sûrement, si je peux le dessiner. Est. Est-ce que tu... es une vraie louve sauvage qui parle ? »

Oui, une louve. Car la voix qu'il avait entendu ne pouvait appartenir à un mâle. Il n'osa absolument rien faire de plus, rien bouger. C'était presque s'il osait respirer, alors que son cœur frappait contre sa poitrine nue. Devait-il se lever pour fuir ? Certainement pas, il n'en avait pas envie, il était simplement... impressionné. S'il pouvait bouger ses oreilles elles seraient couchées vers l'arrière. Comme Simba qui voit les gnous arriver en plein dans sa petite face de lionceau. Au bout de ce qui lui sembla durer des heures, Ace réussit tout de même à cligner des yeux, baissant son regard pour observer le corps de l'animal. Son cou, son poitrail, son ventre, ses pattes avant. L'une des deux saignait, un peu, comme si elle avait été mordue par quelque chose. Le peintre voulu tendre le bras pour examiner la blessure mais n'arrivait pas à bouger, encore sous le choc. En plus, elle était beaucoup trop loin.
Il ferma la bouche, reprenant un peu ses esprits, il observait le corps de la louve. Elle était maigre, mais ses muscles étaient visibles sous son pelage blanc qui semblait doux et lisse, surtout dans la zone du cou. Cet animal était forcément sauvage, vu sa carrure, elle ne pouvait pas dépendre d'humains ou de leur chasse, elle était visiblement solitaire et devait se débrouiller. Mais pourquoi diable parlait-elle ? Ace se demanda alors soudainement, était-il possible que des animaux possèdent des pouvoirs dans ce monde ? Après tout, les humains étaient des animaux comme les autres, pourquoi un chat, un vers de terre ou un loup ne pourrait-il pas contrôler le feu, devenir invisible ou pouvoir changer d'apparence ? Le garçon se dit qu'il aurait voulu étudier cette question, mais peut-être dans une autre vie, il ne savait tout simplement pas comment y répondre maintenant.
Son attention se recentra sur la louve elle-même, et son regard recroisa le sien. Le choc d'Ace s'était dissipé, car elle le regardait sans rien dire, car elle semblait attendre que lui parle. Tout en sortant le morceau restant de son débardeur, il lui demanda d'une plus assurée et douce.

« Je ne suis pas là pour faire du mal à qui que ce soit. Je vois que ta patte est blessée, il la pointa du doigt, tu veux de l'aide pour arrêter le saignement ? »

Il termina sa phrase par un léger sourire.






Dernière édition par Ace le Dim 10 Nov - 20:10, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 26 Oct - 22:49








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était trois fois, trois fois où tu fixais son regard, pour mieux l’éviter. Trois fois durant lesquelles, tu décidas enfin à murmurer, murmurer quelques mots cyniques. Tu t’attendais à le voir fuir, à le voir lever la main pour te frapper, à te jeter quelque chose à la gueule, mais rien, non rien, si ce n’est la surprise. Il ne semblait pas effrayer, et tu fixas le crayon roulant sur le papier, puis sur le sol. Ses lèvres s’entrouvrirent, aucun son ne sortit. Alors, pourquoi ton cœur battait-il, Kalice ? Peut-être car tu attendais, d’une impatience fatidique, de l’effroi et de l’envie mêlées de le voir réagir, oui, qu’il fasse quelque chose, n’importe quoi pour te sortir de ton état d’instabilité chronique ! Tes oreilles se plaquèrent contre ton crâne, tes yeux respiraient une certaine inquiétude, et tu te préparais à t’en aller. Tu étais…De plus en plus sûre…Rongée par cette infâme conviction, qu’il allait te chasser, ou tenter de te tuer. Tu soulevas doucement ton corps, prête à trottiner, à t’éloigner et puis, sa voix grave brisa le silence, et ta résolution semblant tant réfléchie.

« Je. Je ne sais pas, sûrement, si je peux le dessiner. Est. Est-ce que tu es…une vraie louve sauvage qui parle ? »

Je restais dans cette position de départ, mes muscles cessant doucement de se contracter, malgré mon avertissement pensif. Et s’il jouait la comédie ? Sa voix n’était pas menaçante ou apeurée, il avait l’air surpris, enjoué, pourquoi me semblait-il quelque peu ingénu ? Pourquoi avais-je l’impression qu’il n’était pas apte à faire couler le sang ? Cette odeur de peinture - oui je la reconnaissais maintenant - me cachait les autres, celle de la méfiance, de l’effroi…De tant de sentiments. Se jouait-il de moi ? Il semblait inapte à ce genre de gestes calculés. Mais pouvais-je autant lui faire confiance ? Kalice, tu te remémoras l’une de tes règles d’or ; ne faire confiance qu’à soi-même. Malgré tout, tu murmuras, d’une voix cynique au début, se transformant en pure hésitation. Vraie louve ? Si tu avais des lèvres humaines, tu les mordillerais tant tu ne saurais que répondre. Tes yeux se baissèrent vers le sol.

« Tu ne feras pas long feu…Je suis…Je parle oui. Ça ne te fait pas peur ? »

Tu n’arrivais pas à te fondre dans cette réalité semblant vérité. Pourquoi ne voulais-tu dire louve, Kalice ? Tu en étais une, tu avais le pelage, les crocs, les manières, l’instinct, pourquoi n’y arrivais-tu donc pas ? Je ne sais pas. Les meutes m’ont toujours chassées, sans m’accepter, les hommes m’ont cherché pour certains, ou bien poursuivi. Je n’étais pas un canidé normal, ni une humaine, j’étais un entre-deux, je le sentais, je n’étais pas si louve que ce que je prétendais. Alors pourquoi, pourquoi étais-je dans ce corps, avec une telle conscience ? Qu’étais-je au juste ? Un amas perdu, Kalice, un puzzle à la pièce manquante, une idée sans ancrage, un bateau échoué sur le rivage, un être de passage, mais tu ne te l’avoueras jamais, Kalice, jamais.

« Je ne suis pas là pour faire du mal à qui que ce soit. Je vois que ta patte est blessée, il la pointa du doigt, tu veux de l’aide pour arrêter le saignement ? »

Par instinct, à la simple possibilité de voir cet Homme s’approcher de trop près de moi, j’ai découvert mes crocs. La faim dérangeait mes idées, mes décisions, ma pensée en elle-même, je savais juste que pour ma survie, il ne fallait pas qu’il m’approche. Le souhaitais-tu vraiment Kalice ? Mes babines reprirent leur place habituelle, et une expression stoïque, quoiqu’un peu pensive, se dessina sur mon faciès. Il disait ne pas me faire de mal, et sa voix enjouée me surprenait - me calmait ? - au point que je doutais. Je ne savais pas. Et s’il mentait ? Un Homme ment toujours. Mais je pouvais le laisser s’approcher, au pire, au moindre geste suspect, je montrais les crocs et grondais afin de l’éloigner. Mes iris examinèrent ma plaie, sans réelle profondeur, mais si elle s’infectait, je ne pourrais pas courir…Et j’avais faim, si faim. Un frisson parcourut mes épaules, et d’un geste hésitant j’ai levé ma patte blessée vers lui. Kalice, l’autorisais-tu à t’approcher ? Tes oreilles restaient plaquer contre ton crâne, tes pensées fusaient et se rencontraient, toujours dans l’impasse. Qui était-il ? Pourquoi ses réactions t’étaient-elles inconcevables ?

J’ai de nouveau parlé, m’étonnant d’être plus versatile que d’ordinaire, d’un ton légèrement menaçant. J’observais son sourire, ses manières, le tissu entre ses mains et finalement ses yeux, si bleus.

« Je te préviens…Au moindre geste suspect, je te fais mal, avant que tu ne me fasses mal. »

Je me rassurais, à réagir ainsi, à montrer un peu de sauvagerie, de réticence. Était-elle réelle, Kalice ? Pose-toi bien cette question, Bête, car elle risque de te revenir tant de fois à l’esprit, que tu risques d’être hantée à jamais. Oui, ça te calmait d’installer cette menace de sécurité, mais en vérité, Kalice, mon tendre monstre, tu ne l’aurais jamais blessé, sauf s’il l’avait souhaité.


Dernière édition par Kalice le Mar 19 Nov - 18:56, édité 1 fois
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When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Empty
MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeMar 29 Oct - 18:31


The thing is, i just don't need anything.


Il vit que la louve découvrait ses crocs, mais rapidement ses babines noires retrouvèrent leur place. Son cœur n'eut pas le temps de se serrer, elle ne semblait pas si réticente. Peut-être pourrait-il s'approcher plus près, peut-être pourrait-il passer sa main dans sa fourrure. Peut-être. Le temps d'espérer, et ses mâchoires se mouvaient à nouveau, tandis qu'elle levait son membre blessé. Il l'écouta, son regard plongé dans le sien.

« Je te préviens…Au moindre geste suspect, je te fais mal, avant que tu ne me fasses mal.»

Ace poussa un soupire très léger, imperceptible, il préférait cette réponse qu'une autre. Son sourire s'agrandit, il se leva en s'aidant de ses bras, ses genoux craquèrent, comme toujours, ses genoux avaient toujours fait ce bruit depuis le début de son adolescence, à chaque fois qu'il se levait, crac. Il s'y était fait, comme à beaucoup d'autres choses. Il étira ses jambes et laissa son carnet derrière lui, l'oubliant totalement lui aussi après le but de sa venue en ces lieux. Il fit un pas, puis une dizaine d'autres, en direction de la louve, pas trop vite quand même. Puis le garçon s'accroupit, faisant à nouveau grincer les articulations de ses longues jambes, et se saisit délicatement de la patte avant de l'animal.
Tout en bandant sa patte blessée, sans quitter la plaie des yeux, il lui dit d'une voix calme.

« Non tu ne me fais pas peur, tu es comme moi, tu fais partie de ce monde. Tu as des crocs et des griffes, je suis grand et j'ai des mains, chacun ses qualités. »

Ce qu'il disait, Ace le pensait fortement. On naissait tous faible, petit, les yeux collés et le corps tout moche. Tout ce qu'on était après la naissance était différent certes, mais à la base, on était tous l'enfant de quelqu'un qui avait tout à apprendre. C'était de cette façon qu'Ace voyait les choses, chaque être étant égal, il n'avait pas à avoir peur des inconnus, juste à apprendre à les connaître. S'ils s'avéraient agressifs, il les éviterait. Et des fois Ace justement, il se dit que ça serait bien que d'autres pensent de la même façon, d'autres humains en tout cas. Ça ferrait quelques cons en moins. Mais ça il n'y pense pas trop, aux autres, il s'en fout un peu globalement. Revenons à nos moutons.

Une fois le bandage terminé l'homme lâcha la patte de la louve sans rien dire, son sourire revenu sur son visage, l'air content de lui. Il s'assit, à l'endroit même où il se trouvait, et observa bien plus en détails la louve. Il devait lever la tête pour voir correctement sa gueule et en y pensant, il remarqua alors qu'elle était plus grande et imposante que n'importe quel autre loup qu'il avait croisé. Décidément il était tombé sur un bien étrange animal.
Ace, dont le visage avait retrouvé une expression neutre, releva alors subitement les yeux pour plonger une nouvelle fois son regard dans ses prunelles bleues. Sans s'en rendre compte, et comme il le faisait souvent, il sondait les ressentis de la personne en face de lui au fond de ses yeux. Il avait toujours fais ça. Sauf qu'ici ce n'était pas une personne. Ou peut-être que si. Tandis qu'il observait, il ne put se retenir et du paraître un peu surpris le temps d'un instant. Car une pensée venait de traverser son esprit. Tout comme la bête pourrait être dotée d'un don depuis sa naissance en tant que louve, elle aurait aussi très bien pu recevoir ce don sous forme humaine. Dans ce cas pourquoi vivre ainsi, sauvage, seule, probablement nomade et éloignée de tout. Mais ça semblait même plus plausible puisque le garçon n'avait jamais croisé personne d'autre que des Hommes dotés de pouvoirs. Ace secoua légèrement la tête de gauche à droite. Il avait toujours des idées farfelues et se laissait emporter par ses pensées, un trop gros flux d'imagination en gros. S'il ne s'était pas repris il aurait très bien pu continuer dans sa lancée et s'inventer toute une histoire autour de beaucoup de personnages.

Ace soupira par le nez, faisant disparaître ces pensées bizarre de son cerveau, tout en jetant un rapide coup d’œil à la plaie qu'il venait de panser. Son ancien débardeur déchiré était maintenant légèrement taché de sang, au moins, le saignement s'arrêterait bientôt. Il voulu dire quelque chose, se ravisa, la bouche déjà entre-ouverte, puis changea à nouveau d'avis, tout en croisant ses bras sur sa poitrine.

« Comment t'as réussi à te faire ce bobo ? » dit-il d'une voix sérieuse, mais pleine de curiosité.

C'est vrai que ça l'intriguait un peu, déjà deux animaux qu'il croisait blessés, son visage reflétait l'inquiétude, il espérait juste que des braconniers ne saccageaient pas la faune du désert et de ses alentours. Son regard était fixé sur un point qu'il semblait être le seul à voir, l'air pensif.





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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeMer 30 Oct - 19:34








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était quatre fois, quatre fois où tu l’observais se rapprocher, ton cœur battant plus fort dans ton poitrail, ton instinct te criant de fuir aussi vite que possible. Mais après tout, à quoi bon ? Ce murmure inaudible devenait fatalité. Tu ne survivrais pas, ta vie allait se terminer ici, dans le mystère que tu n’as su découvrir, dans l’inconnu de ton identité. Oui, plus il s’approchait et plus tu en étais certaine, plus tu t’enfonçais dans cette ignoble fatalité. Tu étais affamée, tellement affamée que tu n’allais passer les prochains jours. Le daim était ta dernière chance, et elle avait filé. Tu étais d’autant plus blessée, vidée de ton énergie. Tu allais mourir oui, et les charognards auraient tôt fait de te faire disparaître, ne laissant pas même une légende. Tu cesserais d’exister, alors, à quoi bon te débattre ? Tes iris peinaient à rester ouvertes, elles voulaient se clore une dernière fois, sur les immondices de ce monde. Tu te forçais à rester éveillée, presque humaine, à fixer cet homme s’accroupir en face de toi. Tes oreilles se plaquèrent contre ton crâne, ton inquiétude devenant croissante. Avais-tu peur, Kalice ? Jamais tu n’avais laissé quelqu’un t’approcher aussi près, jamais tu n’avais laissé quelqu’un te toucher. Un homme. Les hommes étaient mauvais, mais celui-ci, tu le laissais faire. Peut-être parce que tu savais, au fond, tu savais que tu étais condamnée, alors qu’importe ?

Ses doigts effleuraient ma fourrure, et je sentais comme une onde, un minuscule parasite s’étalant dans mes veines, remontant jusque dans mon épaule. Ce n’était pas de la souffrance, je sentais à peine cette dernière ; il était plutôt habile de ses mains. Cela me dérangeait, ce contact humain m’oppressait, je n’en avais pas l’habitude. Mes oreilles restaient plaquées contre mon crâne, mon pelage se hérissant doucement entre mes omoplates. Mon museau inhalait cette odeur de peinture fraîche et la recrachait, trop gênante. Il ne relevait pas la tête, absorbé par son travail, mes iris fixaient sa chevelure, caressant sa nuque. Kalice, vas-y, c’est le moment. Ta seule chance de survie, un simple mouvement, juste une morsure. Il ne ressentirait pas même de la douleur…Kalice, c’est lui ou toi, c’est ta jungle, ta règle. Tue-le, dévore-le, tu l’as déjà fait, monstre, tu peux le refaire. Il y a de la viande, des muscles, il a tout ce dont tu as besoin pour être sauver…Je n’aimais pas la viande humaine. Un reniflement dédaigneux s’extirpa de ma gorge, dédié à moi-même. J’étais affamée oui, mais je n’arrivais pas à suivre mon instinct, je n’arrivais pas à dévorer un humain, sauf si ce dernier le souhaitait. Il y avait une différence, même infime.

« Non, tu ne me fais pas peur, tu es comme moi, tu fais partie de ce monde. Tu as des crocs et des griffes, je suis grand et j’ai des mains, chacun ses qualités. »

Des qualités ? Son raisonnement me perdait. Il finit par s’asseoir, à l’endroit même où il se tenait. J’ai évité son regard pour poser le mien sur le bandage de fortune recouvrant ma patte. De légères traces de sang s’emparaient du tissu, et je restais là, à les fixer, à penser, autant que lui pensait. Son sourire étira de nouveau ses lèvres, et je sentais ses iris sur moi, oui je les sentais, et ça m’inquiétait. Tout m’inquiétait ; ce rapprochement, ce peu de distance, ce soin, ses paroles, son sourire, sa voix. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Pourrais-tu me dire pourquoi ? J’avais beau tenté de suivre ta déduction, elle me paraissait insensée. Je n’étais pas comme toi. Pourquoi n’avais-tu pas peur ? J’étais un loup, je ressemblais à un prédateur, qui plus est affamé, et tu étais simplement un morceau de viande. Vraiment Kalice ? L’ennui, ma douce bête, c’est que tu lui as donné la certitude que tu avais une conscience, tu as été idiote sur ce coup, car il sait désormais, que tu n’es pas un véritable animal, et que tu ne pourras pas lui faire du mal sans avoir de regrets. Stupide cabot. J’ai déclaré d’un ton catégorique et caustique, ne voulant avouer que je ne comprenais pas sa manière de penser :

« Tu as tort, ton raisonnement ne tient pas la route ! »

Il ne répondit pas, et je vis qu’il était dans ses pensées. Il n’avait pas dû m’entendre ; décidément j’étais tombée sur un bien étrange humain. Un homme qui n’a pas peur. Un homme qui me soigne. Un homme qui me sourit. Ça éradiquait toutes tes règles, toutes tes convictions, tous tes piliers. Tu te retrouvais dans ton monde tremblant, s’effondrant, te remettant en doute. Mes oreilles reprirent leur place habituelle, à sa question. J’ai doucement posé ma patte sur le sol, ne le remerciant pas, pour le moment. Je me rappelais d’un air pensif, ma course, mes crocs se rapprochant du cerf, mon estomac douloureux criant enfin victoire…trop vite. Mon museau se tourna vers le piège derrière moi, et je l’ai montré d’un mouvement de tête méprisant, avant de revenir à cet inconnu. J’ai doucement haussé les épaules, ne pouvant plus ignorer ma faim constante.

« Je coursais un daim que je venais de blesser. Et je n’ai pas vu ce stupide piège…Du coup je suis là, le ventre vide, et je t’ai rencontré. »

Mes yeux se plissèrent doucement, fondant dans les siens. Ma suspicion reprit le dessus ; certes il n’avait pas l’air du genre de ceux qui posent les pièges mais…il pouvait connaître celui qui l’avait mis là, n’est-ce pas ? Peut-être…Peut-être. J’ai continué, sur des paroles pince sans rire :

« D’ailleurs, que fais-tu "là", au juste ? C’est toi qui a placé cette immonde chose ? Si c’est le cas sache que l’endroit est inapproprié. Tout animal a vu ce piège à des kilomètres à la ronde, un peu comme un gros bouton sur ton front. Tu n’y connais rien à la chasse, et puis, pourquoi soigner l’animal que tu viens d’attraper ? Est-ce pour ta satisfaction personnelle ? Pourquoi ? »

Tu finis par te taire, baissant ta tête vers tes griffes, vers ce bandage. Tu savais que tes paroles n’avaient aucun sens, mais arrivais-tu seulement à réfléchir correctement, sans devenir paranoïaque ? Le silence te reprit, tandis que tu levais un peu les yeux pour observer son visage, pauvre Kalice, le visage qui t’obligeait à te poser mille et une questions.


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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeJeu 31 Oct - 0:47


The thing is, i just don't need anything.


La louve regarda derrière elle, désignant un piège, qu'il n'avait encore jamais remarqué. Pourtant il était bien en vue, à moitié caché sous un buisson recouvert de minuscules feuilles sèches. Et elle lui expliqua comment cette mâchoire de métal s'était refermée sur sa patte. Il écoutait, les yeux ouverts par la surprise. Elle parlait forcément du daim dont il avait soigné la patte. Puis elle reprenait rapidement, un émotion qu'il ne put immédiatement reconnaître teintant sa voix.

« D’ailleurs, que fais-tu "là", au juste ? C’est toi qui a placé cette immonde chose ? Si c’est le cas sache que l’endroit est inapproprié. Tout animal a vu ce piège à des kilomètres à la ronde, un peu comme un gros bouton sur ton front. Tu n’y connais rien à la chasse, et puis, pourquoi soigner l’animal que tu viens d’attraper ? Est-ce pour ta satisfaction personnelle ? Pourquoi ? »

Ace se remit de surprise, ne bougea pas, chercha ses mots.

« Ça me donne beaucoup de choses à répondre. Je t'annonce que ce daim doit à présent être aux alentours de ma maison à brouter dans mon champ, le temps que je revienne. Je sais qu'il m'attend, je le croise depuis qu'il tète sa mère, d'ailleurs j'ai soigné sa blessure, comme la tienne. »

Il baissa les yeux rapidement vers le bandage, et en remontant le regard il remarqua a quel point ses côtes saillaient sous sa peau.

« Tu as l'air d'avoir si faim... » chuchotait-il pour lui-même, se sentant presque coupable d'avoir soigné l'herbivore. Son visage remonta, il continua, les bras toujours croisés, arborant un air sérieux.

« Je ne suis pas un chasseur, je ne mange pas de viande, et personne ne vit aux alentours. Je ne sais vraiment pas qui a placé ce truc, mais je vais le trouver, et lui coller la tronche dedans. » La fin de sa phrase était prononcée avec colère. Cela ne ressemblait pas à Ace de s'énerver, mais il ne supportait pas la chasse, du moins, pas avec des pièges de ce genre.

N'ayant plus rien à dire, l'homme se tut. Un instant, il sonda l'animal en face de lui du regard et comprit enfin ce sentiment qu'il sentait vibrer dans l'air. Il écarquilla les yeux, et se sentit stupide de ne pas avoir compris plus tôt.

« Tu as peur... » dit-il simplement, son étonnement perceptible dans sa voix grave.

En y repensant, le peintre était à présent certain que c'était bien la peur plus que la faim qui tordait les entrailles de la louve, il était sûr que s'il regardait, il verrait ses pattes trembler, trembler pour de multiples raisons. Mais il n'en eut pas le temps, il s'était levé, sans rien dire, pour ramasser dans un premier temps son carnet à dessins et son crayon, les glissant dans le bas de son dos, afin qu'il ne s'en encombre pas. Et dans un deuxième temps il se dirigea vers le piège sous le buisson, s'en saisit violemment – arrachant quelques branches au passage – puis le désamorça une bonne fois pour toute en enlevant le déclencheur au milieu. Dans un geste ultime il le jeta aussi loin que possible dans le sable, usant de toute la force de ses bras musclés par ces années où il avait travaillé sur des charpentes. En revenant, beaucoup plus calmement, vers la bête affamée, il ne quitta pas le bout de ferraille des yeux et n'en détacha le regard que lorsqu'il arriva à la hauteur du carnivore. Son visage, jusqu'à présent emplit d'une rare haine, s'adoucit, et il s'accroupit à côté de la louve, une étincelle chaleureuse dans les yeux.

« Je ne sais pas pourquoi, mais maintenant je ressens une terrible envie de t'aider. T'aider à quoi même, je sais pas du tout. On essaie ? »

Non, sincèrement, il ne savait pas pourquoi mais il avait vraiment envie de lui fournir de l'aide. N'importe laquelle. Si elle était inapte à la chasse il pourrait toujours lui trouver un lapin dodu dans un terrier, la laisser se reposer chez lui, bref, vous avez compris. Qu'elle ne soit au final qu'une louve ou une humaine changée en créature, il s'en fichait. Il se sentait déjà impliqué et ne pouvait pas rester sans rien faire. S'il se pouvait qu'elle meurt de faim dans la nuit prochaine, il se devait de l'aider.
Seul problème venant gâcher son enthousiasme, c'était une louve. Il ne pouvait pas la prendre par la patte et l’entraîner en courant dans le désert jusque chez lui sans qu'elle en ait le choix. De plus elle pouvait toujours refuser son aide, bien qu'il n'était pas près à accepter une réponse négative. Il aurait bien posé sa main sur la nuque de l'animal, d'ailleurs il levait déjà son bras droit, mais il ne pensait pas qu'elle accepterait, il se ravisa.
Ne sachant pas ce qu'il devait faire, il resta accroupi et lança un nouveau sourire au canidé, confiant.





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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeJeu 31 Oct - 23:19








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était cinq fois, et durant ces cinq minutes où tu le laissais agir et parler sous ton regard mi-attentif mi-fatigué, tu pensais, tu te surprenais de cette perspicacité, de cette absence de violence à ton encontre. Mais peut-être que la faim te brouillait certains aspects de la situation, peut-être n’avais-tu pas vu un couteau dans ses vêtements, ou bien un air assassin sur son visage ? L’odeur de peinture te brouillait aussi les sens, oui, les autres odeurs typiquement émotionnelles semblaient annihiler par cet autre humus. Tu ne savais pas où tu mettais les pattes, mais l’avais-tu seulement su ? Finalement, Kalice, tu marchais toujours dans l’inconnu, dans l’obscurité la plus sombre et oppressante. Tu avais pourtant les yeux ouverts, le cœur peiné, l’âme brisée, et le corps se mouvant tel un fantôme. Finalement, n’était-ce pas normal que tu le laissas ainsi faire ? Si fatiguée, Kalice…Si fatiguée de ne pas savoir, de n’avoir ni passé, et puis…Ni futur. Et si tu t’allongeais Kalice ? Et si tu te laissais doucement peser sur l’herbe rare ? Et si tu fermais les yeux en restant sur cette ultime question, son visage chaleureux, ce doute qui naissait en toi, oui, ce doute…Celui caressant ton âme, éveillant les choses, et si…Il y avait de l’espoir pour toi ? Oui, il était cinq fois.

Ainsi il avait soigné le daim ? J’ai juré en mon for intérieur ; j’allais finir affamée, bel et bien. Mais je ne comprenais pas, pourquoi le soigner ? C’était du gibier, l’Homme dévorait du gibier. Mes pupilles se rétractèrent, se focalisant dans ses yeux bleus, tentant une énième fois de percer un possible masque, un mensonge éhonté. Mais il n’y avait rien, sauf la simplicité de l’émotion présente.

« Pourquoi ? Je n’ai pu réfréner cette question de sortir d’entre mes crocs, d’une voix peut-être un peu trop candide, mais surtout tintée de mon incompréhension, pourquoi fais-tu ça ? Nous ne sommes qu’animaux, non ? Les terres d’ici sont beaucoup plus arides et inhospitalières que celles des autres royaumes, je le sais, j’ai voyagé, et dans tous ces autres royaumes on jette des pierres aux loups, et on ignore ou dévore l’animal blessé. Alors pourquoi ici, cet ici qui a plus besoin de survivre que d’être solidaire et compatissant, a l’air plus accueillant qu’un royaume riche et avenant ? Pourquoi toi, tu fais ça ? Je ne comprends pas ton état d’esprit. Je me dis que soit tu es sot, soit tu te fiches de moi depuis le début. Tu es trop compliqué pour moi, l’inconnu. »

Un grondement plaintif, faisant office de soupir humain, s’extirpa de ma gorge et j’ai baissé les yeux, touchant du museau le bandage pour le soulever et voir si cela saignait toujours. Mon geste enleva la fine croûte et le sang perla doucement sur ma fourrure pour mieux imbiber le tissu que j’ai replacé. Peut-être n’était-ce rien pour cet homme, mais moi qui me suit toujours méfier de cette race dont je me sentais si proche, c’était un sujet à bon nombre de questions, qu’un simple centième venait de lui être exposé.

« Tu as l’air d’avoir si faim… »

Tes yeux s’écarquillèrent. Ça te rappelait ta situation, ta réalité. Mais tu n’allais pas montrer ton désespoir non, simplement ton arme face à la fatalité. Tu allais mourir, cesser d’exister, et ça t’effrayait…Ça t’effrayait tant d’être oubliée. Mes babines se retroussèrent, dans un sourire ressemblant plus à une grimace, montrant mes mâchoires. J’ai laissé échapper un rire jaune, dérisoire, mes oreilles se plaquant en arrière, mon poitrail tressautant faiblement, épuisé, tandis que mon poil se hérissait doucement. J’ai répondu, posant mes yeux dans les siens. Non, je ne voulais pas de compassion, ni de pitié, je ne souhaitais pas être méprisée…Vraiment Kalice ? Alors, pourquoi semblais-tu te victimiser ? Si insupportable à mes yeux, monstre.

« J’ai tellement faim que mon ventre m’empêche de dormir. Mais c’est ainsi, on n’y peut rien, c’est la nature, c’est comme ça. Un loup seul n’est rien, sa probabilité de survivre est minime. Or, je suis une louve qui parle, les meutes ne veulent pas de moi. J’ai bien essayé, mais j’en ai eu assez de voir ma fourrure saigner. Mon sort ne va pas en s’arrangeant, même avec ton bandage, je mettrais trop longtemps à me soigner, et donc à me nourrir. Ce daim était ma seule chance. Mais je ne me plains pas, j’ai faim, je ne peux pas chasser, on n’y peut rien. Mon ton se fit plus sarcastique. On dirait bien que mon destin si cynique se tourne vers quelque chose de plus sombre et plus profond. Je peux au moins m’estimer chanceuse ; je peux croire, même faussement, qu’un humain est autre qu’un être effrayé jetant des pierres sur ce qu’il ne comprend pas, mais qu’il existe un être particulier qui donne, sans désirer recevoir en retour. Mais est-ce que je ne me mentirais pas à moi-même ? »

Je me suis tus, mes babines reprenant leur place, laissant un mince et navré sourire se dessiner. Un canidé pouvait-il sourire ? Peut-être lorsqu’il était triste. Je parlais trop, plus qu’à mon accoutumée. Je sentais que ça arrivait, autant dédier mes dernières pensées à qui veut les entendre. Kalice…Si énervante. J’aimerai te planter un couteau dans la gorge, taire cette voix dans un gargouillis sanglant, cela me ferait tant plaisir, mais tais-toi Kalice, tais-toi, ne parle plus de ce sort, j’ai envie de vomir…

J’ai fermé les yeux, relâchant mes épaules de cette pression. Mon estomac se tordait de douleur, et m’empêchait de dormir, ou bien de réfléchir correctement. Mon attention se fit plus présente lorsque le ton de sa voix changea, énervée, et mes yeux se posèrent sur lui, attendant un geste brusque. Je ne ressentais pas la satisfaction qu’il n’est pas agi ainsi, elle était dominée par ma peur. Oui, ta peur d’être blessée, car au final Kalice, tu voulais toujours autant survivre, et savoir, ô, savoir pourquoi toi, ce que tu étais et ce que tu serais.

« Tu as peur… »

Cela se voyait-il autant que cela ? J’ai plaqué mes oreilles contre mon crâne, trop d’informations d’un coup. Il se leva, et j’ai fait de même, prenant appui sur ma patte blessée malgré la douleur, muscles saillants sous ma fourrure, la queue doucement rentrée entre mes pattes arrières. J’étais en position de fuite, plus encore en voyant son regard, furieux, cette lueur que je n’aimais pas, que j’exécrais autant que celle d’horreur animant les regards de ceux m’apercevant. Mon souffle se fit plus rapide, et se stoppa. Il se stoppa en remarquant que cette étrange chaleur était revenue. Tu étais perdue, louve, perdue entre sa soudaine rage qui ne te semblait pas dédiée et son côté amical que tu n’avais pas l’habitude de voir…Il revint à toi, toi qui baissait la tête, les oreilles collées contre ton crâne, les yeux levés, toi dont les pattes firent un pas vif pour s’éloigner de cette main tendue. Il n’allait pas te frapper, Kalice, cesse donc de croire que le monde t’en veut, cesse donc de détruire ton âme pour ne seulement plus espérer.

J’ai levé une oreille, gardant le silence à sa proposition. Ma première pensée fut de refuser, mais en réfléchissant, avais-je le choix ? Soit je mourrais maintenant, soit je vivais ou j’étais tuée…Pouvais-je lui faire confiance ? Non. Je ne ferais plus confiance, jamais. Alors, pourquoi doutais-je ? Pourquoi ne m’étais-je pas enfui à la première occasion ?

« Tu es étrange, et perspicace. »

Non, je n’avais pas le choix. Dans tous les cas, je mourrais ou je crevais. J’ai fixé le ciel, une minute, vidant mon esprit de toutes ces questions, fuyant son regard. Au final, peut-être lui donnais-je la permission. Je lui donnais oui, mais quand je le pourrais, je partirais. Crois-tu Kalice ?

« J’ai faim. Je suis fatiguée. Et je commence à avoir froid. »

Ton ton était catégorique, sans appel. Tu te couchas, dans une position contrôlée, mais plus reposante. Tes yeux se posèrent sur ton interlocuteur, sur son sourire trop lumineux à ton goût. Oui, tu lui donnais ta permission, Bête, sans trop savoir pourquoi ni comment, et ça te dérangeait. Terriblement.


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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeVen 1 Nov - 1:03


The thing is, i just don't need anything.


Il soupira, elle avait évité son geste, de toute façon.

« Tu es étrange, et perspicace. »

Oui il est étrange. On lui a toujours dis. Lui, l'enfant du sable, personne ne l'aimait. À part quelques personnes aussi étranges que lui. Au fond, ça le blessait. Il aurait toujours rêvé d'avoir des amis d'enfance, des amis avec qui partager un verre lorsqu'on se sent seul, des amis avec qui on rit, avec qui on pleure, jamais il n'avait eu ça avant qu'il ne rencontre deux ou trois égarés, exilés, venant à l'occasion. Il sortit de ses pensées, elle parlait.

« J’ai faim. Je suis fatiguée. Et je commence à avoir froid. »

« Non ! » ne put-il s'empêcher de murmurer. « Ne meurs pas ! »

Il repensa à ce qu'elle avait dit tout à l'heure, en réponse à ses propres paroles.

« Je t'aide car je ne veux pas voir la vie s'éteindre. Pas tant que je peux faire quelque chose. Pas tant que je suis certain que la vie peut encore continuer. Abandonner ne sert à rien, reste forte. » sa voix tremblait « N'abandonne pas. » il cherchait ses mots « Moi aussi je suis seul, les humains ne m'acceptent pas non plus, je comprends. Ne t'inquiètes pas de ton sort, je vais... je vais te sauver. Te sauver de la mort comme de la solitude. Et il est vrai que je ne te demande rien, pas même de la reconnaissance, si tel est ton choix. Mais pour l'instant, fais-moi confiance. »

Encore une fois, il voulut passer sa main dans sa fourrure. Mais ce coup-ci, il ne put retenir son bras. Sa paume effleura le pelage de la louve, puis s'y enfonça, il lui caressait doucement de haut du dos.

« Fais-moi confiance... » répéta-t-il, distant et pensif.

Il allait, définitivement, l'aider. Et pour faire cela, il avait absolument besoin de lui trouver de la nourriture. Or, débusquer un lapin à cette heure-ci et rapidement serait long, et sans grandes chances de réussite. Mais Ace était déterminé. Sans aide extérieure, il en était certain, cette louve allait mourir à l'endroit-même où elle venait de s'allonger, dans une position semblant pourtant si paisible. Et la seule aide qu'elle pouvait recevoir à l'instant ne pouvait venir que de lui. Plus il la regardait, plus il se sentait, d'une façon lointaine, proche d'elle. Et en réalité, il était si proche qu'il pouvait sentir les odeurs de son pelage. La mousse, la rosée, les bois. Cette odeur, inhabituelle, Ace l'avait pourtant déjà respiré, lors d'une escapade dans la grande forêt de la vallée, avec la personne qui s'était occupé de lui. Tant de souvenirs lui revinrent en mémoire, il avait passé une excellente semaine dans cette forêt, tout jeune. Il soupira pour chasser ses pensées et rester concentré sur la situation présente, retirant sa main de la fourrure de la louve.
Puis l'homme se leva, son visage sérieux tourné vers l'animal mourant.

« Ne bouge pas. » dit-il d'une voix ferme, mais rassurante.

Et il ne dit rien de plus, il se contenta de se mettre à courir. Oui, courir, en direction de sa cabane perdue. Là où l'attendait le daim, dont le destin aujourd'hui s'arrêterait entre les mains du charpentier, désireux de prendre la vie d'un être pour en sauver un autre. Il courait le plus vite possible, espérant ne pas être trop long.
Avec ses longues jambes, il dut mettre cinq minutes à retourner chez lui. Son ami était là, allongé contre un mur de sa maigre cabane, paisible. Il tourna la tête vers l'homme à bout de souffle, sans une trace de peur dans le regard. Il semblait même heureux de le voir, il se leva, venant à sa rencontre malgré sa patte blessée. Ace en eut le cœur serré, même si l'animal n'atteignait pas encore l'âge adulte, il n'avait jamais tué de ses propres mains un animal de cette taille. De sa main gauche, il frotta son encolure, l'approcha vers lui, posa son front contre sa tête. De sa main droite, il sortit son couteau de la poche arrière son pantalon. Et tandis qu'il l'ouvrait d'un geste habile, une larme roula sur sa joue, puis s'écrasa dans le sable. Suivie par une autre. Puis une autre. Ce n'était pas tant parce qu'il était végétarien qu'il ne voulait tuer cette bête. Il était simplement son ami, et Ace ne voulait pas... Mais il ne voulait pas non plus laisser un autre animal mourir de faim alors qu'une possibilité de le sauver était toujours là. Personne ne devrait mourir de faim. Sa voix se brisa. Il murmura.

« Je suis désolé mon ami... »

Un coup à sa nuque, rapide, sec. Le corps chaud pendait mollement entre ses bras, « il n'a pas souffert » se disait-il, « il n'a pas souffert... ». Le peintre essuya ses yeux, se reprenant en mains. Il déposa son carnet de dessin au sol, rangea son couteau à sa place, puis hissa le corps du daim sur ses épaules, tenant fermement ses pattes. Il sentait un mince filet de sang couler le long de son torse, tacher son pantalon. Il s'en fichait, il marchait déjà, retournant vers la mourante, allongée dans le sable noir du désert. Ce sable si chaud et si froid qui avait vu naître le garçon, qui le verrait sûrement mourir. Ace aimait particulièrement ce désert, sans savoir pourquoi, il n'avait jamais vraiment osé s'aventurer dans les autres royaumes, sauf peut-être la vallée et la plaine des landes. Et il ne pensait pas y aller plus que ça. Son amour pour sa terre natale était fort, même si cette terre était la plus pauvre de tout le pays.

À grandes enjambées il marchait, à grandes bouffées il respirait. Le corps raide pesait sur le sien, et il mit beaucoup plus de temps qu'à l'aller. Trop de temps à son goût. Il espérait juste que l'animal qu'il voulait sauver n'avait pas rendu l'âme et demeurait en vie. Une tache blanche entra dans son champ de vision, il accéléra encore. Et encore. Jusqu'à arriver devant elle. À quelques pas de son museau. Il déposa le cadavre à ses pieds et s'écroula sur le dos, à bout de forces, tentant de reprendre son souffle. Sa tête lui tournait, il suait à grosses gouttes, mais il avait réussi à revenir à temps. Car il avait vu la poitrine de la louve se lever, avant qu'il ne tombe sur le sol. Il tenta de parler entre deux respirations, mais il était encore trop essoufflé pour dire quoique ce soit.





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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeVen 1 Nov - 18:07








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était six fois. Tendre monstre qui allait poser sa tête sur ses pattes et qui n’en eût pas le temps. Ton oreille droite bougea sous son murmure, et tu posas ton regard dans le sien, étonnée. Pourquoi Kalice ? Parce qu’il se souciait de toi ? Parce que tu n’en avais pas l’habitude ? On ne se ressemblait pas, tu ne lui ressemblais pas, et c’est peut-être pour cela que tu ne le comprenais pas tant que ça. Toi qui a lâché l’affaire, toi qui te laissais emporter par la marée depuis tant d’années, tu faisais face à un être qui nageait contre le courant, cet inconnu qui n’abandonnait pas. Finalement, tu le jalousais, Kalice, qu’en penses-tu ? Et même si tu te trouvais si lointaine de lui, ses paroles t’adoucissaient, étrangement, peut-être parce qu‘il te ressemblait au fond. Tu ne réagis pas même à sa main dans ta fourrure, peut-être à cause de ta fatigue croissante, ou bien parce que tu l’acceptais…Tu l’acceptais, mais pas entièrement. Lui faire confiance ? Et s’il apprenait ton nom, Kalice, et s’il savait ? Tout homme souhaite, à des désirs insatiables, tu l’as appris à tes dépens, et cette pensée te torturait. Sa main était un peu rêche, une main travailleuse, ça se sentait ; elle n’avait pas la douceur de celles des riches. C’était une main franche mais douce. Kalice, il était six fois.

« Commence par te sauver toi-même. »

J’ai murmuré une de mes règles, à son encontre. Un simple avertissement, dit comme ça, par soucis de le mettre en garde ; ceux qui pensaient aux autres avant eux-mêmes finissaient morts les premiers. Plus il parlait, plus il me surprenait, et moins je me méfiais. Ça me paraissait absurde, mais je ne faisais rien pour contrer cette absurdité. Me sauver de la mort et de la solitude ? Pourquoi faire ? Il ne me connaissait même pas, il répondait juste à ses principes, n’est-ce pas ? C’était déroutant, je n’aimais définitivement pas ne pas comprendre.

« Ne bouge pas. »

Il commença à partir à grandes enjambées, j’ai fixé son dos, levant ma tête pour émettre un bout de phrase qui ne se finit pas, happé par le vent.

« Attends ! Je ne vais pas m…, continuant dans un chuchotis, crever de suite. »

Kalice, pourquoi ne bouges-tu pas ? C’est le moment de fuir, tu peux ne pas faire de contrat, tu peux, allez…vas-y…cours ! Il ne te poursuivra pas, fais-le, pour ta survie à toi. Peut-être que ma survie dépendait de lui, non ? Si je m’en vais, je n’irais pas bien loin, et je finirais morte. Mais si je…Crois en cet homme, si je lui fais…confiance, peut-être aurais-je une infime chance de m’en sortir ? Kalice, tu avais si peur d’être oubliée. J’ai posé ma gueule entre mes pattes, et ferma mes paupières, poussant un profond soupir. Un infime courant d’air déplaçait quelques poils rebelles de ma fourrure, tandis que je divaguais, chose que je n’avais pas faite depuis bien longtemps. Je divaguais oui, entre mon désir de me connaître, et ma peur de savoir, entre cet homme qui ne voulait pas m’oublier et celui que je venais de rencontrer.

J’ouvris les yeux dans l’instant où il posa le corps lourd face à moi. De nouveau en position assise, j’ai fixé ce daim, ce daim mort, ce daim qui portait le même morceau de tissu sur sa patte arrière que moi ; le daim qui s’en était sorti, son ami. Mon regard se porta sur le jeune homme, essoufflé, comme s’il avait parcouru des kilomètres pour m’apporter à manger, son ami. Pourquoi ? Je ne comprenais pas…Il me connaissait à peine, et il me livrait l’être qu’il côtoyait depuis sa naissance. Pourquoi ? Kalice, reste méfiante, écoute-moi ; et s’il faisait de même avec toi ? N’oublie pas, monstre, n’oublie pas que l’Homme n’est jamais ce qu’il prétend être, n’oublie pas tes préceptes. J’apercevais le sang sur son torse, la coupure nette au cou de l’animal, et les larmes sur le visage de cet homme. Il m’avait aidé à survivre.

L’odeur métallique venait à ton museau, appétissante. Tu fixas le corps inerte face à toi ; tu n’allais pas refuser, tu n’avais pas le choix, tu te faisais même un devoir de dévorer cette proie. Mais devant lui, le pouvais-je ? Pouvais-je me repaître de l’être dont il avait tant pris soin ? Mon ventre se tordit de douleur et d’impatience. Le daim était mort, c’était un fait, autant survivre grâce à lui, grâce à l’inconnu. Mes crocs déchirèrent la peau du ventre, et mon museau se trempa du rouge du cerf, attrapant tout ce qui était comestible, mastiquant et avalant comme si ma vie en dépendait. Mais, ma vie en dépendait. Ma fourrure se teinta de pourpre, et j’ai avalé dans ce gargouillis la chaleur de ce corps, même si je sentais la faim se calmer, même si mon cerveau me disait d’arrêter, je continuais. Ce que je n’avais pas l’habitude d’avaler finit dans mon estomac, malgré tout, et au bout d’un temps que je n’ai su compter, éprouvant ce plaisir insatiable du ventre se remplissant, je finis la carcasse.

Tu sentais tes forces te revenir et la fatigue te peser, comme cet étrange sentiment de sécurité. Tu étais sortie d’affaire, pour le moment, Kalice, et tu t’approchas de cet homme, allongé là, tu t’assieds à ses côtés, le fixant. Ta voix claire et si cynique avant, me surprenait. Elle était douce, presque tremblante, gênée, gênée de dire ces mots dont tu n’avais pas l’habitude.

« Tu as tué cet animal que tu connaissais depuis sa naissance, tu l’as tué malgré l’avoir soigné, pour le livrer à une louve que tu viens à peine de connaître. Tu m’as aidé, et je t’en remercie, car sans cette aide, j‘aurais très certainement finie par dépérir. Un silence passa, avant que je ne trouva le courage de continuer. Je suis désolée, pour ton ami. »


Dernière édition par Kalice le Mar 19 Nov - 18:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeDim 10 Nov - 20:02


The thing is, i just don't need anything.


Il se redressa, son cœur palpitait encore. Il ne réagit pas devant la carcasse vide, il s'y était attendu, de toute façon, il avait déjà vu ça. Elle lui parlait, il écoutait, calmement, retrouvant un pouls normal. Ses forces revenaient, il se reprit en mains, et baissa la tête pour observer son torse. Le sang avait coulé jusqu'à son pantalon, le tachant de rouge. D'un revers de la main, il essuya le plus gros, avoir ce liquide poisseux le dérangeait, bien que le sang était plus épais que certaines de ses peintures. Il n'aimait pas s'en savoir recouvert. Il n'aime pas le sang, il n'en a pas peur, mais il n'aime pas le toucher. Il grimace en essuyant sa main sur son pantalon, puis relève la tête vers elle. Son museau est rouge, certaines zones de son pelage également, il souffle pas le nez, content de lui. Elle le remercie, puis s'excuse, il n'y a pas de quoi, il ne demande rien.

« Ne sois pas désolée, dit-il d'une voix calme, c'était impossible pour moi de te laisser crever de faim, même si je ne sais pas vraiment pourquoi. Tu n'es qu'un loup, mais je t'ai dis que pour moi tout le monde est pareil, à la base. Si j'avais du sauver ce daim de la famine, j'aurai coupé tout mon champ pour lui offrir, et ce champ, comme cet herbivore, je m'en suis occupé depuis toujours avec la nature, ma réaction aurait été la même. Mais tu ne mange pas d'herbe, le daim était la source de viande la plus proche et facile à obtenir, sans compter ma propre viande. »

Il finit sa phrase par un petit rire, faisant mine de tâter son ventre.
La mort du daim ne l'affecta pas plus longtemps, il se disait que, comme tout le monde, il serait bien mort un jour. D'ailleurs avec sa blessure, comme Ace ne l'aurait pas gardé chez lui pour ne pas qu'il prenne l'habitude de rester, il aurait sûrement fini dévoré par le lion du désert. Ace ne l'avait vu qu'une fois, ce magnifique lion doré, solitaire, mais il savait qu'il était là, qu'il pouvait venir et prendre la vie. Sans le connaître, il l'aimait beaucoup, ce félin carnivore. Tout comme la louve, il n'en avait pas peur. Mais lui, il en était certain, ne possédait aucun pouvoir. Il n'était qu'un lion ordinaire, seul, majestueux. Ace reprit, hésitant. Il ne trouvait pas vraiment ses mots.

« Je... je suis heureux d'avoir pu t'aider de cette façon. »

À présent un silence s'installa, le charpentier ne trouvait plus rien à dire. Il y réfléchissait par contre, ce silence pour lui, à ce moment précis, n'était pas des plus agréable. C'est comme ça, des silences sont agréables, d'autres non. Il voulait continuer de parler, d'entendre sa voix, si douce. Il plongea alors son regard dans le sien.

« Tu sais, ta voix est très jolie. Et d'ailleurs... je ne peux pas m'empêcher de te demander... Comment se fait-il que tu parles ? Oh, si tu ne veux pas répondre ce n'est pas grave, le mystère restera, mais je suis trop curieux, j'ai toujours cent milles questions qui défilent dans ma tête. »

D'où viens-tu, que faisais-tu ici ? Pourquoi te méfies-tu tant des autres, pourquoi sembles-tu si seule, pourquoi tu ne comprends pas que quelqu'un veuille t'aider ? …
Ace n'osait pas poser toutes ces questions. Il n'osait jamais, il avait peur que, peut-être, la personne en face de lui le trouve encore plus bizarre qu'il ne l'ai, hoche la tête et parte, sans revenir. Le laissant seul à nouveau. C'est le truc avec lui, la solitude ne le dérange pas à long terme, il en a l'habitude et vit très bien comme ça. Mais spontanément, quelqu'un le laissant seul, délibérément et avec pour prétexte qu'il est bizarre, au fond de lui ça lui serre le cœur. Il n'a jamais voulu être si étrange, il aurait tant voulu avoir une conscience normale, naître dans un royaume et avoir une vie plus banale. Mais on ne peut avoir tout ce que l'on souhaite, même par magie.
Son visage s'était crispé sous ses pensées, il reprit une expression légère, fixant l'horizon devant lui. Le soleil, plus haut qu'auparavant, réchauffait son dos, la chaleur montrait vite, avant de retomber le soir-même, plus bas que partout ailleurs à cette époque. Le rythme cassé et brutal du désert, Ace l'aimait beaucoup, et le connaissait par cœur.

Une autre question lui vint en tête, il mit du temps à la formuler en silence avant de relever les yeux, et de se présenter en bonne et due forme à la louve.

« Si ça peut avoir une quelconque importance, je m'appelle Ace. Comment c'est, toi ? »

Oui, il se posait la question. Depuis le début. Une louve dotée de parole devait forcément avoir un nom, c'est ce qu'il pensait. Peut-être serait-il aussi beau qu'elle l'était. Une brise se leva.







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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeMar 12 Nov - 22:34








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était sept fois, ton estomac ne te faisait plus souffrir, ton âme semblait en paix, comme si tu allais mourir. Pourtant, tu étais sauve, sauve grâce à cet homme. Ton esprit plus clair, tu l’observas se redresser, essuyer le sang de son torse, pour mieux t’offrir un air que tu n’avais pas l’habitude de remarquer sur un visage d’homme. Inquiétude, peur, colère, désespoir, espoir, tristesse, et parfois même le néant, mais pas, non, jamais le soulagement. Il était soulagé, Kalice, ignoble bête, il était soulagé de te voir rassasier, de te voir vivante, sans pour autant te connaître. Alors, qu’est-ce que cela fait de ne plus être abandonnée ? Tu pensais attendre le moment fatidique où tes espoirs seraient brisés, c’est toujours ainsi, ça se passe toujours comme ça. Mais là, tu avais le courage de croire, de croire un peu en lui. Ô monstre, il était sept fois !

J’ai écouté ses propos, sans l’observer pour autant, réfléchissant, sentant mes paupières lourdes, comme si une sieste digestive me prenait. Mais j’écoutais, je l’entendais murmurer de sa voix calme, et mes babines s’ornèrent d’un mince sourire à sa dernière phrase.

« Je ne mange pas de l’Homme, je n’aime pas cette viande, et je ne le dévore que s’il le souhaite. »

Ma phrase me semblait étrange, mais compréhensible pour ma part. Une femme m’a demandé de la dévorer, je l’ai fait, je n’ai pas aimé ça, ça me dérangeait, mais avais-je le choix ? Non, elle avait souhaité, et mon pouvoir a pris le dessus. Je voulais vomir ce repas, je me sentais comme souillée de l’intérieur. Plus j’y repense, et plus j’ai cette sensation de l’avoir en moi. Tu ne te rappelles pas Kalice, mais tu sais qu’elle te dit quelque chose, et tu regrettes de l’avoir dévorée. Ô, si tu savais, Kalice, si tu savais à quel point tu jubilerais d’avoir son sang entre tes crocs, si tu te rappelais…Mais tu as oublié, et tu regrettes cette sorcière. Oui, tu as oublié. Je repris, d’une voix plus douce.

« De toute manière, tu es trop maigre pour moi. »

C’était faux, il aurait fait un bon repas, bien bâti, mais je ne le voyais pas comme un met de choix, au fond, son aide le plaçait plus haut dans mon estime, dans mon âme. Est-ce que je me souciais de cet inconnu ? Je n’osais le croire, mais c’était réel. Oui, je me souciais de lui. Sa voix hésitante reprit, ses paroles me surprirent. Heureux de m’aider ? J’ai posé mon regard sur lui, dans ses yeux, n’y décelant rien de fourbe ou de calculé. Tu n’avais pas l’habitude de cette franchise, tu n’avais pas l’habitude de dire ce que tu pensais, ce que tu avais sur le cœur, et lui ? Il te présentait sa vérité, ses sentiments, ça t’opposait tant à lui. Au fond, il était la chaleur même, un atome dont tu étais l’électron, électron qui n’était plus libre, plus seul. Je ne savais pas quoi répondre, mais ça me confortait dans l’idée qu’il ne me mentait pas. Ça m’inquiétait de me voir me décontracter, de ne plus sentir ma méfiance présente. Le silence prit le lieu, tandis que j’observais le soleil, il m’éblouissait et me gardait éveillée, me réchauffait de cette continuelle instance glacée.

« Tu sais, ta voix est très jolie. Et d’ailleurs…Je ne peux pas m’empêcher de te demander…Comment se fait-il que tu parles ? Oh, si tu ne veux pas répondre ce n'est pas grave, le mystère restera, mais je suis trop curieux, j'ai toujours cent milles questions qui défilent dans ma tête. »

Tes oreilles se plaquèrent contre ton crâne, tes pupilles se rétractèrent tandis que tu retournais vivement ta gueule vers lui, comme surprise. Si tu avais été humaine, aurais-tu rougi ? Pourtant, ce n’était qu’un compliment, mais tu n’avais pas l’habitude. T’avait-on déjà fait un compliment avant ? T’avait-on déjà trouvé une qualité ? Tu ne savais pas quoi dire, mais tu repris ton air impassible, presque doux, l’écoutant, ta gorge se serrant indubitablement. C’était fini. L’était-ce ? Peux-tu croire ? Puis-je croire ? J’aimerai. J’aimerai, lui dire la vérité. Mais ça fait mal, car je ne sais pas moi-même, ce ne sont que des suppositions. Mais si je les sors, je sens que je vais en être certaine, et qu’au final, je serais déçue. Je suis toujours déçue. Il me demanda mon nom, se présentant.

Ace ? Je repris ma contemplation du ciel, sans pour autant m’y attarder. Une seule syllabe. C’est particulier, mais il est particulier. Mes oreilles s’aplatirent de nouveau. Lui dire mon nom, lui raconter ce que je ne sais pas, et au final, il souhaitera. Ça a toujours fini comme ça. Même lui, cet autre voulant te rendre humaine, il a plus souffert que nécessaire, et il t’a oublié. Tu ne veux plus voir cela recommencer. Mes paupières se fermèrent, et je répondis avec douceur, une douceur ponctuée d’un zeste d’amusement.

« Tu m’es étrange, Ace. Très étrange…Un petit silence passa, et tu tournas ton regard vers lui, reprenant, les oreilles droites, mais ce n’est pas une tare de mon point de vue. Ça change, ça donne vie et des couleurs. Je pensais que tu faisais ça pour satisfaire ton esprit, dormir tranquille, juste m’aider pour t’aider. Mais au fond, je ne pensais jamais dire cela un jour ; tu le fais pour moi. Tu es spontané, et tu n’as pas l’air de vouloir me faire du mal, et je me sens moins seule à me poser milles et une questions. Ace, tu es amusant. »

Il fallait juste le dire, comme une confession, comme par dépit de savoir la suite. Il va souhaiter, Kalice, alors, pourquoi lui raconter, pourquoi hésiter ? Oui, ta voix semblait hésitante, tremblante lorsque tu racontais le regard flou, une oreille plaquée contre ton crâne et la gueule délicatement baissée, comme si tu regardais ailleurs, autre part, oui, un noir, une obscurité, ton obscurité.

« Ça ne me dérange pas de te dire, je n’en ai seulement pas l’habitude. Et, j’ai peur de te mentir sans le vouloir. Pourquoi je parle ? Je ne sais pas, au fond, j’ai seulement émis quelques suggestions. Je crois…Que j’étais humaine avant. Après tout, je comprends l’Homme, je peux mettre un nom sur chacune de ses émotions, ou des objets qu’il utilise, je sais lire et faire quelques calculs. Je me sens plus proche de lui que des animaux. J’ai une conscience, et je discerne le bien du mal. Je crois qu’on m’a transformé en louve, que quelqu’un a souhaité me rendre ainsi et m’enlever ma mémoire. Je me suis réveillée dans ce désert, Ace, pas loin d’ici en fait, avec la sensation qu’il me manquait quelque chose, mais quoi au juste ? Je croyais qu’on m’avait enlevé une chose importante. J’ai posé mon regard sur lui, haussant mes épaules couvertes de fourrure. C’est tout ce que je peux dire. Peut-être que ce n’est pas ça au fond. Peut-être que quelqu’un m’a donné le don de parole un jour, ou bien l’a souhaité. En attendant, je parle, et je pense comme une humaine. »

Mon regard partit du sien pour revenir au sol, et j’ai continué, plus mal à l’aise de dire mon nom, de continuer de parler, de laisser présente cette conversation, de la faire vivre, moi qui suis plutôt un être apportant la mort. En sachant mon nom, souhaitera-t-il ? Me connaît-il ? Ma voix se fit plus plate, plus monotone, peut-être un peu abattue.

« Ace est un bien joli nom…Je me nomme Kalice. »
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeVen 27 Déc - 13:43


The thing is, i just don't need anything.


La petite brise se changea en un vent plus fort, avant de retomber totalement. Il la regarde, c'est elle qui parle, il l'écoute. Il ne peut pas s'empêcher d'observer sa gestuelle de louve, ses réactions. Elle est tellement plus expressive qu'un homme. Trop maigre ? Il sourit, c'est vrai qu'il était fin, mais finalement, bien musclé, à force de travailler dans les charpentes. Lorsqu'il la complimente, elle se retourne vivement vers lui, l'air étonnée, presque offensée. Il eu un petit mouvement de recul, naturel, un simple réflexe. Son instinct lui avait glissé « Cours. Cours ! Elle t'attaque ! ». Mais elle n'en fit rien. Elle regarda le ciel, prononça quelques mots, puis tourna ses prunelles vers lui.

Étrange ? Rien qu'une poignée de secondes, son cœur se serra. Il n'avait jamais souhaité l'être. Allait-elle partir et le laisser seul dans le sable ? Non, elle continuait.

« ...mais ce n’est pas une tare de mon point de vue. Ça change, ça donne vie et des couleurs. Je pensais que tu faisais ça pour satisfaire ton esprit, dormir tranquille, juste m’aider pour t’aider. Mais au fond, je ne pensais jamais dire cela un jour ; tu le fais pour moi. Tu es spontané, et tu n’as pas l’air de vouloir me faire du mal, et je me sens moins seule à me poser milles et une questions. Ace, tu es amusant. »

Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Fallait-il qu'il réponde quelque chose ? Même s'il aurait pu, il ne dit rien, il n'aurait rien dit qui aurait pu changer quoique ce soit. Il la regardait. Son attitude changeait, elle hésitait. Sa voix tremblait et elle fixait une chose qu'elle seule semblait voir.
Elle expliqua avec un certain calme malgré sa voix hésitante, pourquoi elle parlait. Ou plutôt, les hypothèses qu'elle avait émit. Oui, elle était bien humaine avant.
Un instant le regard glacé de la louve croisa le sien, et Ace sentit une certaine tristesse y flotter. Peut-être qu'elle avait des regrets. De ne pas savoir, de ne pas se souvenir, de s'être laissé prendre ou même de vivre. Il regrettait presque de lui avoir posé cette question. Sa voix ne tremblait plus, mais elle semblait ailleurs.

« Ace est un bien joli nom…Je me nomme Kalice. »

Kalice... Il était certain d'avoir déjà entendu ce nom. Mais sans savoir pourquoi, il ne pouvait mettre un visage dessus. Alors qu'il connaissait tous les habitants du désert. Il fronça les sourcils, pensif. Personne ne lui avait parlé de quelqu'un portant ce nom récemment. Ou même plusieurs années en arrière. Il ne lui reste que ce vague souvenir de lui-même, jeune de quatorze ans peut-être, entendant ce nom, prononcé de la bouche de quelqu'un d'autre. Sans même se rappeler de qui. Il croisa les bras et lui dit, fixant le sol.

« Je suis sûr que j'ai entendu ton nom quelque part. Mais j'ai beau chercher je n'arrive pas à me souvenir de plus de détails. Il se tut un instant puis releva les yeux, lui souriant. En tout cas, Kalice aussi, c'est très joli. »

C'était fou comme il s'était attaché à elle rapidement. Il ne voulait pas la quitter. L'envie de la dessiner lui vint, comme l'envie de fumer vient à un drogué, ou la soif à un buveur de café. Mais son carnet était dans le sable, chez lui, il ne fumait pas, et il n'avait pas encore bu de café aujourd'hui. Il tripatouilla ses doigts, ne sachant qu'en faire. De la peinture apparu sous ses ongles, puis sur ses paumes, pour l'en recouvrir jusqu'aux poignets. Il grogna, le contrôle de son don était aléatoire. Sous l'influence d'une certaine émotion ou du stress, il ne le contrôlait plus du tout. Résultat il avait les mains pleines d'acrylique. Il en oubliait la présence de la louve devant lui, les yeux fixé sur ses mains. Il voyait parfois son pouvoir comme une maladie incurable. Car il se regardait, là, assis dans le sable, les mains tremblantes et salies de peinture. Poussant un juron il les essuya sur ses bras nus et se concentra pour faire sécher la peinture et s'en débarrasser. Alors qu'il frottait ses paumes entre elles, il releva la tête et sursauta presque en la voyant, toujours là, son pelage reflétant le soleil. Il émet un petit rire gêné.

« Désolé, j'ai tendance à être distrait facilement en ce moment. »

Il resterait bien au soleil ici, dans le sable noir. De toute façon, il ne sait plus vraiment ce qu'il pourrait dire. Peut-être que si … mais il n'ose pas.







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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeSam 1 Fév - 20:42








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était huit fois, comme si ce nombre te haïssait, te pourrissait de l'intérieur. Tu n'osais pas le fixer, en l'écoutant. Qu'allait-il dire ? Que faisait-il ? C'était un peu comme si cette pause, ce mince instant rassurant s'envolait au firmament. Humaine, on aurait pu voir tes pupilles trembler, cette phrase que tu tentais vainement de taire, d'enfermer dans un coffre, cette phrase qui s'inscrirait sur tes lèvres humaines ; je te l'avais bien dit. Mais le soucis, mon ignominie, c'est que tu n'étais pas humaine, alors rien ne se lisait sur ta gueule, rien ne se remarquait sauf peut-être tes iris farouches qui cachaient toute cette peur et cette chose connue de bon nombre ; la solitude. Il était simplement huit fois.

J'avais l'impression que le soleil s'éloignait de moi, à ses mots. Pourtant, il n'avait pas l'air de mentir, il n'avait pas l'air intéressé. Mais voilà, quand je disais mon nom, j'avais toujours cet effroi et cette lassitude que l'on posa cette autre question, que l'on me connaisse. Kalice...Joli...Je pris une longue inspiration, fermant mes paupières sur mes yeux, pour me calmer peut-être, pour m'empêcher de partir au quart de tour. Tu ne voulais juste pas connaître cette suite, cette suite, ce cercle vicieux. Ton nom. Ton pouvoir. Trois vœux. Un oubli. Un départ. Ace avait entendu parlé de mon nom, ça lui disait quelque chose. Je ne me laissais même pas aller à l'idée que ce serait par rapport à une vie antérieure, qu'il pouvait prouver une de mes hypothèses ; j'étais humaine. Non, la vérité, la réalité était toute autre, je n'avais pas le droit de croire que cette situation serait différente, quand bien même...Il se différenciait de tous les autres Hommes à ce jour.

J'ai froncé le museau, l'odeur âcre plus forte que jamais me prenant à la gorge, me sortant de mes pensées sombres. Mon odorat canin n'était pas de tout repos, et je ne retins pas un éternuement, les oreilles plaquées contre mon crâne. Je fermais à demi les paupières, posant ma patte sur mon museau. Distrait ? Il était vrai qu'il avait sursauté...Etait-il souvent dans la lune ? Il fut facile de retenir un sourire amusé, vu l'humus ambiant. Mon regard vint à ses mains, elles secrétaient de...Quelles étaient ces couleurs ?

Malgré mon inconfort, j'ai tenté une approche, essayant de retarder le moment fatidique que je redoutais, tentant de ne pas fuir. J'observais ses mains, ses bras, retenant ma respiration pour poser ma truffe chaude sur sa paume, sentant alors un liquide s'y déposer. J'ai reculé, essuyant mon museau ; les couleurs vinrent sur mon pelage déjà parcouru de sang séché. Voilà d'où venait cette odeur de peinture ? De lui ? J'ai relevé mes yeux pour croiser les siens.

« Étrange façon de montrer que tu es distrait. C'est...de la peinture ?...Ton don ? »

Je finis par me lever, me coupant de nouveau. Tu avais peur. Qu'importe que tu tentas de retarder ce moment, il reviendra toujours dans ton crâne. Allez, Kalice. Tu ne pouvais pas croire qu'il était différent, je t'avais mis en garde, même s'il te sauvait la vie...Il restait humain, il saurait. Il était temps d'arrêter de te reposer ; tu dois encore courir jusqu'à ton épuisement total. Je devais me reprendre, je n'arrivais pas à m'y faire...Je ne pourrais jamais fréquenter les Humains, pas même un différent des autres, sans ressentir cette angoisse qu'il me posa un jour cette question. Sourire ironique étirant mes babines.

« Mon nom est connu de quelques uns, à cause de mon don. Je ne pus réprimer mon cœur de se contracter, un peu d'ironie de percer dans ma voix. Ça faisait terriblement mal...J'exauce les souhaits, Ace. En échange d'une contrepartie que je ne choisis. »

Autant lui donner toutes les cartes en main...n'est-ce pas ? Tu t'assieds face à lui, attendant patiemment, comme à ton accoutumée, que l'on posa une main tremblante et quelque peu avide sur ton front, que l'on prononça ton nom juste pour souhaiter. Mais là, tu ressentais autre chose que ta seule lassitude ; de la tristesse. Il m'oublierait, et il ne me resterait de lui que le simple bout de tissu sur ma patte. J'espérais une chose, juste une dernière chose, toute simple ; que ses souhaits ne soient pas assez importants pour prendre sa vie, qu'importe qu'il m'oublie.

« Que souhaites-tu ? »
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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeDim 2 Mar - 13:21


The thing is, i just don't need anything.


Il sourit lorsqu'elle pose sa truffe dans sa main encore pleine de peinture, un petit rire lui échappe même. Sa réaction l'amuse. Il se nettoie définitivement les mains en les essuyant sur son pantalon.

« Oui c'est mon don, je peux faire de la peinture, autant que je veux, partout. » qu'il lui répond, du tac au tac.

Et soudain, après une courte explication, cette question.

« Que souhaites-tu ? »

Cette question résonne dans sa tête. Que souhaites-tu Ace ? L'argent ? La santé ? Une place dans la société ? … Être aimé peut-être ? Non tu ne veux rien de toute cela, car tu penses que tu vis assez bien comme ça.
Il est surpris, sceptique. Qu'est-ce qu'il pouvait bien répondre à ça ? La surprise se lit sur son visage tandis qu'il emmêle ses doigts entre eux, presque anxieux. Jamais il ne se serait attendu à ça. C'est comme si Kalice voulait de lui qu'il l'achève, trois vœux et on oublie. Trois vœux et c'est fini. Pour Ace, hors de question, bien sûr. Sa voix grave se fait hésitante.

« … Mais, je ne souhaite rien. Ta question me perturbe, pourquoi est-ce que j'aurai besoin de quelque chose en plus ? Je suis vivant, et ça me suffit. »

Il ose plonger ses yeux dans les siens. Il remarque alors la tristesse grandissante, la solitude. Son cœur se serre, ne sois pas triste. Sans s'en rendre compte, il glisse sa main dans la fourrure de son cou et la regarde intensément.

« On dirait que tu me demande ça par habitude. Tout ce que je pourrais alors souhaiter, c'est que tu ne souffres pas, mais ai-je vraiment besoin de te demander ça ? Je ne désire rien, sauf de vivre. Je vis déjà, tu n'as donc rien à faire. »

Progressivement, sa main était tombée sur le côté, laissant une très belle trace de peinture bleue. Il tressauta légèrement lorsqu'il le remarqua. Il voulu s'excuser mais passa très rapidement à autre chose.

« Ma réponse est définitive, je ne souhaite rien. Jamais je ne souhaiterai, même en mourant, si je meurs, et bien tant pis. »

Sa phrase se termine par un sourire en coin. Pour lui sa vie était simple, et il la vivrait comme elle viendrait.

Il se lève. Pour lui, pas besoin de continuer sur le sujet, il ne reviendrait pas sur sa décision. Son regard passe furtivement sur la carcasse du jeune daim, puis revient se poser sur le louve.

« Tu as l'air d'aller mieux que tout à l'heure, je suis très heureux d'avoir pu t'aider au mieux, j'espère que ta blessure guérira rapidement. Il pensa un instant. Est-ce que, tu voudrais te reposer chez moi en attendant que tu puisses à nouveau te servir de ta patte normalement ? Il y fait bien chaud la nuit. »

La fin de sa phrase accompagné par un petit rire discret, il lui proposait de venir chez lui en toute sincérité. Mais il se surprenait, jamais il n'invitait personne chez lui, pas quelqu'un qu'il venait de rencontrer. Peut-être simplement n'y avait-il jamais pensé. Toujours était-il qu'il serait ravi que Kalice se repose dans sa cabane paumée au milieu du désert, dans un champ de blé doré. Il voulait surtout s'assurer que sa blessure guérisse entièrement.
Lui adressant un dernier sourire, il attendait sa réponse, passant sa main derrière sa nuque, signe qu'il était un peu nerveux, tout de même.







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MessageSujet: Re: When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥   When you're there, please tell me...Tell me why you don't wish for { Ace ♥ Icon_minitimeJeu 27 Mar - 23:30








When you're there
« Please...Tell me why. »

Il était neuf fois. Oh, enfin. Tu l’avais sorti. Cette question. Cette idée. Ce truc qui te rongeait et t’étouffait depuis le début de cette rencontre. Ça te soulageait, et ça t’empoisonnait. Car certes tu ne le gardais plus pour toi comme un secret honteux, mais tu savais. L’Homme vit pour accomplir ses envies. Il veut payer pour celle-ci. Tu étais la solution de facilité…Comment pouvais-tu croire que ce serait différent ? Alors tu attends, tu n’espères pas. Tu veux même vite en finir pour qu’il t’oublie, que tu l’observes de loin sans qu’il ne se souvienne. Mais voilà Kalice, il y avait un hic. C’était que tu pouvais croire à la différence. Cette neuvième fois était la plus fatale d’entre toutes ; elle te menait sur une autre route.

J’observais ses mains, j’observais les minutes qui passaient, et cette étrange angoisse que je peux lire dans sa manière d’agir. Puis, la sentence tomba. Suivie de deux yeux globuleux bleus posés dans ceux de l’humain. Je ne savais pas même possible qu’un loup pouvait afficher un air bovin. Il ne souhaitait rien. Était-ce possible ? Il mentait. Mais je ne voyais aucune trace d’hypocrisie sur son visage. J’ai répondu, prise au dépourvu, aussi hésitante que lui.

« Mais…Mais les Hommes ont toujours souhaités…C’est…Enfin…Tu dois souhaiter quelque chose, l’Homme avance ainsi…Enfin…Je… »

Un homme qui ne souhaite pas ; ça changeait quelque chose. Quelque chose qui résonnait en moi. C’était bien scellé et il l’avait réveillé. Ça respirait fort, tellement ça avait été étouffé. L’espoir, Kalice, était-ce le mot que tu cherchais ? J’avais perdu mon verbe, et un grincement/couinement - drôle de notion oui - typique du canidé sorti de ma gorge pour clore ma futile rhétorique.

Ses yeux te brûlaient, sa main te réchauffait. Pour la première fois, tu ne montras pas les crocs. L’effet de ses mots, je voulais les contredire, penser qu’il se jouait de moi, et pourtant ils étaient comme un baume. Oui, je demandais ça par habitude. Et je me sentais coupable, pour je ne sais quelle raison. Mes yeux fuyaient les siens pour se baisser vers sa paume, laissant des couleurs sur ma fourrure. Elles étaient aussi dans mon esprit. Un effrayant et doux poison.

« Rien à faire. »

Je répétais ses mots, comme une formule magique. Ils me faisaient aussi peur que s’il avait souhaité, car je n’y étais pas habituée. Ace révolutionnait une notion clé de mon existence, et je le connaissais à peine. Ma voix se fit moins hésitante, mes épaules moins contractées. Il ne souhaitait pas, alors, que faisais-je ici ? Quel était mon but ? Je n’en avais plus. Je n’en avais pas, avec Ace. Il ne souhaitait pas. Et j’ai donc parlé, telle une confidence, neutre et véritable à la fois. Le jeune homme l’avait deviné avant. J’avais envie de pleurer, je crois, mais un loup ne pleurait pas…J’étais juste un loup, un simple animal parlant à ses yeux.

« Tu sais, ce n’est pas la souffrance qui me ronge, mais la peur de cette souffrance…Je ne comprends pas, comment tu fonctionnes Ace. Si tu dis la vérité, comment fais-tu pour ne pas souhaiter ? Explique-moi. Moi-même je souhaite et…Je ne suis pas humaine. »

J’étais à cours de mots, à court de possibles explications sur ce qu’était Ace. Je me suis donc coupée, avant d’en dire plus. La fatigue, la blessure, la rencontre, c’était trop. J’ai fermé mes paupières, orientant mes oreilles vers lui, lorsqu’il se leva. Mes iris revinrent aux siennes, encore une fois surprise.

Il était généreux avec toi, tu n’as pas l’habitude, n’est-ce pas ? C’était ce fait qui te poussait dans des réactions et émotions inconnues jusqu’alors. Il ne souhaitait pas. Me proposait-il réellement de me reposer chez lui ? Invraisemblable ! Je ne sus quoi dire sur le moment, restant inflexible au dehors, avant d'observer le lointain. J’avais du mal à fixer ses iris, désormais. Tu n’arrivais même plus à te méfier, ce n’était plus la peur de la souffrance qui te rongeait, mais la peur de la confiance. Je devrais refuser. Je devrais refuser oui, et l’ironie fut ma seule réfutation.

« S’il y fait bien chaud la nuit alors…Mais seulement jusqu’à ce que ma patte guérisse. »

Il lisait en toi, comme dans un livre ouvert, n’est-ce pas Kalice ? Et tu avais peur, peur de rester chez lui, pas par l’homme, mais par l’attraction et la curiosité qu’il dégageait. Tu te rendais compte d’une chose, pauvre chérie ; tu avais envie d'être avec lui.
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